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La princesse de Clèves est-elle, selon vous, une héroïne libre de ses choix ou une victime de la société de son temps ?

Dissertation : La princesse de Clèves est-elle, selon vous, une héroïne libre de ses choix ou une victime de la société de son temps ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2022  •  Dissertation  •  2 864 Mots (12 Pages)  •  323 Vues

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Sujet : La princesse de Clèves est-elle, selon vous, une héroïne libre de ses choix ou une victime de la société de son temps ?

L’esprit galant, les salons précieux et la vie mondaine caractéristiques du dix-septième siècle ont servi de cadre à Mme de La Fayette pour écrire La Princesse de Clèves, qui est pourtant censé se dérouler sous le règne de Henri II. Ce roman marque une étape dans la littérature française : le texte romanesque devient plus bref, l’intrigue est resserrée autour de la peinture du sentiment amoureux. Deux forces conduisent l’individu : le désir et la raison. Mariée à Monsieur de Clèves, la princesse tombe sous le charme du duc de Nemours, pour qui elle conçoit une passion réciproque. Cette situation s’aggrave par une série de péripéties qui semble précipiter les protagonistes dans le malheur. La fin du roman peut sembler énigmatique : elle fuit la société dans un couvent mais elle laisse des « exemples de vertu inimitable », et malgré tout elle meurt rapidement. Cette fin pose des questions sur le rôle de ce personnage : la princesse de Clèves est-elle une héroïne libre de ses choix ou une victime de la société de son temps ? On se demande en effet si elle choisit son destin, ou bien si elle ne peut que suivre des événements qu’elle ne maîtrise pas. L’analyse psychologique révèle le combat intérieur de la princesse entre la morale et l’amour, tandis que la peinture de la société révèle la pression sociale que subit ce personnage. La morale du personnage, en réalité, est très proche des standards moraux des salons aristocratiques du dix-septième siècle. Alors, nous allons montrer que la pression sociale forme la morale du personnage, qui trouve sa liberté dans une soumission volontaire aux codes de la vertu. Nous focaliserons d’abord notre attention sur la pression sociale qui contraint les choix de la princesse de Clèves, puis nous verrons que la princesse acquiert une certaine autonomie de pensée et d’action. Enfin, nous observerons l’alliance de la liberté de de l’obligation dans la morale de ce personnage.

Tout d’abord, on peut constater que la société semble contraindre la princesse de Clèves, qui ne semble pas libre de ses choix.

            Mlle de Chartres, orpheline de père, est élevée par sa mère. Celle-ci veut « donner de la vertu » à sa fille : elle l’éduque loin de la cour et selon des principes stricts. Elle parle de l’amour à sa fille et lui en montre les dangers, elle évoque la tranquillité de « la vie d’une honnête femme ». Pour cette mère, la vertu est un combat quotidien. On ne peut la conserver « que par une extrême défiance de soi-même » : cette ligne de principe guide toute la vie de la Princesse de Clèves. En effet, elle se méfie toujours de ses émotions, tâche de ne pas les montrer, et s’accroche toujours à l’idée de vertu. Seule la mort de Mme de Chartres prive Mlle de Clèves de son influence : en effet, elle se sent « abandonnée à elle-même, dans un temps où elle était si peu maîtresse de ses sentiments ». L’éducation maternelle semble donc la première contrainte à laquelle la princesse doit faire face. Elle essaie de lui obéir, mais la tâche lui est rude. Tous ses choix sont soumis à l’approbation de sa mère, qui règle la première partie de sa vie.

            Mme de Chartres choisit, pour sa fille, le prince de Clèves, à qui elle délègue son autorité maternelle. C’est un homme prévenant qui est très attentionné vis-à-vis de sa femme : il accepte de l’emmener à la campagne quand elle le décide, et lui laisse une grande liberté de mouvements. Ce sont d’autres hommes qui oppressent la princesse de Clèves : notamment le Vidame de Chartres, son oncle, dont l’influence s’étend sur la princesse pendant toute la deuxième partie du roman, et même un peu après. Il joue un rôle assez négatif puisqu’il favorise les approches de son ami intime, le duc de Nemours. Ce dernier est l’homme qui a le plus d’influence sur la princesse, qui découvre par sa faute l’inquiétude lors de l’accident de cheval, ou la jalousie lors de la découverte de la lettre. La princesse ne maîtrise pas ses émotions, qui sont toutes causées par le duc de Nemours.

            En plus de la pression maternelle et masculine, la princesse subit la pression de la cour. En effet, c’est un monde d’intrigues, porteur de beaucoup de jugements et de rivalités. Le texte le dit clairement : « L’ambition et la galanterie étaient l’âme de cette cour, et occupaient également les hommes et les femmes ». Tous les personnages sont soumis aux luttes pour le pouvoir, la princesse ne fait pas exception. Par exemple, lorsque le duc de Nemours vole, sous ses yeux, son portrait, elle ne dit rien, craignant que cela dévoile publiquement sa passion. Par ailleurs, l’appartenance à la cour oblige la princesse à un certain nombre de mondanités qui la forcent à être en présence du duc de Nemours, alors même qu’elle cherche à le fuir. La lettre trouvée à la fin de la deuxième partie du roman plonge la cour dans une effusion qui révèle toute la condamnation qui attend une femme qui trompe son mari. La princesse de Clèves ne trouve aucun soutien, et se retrouve seule face à la puissance de la passion.

            Le personnage de se roman semble donc soumis à de nombreuses pressions. L’éducation de sa mère décide de ses gestes et de ses actions, puis ce sont son mari et son oncle qui permettent ou interdisent ses déplacements. La princesse n’est pas non plus libre de ses sentiments, puisqu’elle est éperdument amoureuse du duc de Nemours. Enfin, elle n’a même pas la possibilité de se confier, puisque la cour est un lieu de jugement où le secret est très difficile à tenir. La princesse de Clèves semble donc être victime de la société de son temps.

Cependant, la Princesse de Clèves lutte tellement contre ses sentiments qu’elle est amenée à prendre seule des décisions. Elle trouve ainsi une certaine autonomie de pensée et d’action, bien que cette liberté ne s’exerce que dans les moments où la pression sociale est la moins forte.

            Tout d’abord, la Princesse parvient à s’éloigner très souvent de la cour. Son mari l’autorise très souvent à s’absenter, même s’il finit par condamner ce comportement dans la troisième partie du roman : « Mais pourquoi ne voulez-vous point revenir à Paris ? Qui vous peut retenir à la campagne ? Vous avez depuis quelque temps un goût pour la solitude, qui m’étonne et qui m’afflige, parce qu’il nous sépare. » Pour combattre sa passion, la Princesse emploie tous les moyens qui sont à sa disposition : sa volonté de ne rien dire, de ne rien montrer, sont des décisions autonomes. En effet, même si elle suit premièrement la vertu, la princesse ne manque pas d’intelligence. Celle-ci a été favorisé par sa mère, qui a cultivé son esprit pendant toute son éducation. La princesse brille souvent dans ses salons par ses paroles fines et élégantes. D’un point de vue mondain, elle est brillante. Bien que son aventure amoureuse occupe la majeure partie du roman, il ne faut pas oublier ces preuves d’autonomie et de subtilité. Par ailleurs, si la princesse obéit à sa mère dans la première partie du roman, subit son oncle pendant la deuxième, et risque de céder au duc dans la troisième, c’est elle qui prend les décisions majeures de la quatrième partie, sans jamais manquer de faire preuve d’esprit.

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