Le Lamento Du Jardinier

Jean Giraudoux, né en 1882 et mort en 1944 fût un grand dramaturge de la scène française. Il écrit notamment Emphitryon 38 en 1929,Judith en 1931 ou encore Electre en 1936. Elle est représentée pour la première fois à Paris au printemps 1937. A cette époque, de nombreux écrivains, comme Cocteau, s'inspire des grands mythes de l'antiquité et poursuivent ainsi la tradition; mais Giraudoux fait une œuvre originale en transformant le désir de vengeance en quête de la vérité. Le premier acte s’achève sur un long monologue du mendiant tandis qu’Oreste et Electre sont endormis. Le jardinier profite de l’entracte pour venir s’adresser directement aux spectateurs. Sa tirade présente l’originalité de se situer hors de la tragédie. Par la voix du jardinier, Giraudoux propose ses réflexions sur la nature de la tragédie après avoir donné une leçon d’humanité à travers son personnage.

Nous pourrions alors nous demander quel est le rôle du lamento du jardinier dans la pièce de Jean Giraudoux ? Dans un premier temps nous verrons que le lamento se situe entre tradition et modernité, puis dans un second temps que c’est une définition de la tragédie.

Le monologue du jardinier se situe entre tradition et modernité, ainsi, Giraudoux souhaite le montrer au travers de cet entracte qui est annoncé par le décor, mais aussi par un échange avec le public et enfin nous verrons que le jardinier est le porte-parole de l’auteur.

L’entracte est annoncé par le décor, en effet la didascalie de la fin de l’acte I démontre que le rideau se baisse; nous pouvons donc interpréter que le jardinier se trouve dans un espace inhabituel, devant le rideau et sur la scène. Le jardinier utilise également l’isotopie du théâtre et de la scène avec la répétition du nom propre « Tragédie » ou encore le nom commun « pièce » Mais nous pouvons aussi qu’il y a une ellipse théâtrale : celle de la nuit. Cet effet est une modernité dans le théâtre. C’est ici que le lamento est placé. Le jardinier a une position ambiguë entre la fiction et la réalité. Le jardinier rappelle que nous sommes dans la tragédie en expliquant son chagrin. Nous avons donc pu voir que l’entracte était annoncé par le décor principalement grâce à la mise en scène du lamento qui se révèle particulière.

Dans ce discours, le personnage échange beaucoup avec les spectateurs, surtout avec de nombreuses apostrophes « Je ne sais pas si vous êtes comme moi », « Mais je vous conseille » ce qui permet de créer une familiarité et une complicité avec le public. Son énonciation est inhabituelle avec de nombreux pronoms personnels « me convainquent », « je les conjure » et impersonnels qui s’adressent au public « votre affection », le personnage évincé s’adresse au public. Il y a également une expression du didactisme avec les présentatifs « c’est cela que c’est », « voilà pourquoi » qui exprime un cours magistral. Cet échange permet de moderniser encore une fois la pièce car ils sont direct avec le spectateur et ont por but de convaincre.

Au travers du lamento, nous pouvons découvrir que le jardinier sera alors porte parole du dramaturge. Celui-ci adopte alors un ton didactique avec par exemple « C’est cela ce que c’est, la Tragédie » ce qui est d’autant plus mis en exergue par la mise en apposition redondance « c’est

...