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Le Diable au corps, Radiguet

Commentaire de texte : Le Diable au corps, Radiguet. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  2 229 Mots (9 Pages)  •  1 848 Vues

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FRANÇAIS – PREMIERE

COMMENTAIRE DE TEXTE

EXTRAIT DU DIABLE AU CORPS, DE RADIGUET

ELEMENTS DE CORRECTION

REMARQUES PREALABLES

  • L’essentiel dans un commentaire est de soulever un problème littéraire en introduction et d’organiser dans le développement une lecture du texte qui dépasse le sens littéral, s’intéresse aux choix stylistiques de l’auteur et tente de proposer une interprétation en profondeur de son travail.
  • Il n’est pas nécessaire de concevoir un développement en trois parties de trois paragraphes, même si c’est la forme de raisonnement la plus satisfaisante : on peut mener à bien un commentaire avec un développement minimal 2x2, pourvu qu’on ait la volonté de valoriser littérairement le texte à commenter.
  • Il n’est pas nécessaire de faire de fastidieux relevés, si le résultat est sans queue ni tête : il s’agit de produire du sens, pas de faire semblant, le correcteur sentira sans peine que vous simulez la réflexion ; une erreur d’appréciation, mais sérieusement traitée, vaut toujours bien mieux qu’une plate description sans perspective de réflexion.
  • Plus votre culture classique est étendue, plus vous aurez de facilité à mettre en perspective l’intérêt du texte à commenter ; ainsi, la connaissance du mythe de Pygmalion éclairait objectivement tout le début du texte ; de même pour Narcisse ; de même pour la citation de Blaise Pascal ; de même pour Baudelaire. Vous devez en tirer les conclusions qui s’imposent sur votre rapport à cette culture classique et l’exercice de commentaire littéraire.

INTRODUCTION

  • Radiguet est un très jeune écrivain : il n’a pas vingt ans lorsque paraît en 1923 son premier roman, Le Diable au corps : Jean Cocteau, artiste sulfureux, en est le « pygmalion ». Quelle expérience a-t-on à vingt ans ? Qu’attendre d’un si jeune homme ? Parallèle avec Rimbaud, enfant terrible de la poésie (poème fameux : « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans »).
  • Son roman fait scandale : le narrateur, François, raconte son aventure amoureuse  à seize ans avec Marthe, une jeune femme mariée à Jacques, à peine plus âgée que lui, à la fin de la première guerre mondiale. Un tel adultère adolescent, redoublé d’une trahison patriotique aussi évidente, heurte profondément la sensibilité catholique traditionnelle, un an à peine avant le radical Premier manifeste du surréalisme de Breton.
  • Pour autant, peut-on limiter l’ambition littéraire de Radiguet à la seule volonté de « choquer le bourgeois », par pur et simple esprit de provocation ? Ne prétendrait-il pas plutôt, dans la lignée du roman psychologique initié par madame de La Fayette avec sa Princesse de Clèves, atteindre une forme de vérité psychologique ? Autrement dit, faut-il prendre au sérieux Radiguet ?
  • Il convient donc de déterminer si Radiguet poursuit un objectif moraliste, au-delà du scandale apparent, à travers l’étude du texte suivant : situé juste après la résolution prise de ne pas se rendre à Bourges auprès de Jacques et juste avant l’annonce de la grossesse de Marthe, il donne à lire une réflexion du narrateur sur l’idée de ressemblance en amour, développée en trois paragraphes.
  • Annonce de plan : le héros, le narrateur, l’écrivain.

DEVELOPPEMENT

I – L’analyse psychologique d’un héros conscient de ses tourments intérieurs

A – En étant le pygmalion narcissique de Marthe (« façonner à son image » / « qu’elle me ressemblât et que ce fût mon œuvre »), François a pleinement conscience d’outrepasser la loi naturelle du mimétisme amoureux ; partir du second paragraphe et remonter à la première phrase du texte : il est fatal que l’amour développe la ressemblance entre les amoureux ; or, il l’est nettement moins que cela se fasse à sens unique ; noter la progressivité du processus (deux occurrences de « peu à peu »).

B – Il montre sa remarquable lucidité présente sur l’effet de ce phénomène, qui à la fois renforce le lien amoureux et le compromet ; étudier l’expression de cette clairvoyance, à travers l’emploi de verbes antithétiques dans le premier paragraphe, combinant de façon contradictoire contentement et mécontentement de soi ; François parle ainsi de « destruction du bonheur » / de « désastres futurs » / de « trahison des amants les plus prudents » ; insister sur l’adverbe « sciemment », à la ligne 3.

C – Autocritique de François : ce qu’il redoute n’est pas leur nécessaire imprudence d’amants, c’est  qu’il voit clair sur ce qu’il lui a transmis de lui-même, à savoir son « incertitude », défaut incompatible avec la nécessaire résolution à avoir, le « jour des résolutions » ; étude de la fin du paragraphe un, la métaphore du « château de sable », dont le point de départ est la reconnaissance en elle de ce que François sait être une faiblesse de son caractère propre ; insister sur le détail physique de la mollesse des mains et sur la puérilité d’une vaine « espérance ».

Transition : François apparaît donc comme un héros d’autant clairvoyant sur l’avenir de sa relation amoureuse qu’il a pleinement conscience de sa propre immaturité. Or, cette remarquable aptitude à l’auto-analyse est accentuée par le fait qu’en tant que narrateur, il approfondit au présent son pessimisme passé.

II – La méditation existentielle d’un narrateur qui prend la posture du moraliste classique

A – Le narrateur prend insensiblement le relai du héros, dans son analyse de la ressemblance, en passant de la sphère morale à la sphère physique, au tournant du paragraphe deux ; emploi d’une tournure impersonnelle inaugurale (« il arrive que ») ; basculement du « nous » des deux amants à un « nous » collectif, lignes 16 – 17 ; mise en évidence d’une loi universelle de l’amour et généralisation du couple à la catégorie des « amants », ligne 18 ; le basculement dans une forme de méditation existentielle s’opère au début du troisième paragraphe, avec la tournure impersonnelle « il faut admettre que » et l’apparition du motif du cœur, opposé à la raison (détournement de la pensée de Pascal, à élucider).

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