La métaphore du vent / Elle rappelle les paraboles de l’Ancien Testament.

LA COMPLAINTE DE RUTEBEUF

La métaphore du vent

     On peut mesurer l’intérêt d’une métaphore comme celle du vent qui emporte les amis. Elle rappelle les paraboles de l’Ancien Testament.

     (Parabole : court récit allégorique chargé d’un enseignement moral ou religieux implicite)

     (Allégorie : représentation, expression d’une idée par une figure dotée d’attributs symboli-

 ques - dans l’art – ou par le développement continu et rigoureux d’une métaphore - dans

 la littérature).

     🡪 Jésus explique à Nicomède qu’un homme devait « naître de nouveau » pour entrer au ciel. Nicomède ne comprend pas l’action de Dieu.

     Pour l’éclairer, Jésus lui parle du vent : « le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour tout homme qui est né de l’Esprit ». 

     Le vent fait son apparition à plusieurs reprises dans la Bible :

a) Dieu a utilisé le vent pour ouvrir la Mer Rouge permettant à Moïse et au peuple d’Israël

    d’échapper au Pharaon. (Exode, 14-21)

b) C’est le vent qui a amené les cailles pour nourrir le peuple d’Israël dans le désert.

    (Nombres 11-31)

c) C’est le vent qui a poussé les nuages porteurs de pluie en réponse à la prière d’Eli en

    période de sécheresse. (Rois 18-45)

d) C’est le bruit d’un vent violent qui a annoncé la venue du Saint Esprit sur les premiers

     chrétiens le jour de la Pentecôte. (Actes 2-1-4)

🡪 Il ressort de tous ces exemples que le vent est la manifestation de la volonté divine.

     Cependant, quand Jésus utilise l’image du vent dans sa conversation avec Nicomède, il fait référence à un verset en particulier de l’Ancien Testament, L’Ecclésiaste 11-5 : « Comme tu ne sais pas quel est le chemin du vent, ni comment se forment les os dans le ventre de la femme enceinte, tu ne connais pas non plus l’œuvre de Dieu qui fait tout ».

🡪 C’est le seul verset dans toute la Bible qui associe vent, naissance et œuvre de Dieu.

🡪 Une naissance spirituelle, c’est comme le vent. Quand il y a naissance spirituelle, Dieu est

     à l’œuvre.

🡪 Ainsi, dans « La complainte de Rutebeuf », quand le jongleur se plaint que « ce sont amis 

     que le vent emporte » (v. 51) et ajoute : « Ainsi le vent les emporta » (v. 53), il s’agit peut-

     être de la décision, de l’œuvre de …

     Cette métaphore se trouve par ailleurs à l’intersection de deux réseaux sémantiques : celui des graines qui poussent quand elles sont bien cultivées et au contraire s’envolent sans porter de fruits et celui des relations avec des amis que l’on cultive en leur donnant tous ses soins : « Que sont mes amis devenus / Que j’avais tant cultivés » (v. 39-40).

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