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Le Loup Et Le Chien

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Par   •  26 Juin 2013  •  2 648 Mots (11 Pages)  •  873 Vues

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Un récit plaisant.

A) Une confrontation animée

Le fabuliste utilise un procédé récurrent dans les fables : la personnification, repérable aux majuscules (« Un Loup », vers 1 ; « Ce Loup », v. 3 ; « un Dogue », v. 3) et aux marques de l’anthropomorphisme (« Sire Loup », v. 6 » ; « beau sire », v. 13 ; « à la pointe de l’épée », v. 20 ; « salaire », v. 26)

L’intérêt du lecteur est suscité également par l’aspect dramatique de la confrontation. Le narrateur décrit en un vers la situation effrayante du loup (« Un Loup n’avait plus que les os et la peau » v. 1) puis il oppose à cet animal famélique le chien, plein de santé : « Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau » (v.3). Deux vers donnent un complément d’explication : le loup est chassé par les chiens, le dogue a perdu son chemin. Tout est dit en très peu de mots : la détresse du loup, le risque d’un combat. Le récit est dirigé vers l’action dès le troisième vers :

« Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau »

Notons l’usage du présent de narration qui rend la scène plus vivante, plus actuelle. Le seul verbe au passé simple se trouve au vers 32 :

« Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé. »

B) L’alternance du récit et du discours

L’art du récit tient aussi aux variations d’angle de vision et de modes de narration et notamment à l’alternance rapide de récit et de discours. Le narrateur donne d’abord une vision générale de la situation puis il nous la fait vivre à travers les pensées du loup, en adoptant un point de vue interne (« Mais le mâtin était de taille/ à se défendre hardiment » v. 5-8), il s’efface ensuite pour laisser la parole au chien. La fable est rendue plus vivante grâce au dialogue, dominant, puisqu’il occupe 24 vers au total (vers 13 à 29 et 33 à 39). Nous entrons alors dans une petite scène de comédie. Au milieu du dialogue le narrateur annonce brièvement le retournement de situation (« Chemin faisant, il vit le col du chien pelé ») et il s’efface aussitôt. Il intervient dans le dernier vers pour donner l’épilogue : « Cela dit, maître loup s’enfuit, et court encor ».

C) Une forme qui donne de la vivacité au récit

Enfin, la versification en vers libres apporte rythme et vivacité au récit. Au rimes plates et aux vers courts du début succèdent des rimes embrassées (v. 15 à 25) et une alternance de vers de huit syllabes et d’alexandrins (v. 13, 21, 23, 25, 27, 30) puis des rimes croisées et un rythme plus irrégulier : nulle monotonie dans ce poème. Le vers libre accompagne les inflexions de la voix, le passage de la tension au relâchement. Les vers courts du début, au rythme nerveux, (v. 5 à 9) suggèrent l’agitation du loup, puis tout se calme quand le dialogue s’instaure ; enfin, dans les derniers vers, le contraste entre la longueur de l’alexandrin et le rythme haché des questions suggère le décalage entre l’insistance du loup et les réponses évasives du chien.

Le grand art du conteur est de nous faire vivre cette fable au lieu de simplement nous la raconter.

II. Une fine analyse du comportement

Voyons maintenant comment ces animaux incarnent des traits de caractère et des comportements humains. Nous pouvons remarquer que l’un des personnages est animé d’émotions violentes et change sans cesse de comportement tandis que l’autre est calme, déterminé, figé dans ses certitudes.

A) Le chien supérieur au loup

Le chien est valorisé physiquement par une accumulation d’adjectifs mélioratifs, aux vers 3-4 : « aussi puissant que beau,/ Gras, poli ». L’animal reprend lui-même cette idée aux vers 13-14 : «Il ne tient qu’à vous, beau sire,/ D’être aussi gras que moi… » Dans la première partie de la fable, il a le dessus sur le loup, puisqu’il parle longuement : des vers 13 à 21, puis des vers 23 à 29, ses propos sont rapportés au discours direct alors que ceux du loup sont plus courts (ils occupent trois vers) et sont rapportés au discours indirect :

« Le Loup donc l’aborde humblement,

Entre en propos, et lui fait compliment

Sur son embonpoint, qu’il admire. » (v. 10-12)

Une seule réplique du loup, dans cette première partie, est rapportée au discours direct : « Que me faudra-t-il faire ? » (v. 22).

Les deux impératifs, aux vers 15 (« Quittez ces bois ») et 21 (« Suivez-moi », en position forte dans le vers (à l’initiale) montrent également le ton supérieur du chien.

Le chien est satisfait de lui pour deux raisons : il mange à sa faim et vit en paix. La question de la nourriture est celle qu’il aborde en priorité quand il se décrit (« être aussi gras que moi »), quand il décrit la vie des loups (« mourir de faim », « point de franche lippée » ) et plus loin quand il évoque ses repas. Cette préoccupation était sans doute beaucoup plus sensible au XVII° siècle quand le risque de famine faisait partie de la vie quotidienne que de nos jours. Ce qui importe au chien, en plus d’être bien nourri, c’est que cette nourriture vienne sans effort et sans risque : la « franche lippée » (v. 19) désigne un bon repas qui ne coûte rien. En fait le chien est assez paresseux, cela se confirme quand il utilise l’expression « presque rien » (v. 23) pour décrire ses devoirs. Il manifeste son besoin de quiétude quand il évoque les risques que courent les loups (« Car quoi ? Rien d’assuré point de franche lippée : / Tout à la pointe de l’épée » v. 19-20) et aussi quand il utilise le terme de « salaire » (v. 26) : le salaire est une rétribution perçue régulièrement. Cette assurance sur l’avenir apparaît sans doute dans le terme de « destin » (« Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin » v. 21) car à la différence du loup

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