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La fiction littéraire est-elle selon vous un bon moyen de défendre une opinion ?

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Par   •  26 Janvier 2019  •  Dissertation  •  2 320 Mots (10 Pages)  •  929 Vues

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Dissertation

«La fiction littéraire est-elle selon vous un bon moyen de défendre une opinion ?»

        A l'aide de nombreux genres littéraires, les écrivains cherchent à instruire leurs lecteurs par le biais de leurs œuvres. Pour transmettre leurs idées, certains écrivains préfèrent utiliser des personnages et des situations imaginaires, ayant ainsi recours à la fiction. La fiction a donc une force argumentative indéniable et elle s'inscrit dans de nombreuses branches de l'argumentation indirecte, comme la fable, le conte philosophique ou l'Utopie. Cependant cette force argumentative a des limites, elle comporte des défauts. Nous pouvons alors nous demander si la fiction littéraire est un bon moyen de défendre une opinion.

        Tout d'abord, nous verrons que la fiction littéraire a de nombreux avantages, selon différents points de vue. Mais nous étudierons ensuite ses inconvénients qui conteste d'une certaine manière son rôle argumentatif sans pour autant l'effacer. Nous verrons finalement que réalité et fiction ne sont que des notions et peuvent être remises en question, ou peuvent être superposées.

        La fiction peut sans nul doute faire office de discours argumentatif et cette force d'argumentation tient dans plusieurs paramètres. En effet celle-ci présente des avantages pour convaincre qu'elle est seule à avoir. Elle offre une grande liberté pour le créateur, un plaisir de lecture pour le lecteur ainsi qu'une façon originale de faire passer un message.

        Pour argumenter, la variété des genres de la fiction est un atout important car ceux-ci sont très variés : l’apologue, qui comporte les fables au xviie siècle et les contes philosophiques au xviiie siècle, délivre un message à travers une histoire merveilleuse et mouvementée. Le théâtre est «une tribune» politique parce qu'il fut pendant assez longtemps le seul moyen de communication entre un auteur et son public. Par exemple, Giraudoux, dans La guerre de Troie n’aura pas lieu, plaide pour la paix avant que n’éclate la Deuxième Guerre mondiale. Le recours à une histoire permet de varier les types de personnages : les bons et les méchants s’opposent (Jean Valjean et Javert dans Les Misérables) et l’auteur peut choisir des personnages proches de la réalité ou fantaisistes (comme les animaux dans les fables). L’auteur peut composer son histoire et ses personnages selon ses visées pour mieux diriger la réflexion du lecteur. Il peut adapter les situations, les événements et les personnages pour les mettre au service de la dénonciation ou du plaidoyer, pour apitoyer (pathétique : Fantine dans Les Misérables) ou pour mieux dénoncer (Javert dans Les Misérables), ou encore pour faire rire (comique, ironie). L’auteur peut simplifier et grossir pour rendre sa démonstration plus évidente : l’avarice d’Harpagon dans L’Avare est considérablement grossie par rapport à la réalité. D'ailleurs, la fiction semble parfois plus vraie que le réel. Le traitement de l’intrigue et des personnages, le style de l’écrivain laissent à croire qu’il s’agit d’histoires vraies (romanciers réalistes et naturalistes).

        L’œuvre de fiction satisfait le goût pour les histoires. Le lecteur s’intéresse aux personnages, aux rebondissements de l’action, il se laisse prendre par le plaisir du « divertissement » de la lecture ou du spectacle : Candide sillonne le monde et le lecteur se demande comment vont se terminer ses pérégrinations. La Fontaine lui-même confesse dans Le Pouvoir des fables (VIII, 4) : « Si Peau d’Âne m’était conté,/ J’y prendrais un plaisir extrême ». D'ailleurs, la fiction entraîne la sympathie ou l’identification avec le(s) personnage(s) : le lecteur s’attache aux personnages et vibre avec émotion au gré de leurs aventures. Les spectateurs pleurent au théâtre ou au cinéma. La fiction permet l’évasion dans d’autres mondes : les utopies, description d’un monde idéal servant de repoussoir à la société que l’écrivain critique, comme Utopia de Thomas More, l’abbaye de Thélème de Rabelais, les Voyages de Gulliver de Swift, les contes et la science-fiction, attirent le lecteur en le transportant dans un monde merveilleux. Le charme de la fiction tient aussi à une façon poétique de présenter le monde à travers certaines situations et certains personnages. La fiction littéraire divertit et c'est ce qui plaît au lecteur. On pense notamment aux trois mots d'ordres de la fable dans Le Pouvoir des Fables de La Fontaine : « Movere, docere, placere » (qui signifie émouvoir, instruire et plaire). Quand le lecteur s’identifie à un personnage, il adhère à sa conception du monde, il subit inconsciemment son influence. Tout cela est plus propre à persuader qu’à convaincre : le récit fictif est efficace car il s’adresse à l’imagination et à l’affectivité.

        La fiction donne corps à des abstractions en les incarnant. Les idées « en action » (comme les allégories animales de La Fontaine ; Étienne Lantier, symbole de la révolution dans Germinal) sont perçues concrètement, rendant le message plus facile à comprendre et à mémoriser. Au théâtre, la fiction s’impose avec d’autant plus de force que le personnage est vu et entendu : l’illusion théâtrale joue par le biais des sensations. Le récit fini, la transposition dans le monde humain lui est imposée (le Lion représente le roi). Cela met le lecteur dans de bonnes dispositions pour recevoir le message. La fiction propose une démarche inductive : le cheminement de la réflexion va de l’exemple à la généralisation, du concret à l’abstrait. L’auteur joue ainsi de la force et de la vertu de l’exemple. La fiction parle à l’imagination avant de parler à l’esprit. La fiction exige aussi un lecteur actif : celui-ci doit réfléchir pour interpréter le récit et transposer le message qu’il délivre, en trouver les implications dans notre monde. Par exemple, les fables présentent des morales qui ne sont pas toujours claires et demandent au lecteur un effort pour les comprendre, pour en tirer le message le plus important. Le lecteur trouve à cet exercice intellectuel le même plaisir que dans les devinettes.

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