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La morale chrétienne de Don Juan

Fiche de lecture : La morale chrétienne de Don Juan. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Février 2015  •  Fiche de lecture  •  518 Mots (3 Pages)  •  772 Vues

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jouisseur qu'amoureux, inspirant du goût aux femmes autant qu'il en éprouve pour elles, et révolté contre toutes les contraintes qui peuvent faire obstacle à son désir. Mais c’est la morale chrétienne, surtout après la Renaissance, explosion de désir et de joie, qui a suscité l'indignation contre ce personnage qui ne connaît ni dieu ni diable.

Ce n'est pas un hasard si l’«inventeur» de Don Juan, Tirso de Molina, fut, au Siècle d'or, un moine de la très catholique Espagne, le frère Gabriel Tellez. En 1625, il mit sur scène une tradition née probablement de faits réels et rapportée par la “Chronique de Séville” : une nuit, Don Juan Tenorio tua le commandeur de Calatrava, Don Gonzalo d'Ulloa, dont il avait séduit et déshonoré la fille. C’est dans le couvent de franciscains où le vieillard avait été enseveli que les religieux, attirant Don Juan, le massacrèrent. Ils déclarèrent ensuite que, venu insulter Ulloa sur son tombeau, le séducteur avait été entraîné en enfer par la statue, soudain douée de vie, par sa victime. Il intitula son œuvre “El burlador de Sevilla y convidado de piedra”, “Le trompeur de Séville et le convive de pierre”. Le sous-titre français, "Le festin de pierre", résulte sans doute d'une mauvaise traduction de l'espagnol «convidado» qui signifie «convive», et non «banquet». Les jeunes débauchés ne manquaient pas dans l'Espagne des derniers Habsbourg. Tirso de Molina put observer, en particulier, deux libertins fameux : Don Juan de Villamédiana et Don Pedro Manuel Girôn, fils du duc d'Osuna, l'un des plus grands seigneurs espagnols. Juan Tenorio était un jeune seigneur qui se divertissait à abuser des filles en leur faisant croire qu'il voulait les épouser, et plus encore à berner des maris ou des fiancés qui étaient parfois ses propres amis. Le cœur n'avait pas la moindre part à ses entreprises, qu'il menait avec un bonheur inégal, secondé par Catalinon, son valet pleutre et souvent récalcitrant. Il n'était pas un incroyant mais un débauché, dans un pays où la religion était intimement mêlée à tous les incidents de la vie : à son dernier instant, il réclamait un prêtre. La pièce, satire des mœurs de la jeunesse madrilène, après avoir commencé par de banales aventures d'amour, s'achevait en un drame religieux d'une grandiose ampleur, dominé par l'idée du châtiment divin. Elle fut d'abord présentée comme la transposition scénique d'un exemplaire sermon de carême ; mais l'auteur se proposait de servir Dieu par des voies obliques, et non du haut de la chaire, d'où sa discrétion : le pieux Tirso de Molina a été éclipsé par le diabolique Don Juan, qu'il avait inventé en 1625.

Le Don Juan de Tirso devint, sur les champs de foire, un personnage célèbre à l'égal de Polichinelle. Des pièces italiennes ou françaises ont été bâties sur le même sujet. Deux comédies italiennes ont le même titre : “Il convitato di pietra”, l'une d'Onofrio Giliberto, de Solofra (1653), l'autre de Jacinto Andrea Cicognini, de Florence. Celui-ci, dans sa pièce (de date incertaine, mais probablement antérieure à 1650), changea le caractère et le sens du thème original ; il piquait la curiosité par

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