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Une scène de la vie rurale. Plusieurs éléments renvoient à la réalité contemporaine de La Fontaine. Le jardinier et son jardin.

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Par   •  11 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  2 496 Mots (10 Pages)  •  838 Vues

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Une scène de la vie rurale. Plusieurs éléments renvoient à la réalité contemporaine de La Fontaine.

Des personnages représentatifs de la société de l’ancien régime

-un « Demi Bourgeois  demi manant » (v. 2) autrement dit un habitant du bourg, de la ville  qui possède  une « maison des champs » dans un « village », ce qui fait de lui aussi un « manant », un paysan. C’est un propriétaire qui vit dans une certaine aisance, sa cuisine est riche de nourriture et boisson : « poulet » (v. 21), « jambon » (v. 32) et « vin » (v. 38). Mais ce personnage est un roturier, n’a pas le droit de chasse, privilège seigneurial.

-un « Seigneur », qui donc a des pouvoirs de justice,  et le privilège de pouvoir pratiquer  la chasse à courre, activitéaristocratique par excellence. Différents éléments de la pratique de la vénerie sont ici présentés, avec les « chiens », « chevaux » (v. 36),  avec  aussi les « trompes » et les « cors » (v.41).  Le vocabulaire cynégétique (de la chasse)  est utilisé : on « quête », on « lance » (v. 48) l’animal que l’on veut chasser (à cheval, on foule le sol avec la meute de chiens pour qu’ils attrapent l’animal que l’on chasse). En quelques mots, LF évoque toute une activité de la noblesse, ici de campagne.

∙••••••Le pittoresque de la description du jardin renvoie aussi à des éléments de réel, avec les plantations de « laitue », « oseille », « serpolet » (thym) (v. 6,7), de « chicorée » et « porreaux », (v.44) ; de «choux », avec l’organisation du jardin , ses « planches «  (étroites bandes de plantation) et ses « carreaux » (division du jardin selon les plantations, on dirait aujourd’hui « carré »)(v. 44) et enfin « le plant vif »(la haie qui peut laisser passer un animal….) qui l’entoure(v. 48).

➢▪▪Structure du récit : une progression dramatique au service d’un retournement de situation

V1 - 8 : Le jardinier et son jardinun bonheur simple (exposition, tableau à l’imparfait, descriptif, duratif)

v. 9 -18 :  Cette « félicité » est « troublée » par un lièvre qui vient se nourrir dans son jardin « prendre sa goulée ». Pour lutter contre ce désagrément, le jardinier demande justice à son seigneur.

 Le passage au passé simple : « fit » « se plaignit » (v. 10)  indique nettement au lecteur  que la première des péripéties du drame est bien ce recours au seigneur. Le remède envisagé par le jardinier va vite se montrer pire que le mal, et les « embarras » causés par le seigneur  se succèdent alors.

v. 19 - 30 : Arrivée du seigneur et de ses gens, « le lendemain » (le récit suit une progression chronologique). Il apparaît immédiatement que ce Seigneur est d’abord plein d’appétits, et intéressé les plaisirs du corps : « déjeunons » (v.20),  et son attention se porte d’abord sur « La fille du logis » (v. 21).

-La  grossièreté et la brutalité de son comportement avec la fille du jardinier est extrême : il la traite comme un objet, du bétail, et va jusqu’à soulever « un coin du mouchoir, c.à.d. le linge de dentelle dont la femme recouvre sa gorge. L’ardeur de ses désirs est exprimée par une succession, à un rythme rapide, de verbes au présent de narration « la fait », « prend », « lève » on peut noter une gradation qui indique l’impudence croissante du seigneur). Ce premier tableau montre à quel point, contrairement aux attentes du jardinier, le Seigneur est un élément de perturbation.

v. 31-39 : « l’embarras » du « déjeuné »

 Le seigneur fait ensuite main basse sur la nourriture du jardinier, avec toute sa « famille » : « chiens, chevaux et valets ». Le pauvre jardinier doit nourrir homme et animaux.  Ici encore LF montre dans un tableau rapide toute la muflerie et la goujaterie du personnage, avec une succession de verbes au présent de narration « déjeune », « commande », « boit », « caresse ».  Les malheurs  du jardinier s’accroissent : le Seigneur « Boit son vin, caresse sa fille » (v. 38), il profite sans vergogne de toutes sortes de plaisir arrachés à son malheureux hôte.

v. 40 - 57 : ultime péripétie : La chasse à courre et destruction du jardin

Le  lieu du bonheur, le jardin, est dévasté, tout le travail du jardinier défait en quelques instants, le jardin et sa clôture sont détruits.L’ampleur du ravage est soulignée par l’anaphore de « adieu » (« planches, carreaux », « chicorée et porreaux », « de quoi mettre au potage »), et la rapidité du saccage est marquée par le présent de narration «font », « quête », « lance », « s’enfuit ».  Enfin la métaphore de la « plaie », de la blessure, « horrible et large plaie » pour désigner la « trouée » de la haie met en relief l’ampleur de la destruction et de la souffrance engendrée par le seigneur. Notre jardinier enfin ne se préoccupe plus vraiment de son lièvre, et le fabuliste non plus.

 Toute la progression  du récit est donc organisée pour montrer à quel point, une fois la machine de destruction mise en route, il est impossible d’arrêter cette fatalité du malheur. On n’est pas loin là d’une petite tragédie, vu l’aspect inéluctable du malheur provoqué par une puissance supérieure, ici le seigneur, et l’impossibilité de la victime, ici le jardinier, à lutter efficacement contre cette fatalité! L’ironie tragique étant ici que c’est le jardinier qui est à l’origine de son propre malheur.

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