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La mythologie grecque

Dissertation : La mythologie grecque. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mars 2016  •  Dissertation  •  3 527 Mots (15 Pages)  •  1 131 Vues

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Ambre DEPEYRE

SUJET : Dans Faux pas, Maurice Blanchot écrit à propos de Phèdre « ce qui conduit à la perdition, ce n’est pas seulement la fureur du désir, c’est aussi son rêve de candeur »

        Dans la mythologie grecque, Phèdre est la fille de Minos, roi de Crète, et de Pasiphaé. Elle épouse Thésée, roi d’Athènes. Tombée amoureuse de son beau-fils, Hippolyte (que Thésée a eu avec Antiope, la reine des Amazones), elle est repoussée par celui-ci. Par vengeance, elle accuse le jeune homme d’avoir cherché à la violenter. Furieux, Thésée lance aussitôt sur son fils la malédiction de Poséidon, qui lui doit trois vœux. Poséidon invoque un monstre sur le chemin d’Hippolyte. Effrayés les chevaux s’emballent et le jeune homme périt écrasé par son char. Accablée de remords, Phèdre se suicide en buvant un poison et Thésée apprend trop tard le mensonge. L’histoire de Phèdre a inspiré de nombreux auteurs comme Robert Garnier en 1573 (Hippolyte) et Racine en 1677 (Phèdre). Phèdre est le personnage tragique par excellence car elle est soumise à ses passions sans pouvoir en échapper. Pourtant, Maurice Blanchot, dans Faux-pas écrit à propos de Phèdre : « Ce qui conduit à la perdition, ce n’est pas seulement la fureur du désir, c’est aussi son rêve de candeur ». Phèdre essaye, en effet, d’évacuer cette passion afin de ne pas commettre un inceste. Elle lutte pour rester vertueuse mais au final n’est pas aussi sa naiveté, sa recherche de pureté qui la pousse dans les bras d’Hippolythe ? N’est-ce pas la dualité de sa lignée qui se joue dans ce drame et dont finalement elle n’est que le jouet ? La véritable candeur de Phèdre ne tient pas finalement dans le désir de mourir ingénument d’amour.

        Maurice Blanchot analyse le processus qui conduit Phèdre à sa perte par deux explications qui apparaissent contradictoires : le « désir », la passion amoureuse et son opposé, la « candeur », l’innocence, la pureté. Phèdre est traditionnellement perçue comme la quintessence de la passion, elle représente même le mythe de la passion. La première partie de la citation de Maurice Blanchot reprend donc les analyses traditionnelles du mythe de Phèdre et les explications littéraires des œuvres de Robert Garnier ou de Racine. Phèdre est le personnage tragique par excellence. En effet, on peut définir la tragédie comme une« Pièce de théâtre dont le sujet est le plus souvent emprunté à un mythe ou à l'histoire, mettant en scène des personnages illustres et représentant une action destinée à provoquer la pitié ou la terreur, par le spectacle des passions humaines et des catastrophes qui en sont la fatale conséquence » (définition du Larousse). Racine note dans sa préface que Phèdres « a toutes les qualités qu'Aristote demande dans le héros de la tragédie, et qui sont propres à exciter la compassion et la terreur ». La tragédie a donc comme objectif de nous montrer que la passion est dévastatrice, négative, qu’il faut s’en méfier. La passion est autodestructrice : le désir de Phèdre pour son beau-fils Hippolyte la détruit. Phèdre est malade d’amour : « Je brûle, misérable, et le feu que je porte / Enclos en mes poumons, soit de jour ou de nuict, / De soir ou de matin, de plus en plus me cuit. / J’ai l’estomach plus chaud que n’est la chaude braise, / Dont les Cyclopes nus font rougir leur fournaise » (Hippolyte, Acte II, v449-458). La passion est également destructrice pour les autres. La passion de Phèdre détruit en effet tout sur son passage et pas seulement elle-même. Sa nourrice se suicide pour avoir été l‘expression de sa passion, Hypolithe meurt par sa faute C’est la toute-puissance de la passion amoureuse ; laquelle permet la tragédie.

        Toutefois dans sa citation, Maurice Blanchot analyse le caractère de Phèdre d’une manière beaucoup plus surprenante en proposant une Phèdre qui « rêve de candeur ». Ce point de vue est pourtant fidèle à celui de Racine, qui dans sa préface note « Phèdre n'est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente». En effet, Phèdre est certes dominée par sa passion mais elle lutte pour rester vertueuse, innocente et pure aux yeux de la cité. Elle essaye de respecter les lois de la Cité et donc de rester une épouse et une mère modèle. En cela, elle est encore une héroïne tragique car la tragédie parle aussi de l'homme qui se confronte aux lois de la cité et présume parfois de ses forces. En effet, Phèdre garde longtemps son secret avant de faire son premier aveu. Elle pense que cacher ses sentiments lui permettra de faire disparaitre cette passion et de rester dans la candeur. Parler ne serait pas seulement rendre public sa passion et encourir le risque du scandale, mais se serait aussi se laisser glisser petit à petit vers la déchéance, reconnaitre officiellement son mal et donc d’une certaine manière l’admettre et y consentir. De ce fait, Phèdre préfère disparaitre plutôt que de parler : « Je meurs, pour ne point faire un aveu si funeste » (Phèdre, I, 3, v226), « Non non je veux mourir, la mort est mon repos « (Hippolyte, II, v850). Dans chacun de ses aveux Phèdre essaye tant bien que mal de combattre sa passion même si elle doit en mourir. Elle tente désespérément de maintenir l’honneur, protéger ses enfants, son époux. Phèdre fait preuve ainsi d’une certaine grandeur d’âme. Cette dernière, bien que blâmée dès le début, n’est pas si condamnable. L’infidélité reste platonique, les sentiments qu’elle éprouve sont combattus. Son inceste est même discutable car Hippolyte n’est pas son fils biologique.Et c’est seulement quand elle pense que Thésée a disparu, qu’elle s’abandonne, car, dans ce cas, elle pense, que son amour deviendra acceptable. Elle fait preuve ici encore d’une certaine candeur, au sens de la naïveté cette fois. Car, Thésée disparu, elle pense qu’Hippolyte pourrait l’aimer et la société accepter cet union. Tant qu’Hippolyte ne lui a pas répondu, elle conserve l’espoir d’être aimée. Elle dévoile alors, son amour profond pour lui en s’imaginant qu’il sera réciproque. Hippolyte n’ose y croire : « Dieux ! qu’est-ce que j’entends ? » (Phèdre, II, 5, v663), « Peus-tu voir une horreur si grande, et l’escouter ? » (Hippolyte, III, v1440). Elle réalise alors sa faiblesse et le fait que pour Hippolythe et certainement pour toute la société cet amour restera monstrueux.

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