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La folie dans Hamlet.

Commentaire de texte : La folie dans Hamlet.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  2 828 Mots (12 Pages)  •  4 232 Vues

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        I- Caractéristiques et origines de la folie dans Hamlet.

        La thématique de la folie est omniprésente dans la pièce de Shakespeare, le mot folie et le mot fou sont répétés une vingtaine de fois chacun tout au long de la pièce et apparaissent dès le premier acte. En effet l'auteur met en place, dès la scène d'exposition, un environnement instable. Dans Hamlet, le désordre n'est donc pas seulement mental, mais est partout dans le royaume. Nous sommes d'emblée plongés dans un univers où tout semble être en marge de la loi et de l'usage. « Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark » ou encore « Notre époque est détraquée » sont des phrases devenues proverbiales et sont constamment répétées dans l'oeuvre. Le comportement des hommes est donc à l'image de la folie du monde instable dans lequel ils évoluent.

        Les fêtes ancestrales de la cour et les anciennes coutumes sont décrites comme des orgies bestiales qui attirent le mépris des autres nations et l'image de la pourriture et de la corruption est constamment évoquée. La scène d'exposition s'ouvre en effet sur une situation de désordre, contraire à la morale, puisqu'est célébré  le mariage hâté de la reine qui a perdu son mari deux mois plus tôt. A plusieurs reprises l'inceste est évoqué à propos de Gertrude et de Claudius. Le terme s'explique du fait que le mariage d'une femme avec son beau frère était considéré comme incestueux par l'église romaine et l'église anglicane.

        Cependant personne ne semble s'en indigné à part Hamlet puisqu'à la scène 2 le Conseil est réuni vêtu de vêtements éclatants pour célébrer le mariage. Seul Hamlet est habillé en noir. Le deuil de son père a été écourté, au mépris de l'intervalle qui doit normalement séparer un deuil d'une réjouissance, faisant se chevaucher la tristesse et la joie. Il apparaît alors ici mal vu de porter le deuil trop longtemps. Le temps et les valeurs semblent alors détraqués ce qui ne fait que refléter davantage le désordre du royaume. Cette situation malsaine est soulignée par Hamlet qui oppose  l'image de la pourriture pour désigner cette nouvelle union à l'image de la stabilité pour faire référence au temps où sa mère et son père étaient ensemble. « C'était votre mari. Regarder maintenant à côté, c'est votre mari. Épi pourri qui contamine le bon grain. Avez-vous pu renoncer à vivre sur ce sommet splendide pour vous vautrer dans ce marais ? ». La situation à Elseneur semble donc être très instable et par conséquent propice au développement de la folie des personnages.

        La folie semble en effet être au cœur de l'intrigue puisque l'action est déclenchée dès l'acte I par l'apparition surnaturelle du spectre dans l'obscurité. Le fantôme, figure emblématique qui erre entre deux mondes est le signe du chaos et risque d'entraîner la folie de celui qui ose le suivre comme le présume Horace en s'adressant à Hamlet pour l'en dissuader : «  s'il revêt quelque autre horrible forme/qui pourrait vous priver de votre souveraine raison/et vous plonger dans la folie ? Pensez-y ».  Le spectre donne alors à la pièce une dimension surnaturelle et contribue à créer un climat d'angoisse et de terreur. Que ce soit par son apparition même, ou par sa lourde confession c’est donc dans cette scène que se joue la genèse de la folie d’Hamlet puisqu'il décide d'accepter ce que le spectre lui demande à savoir de venger son meurtre présumé. A à cet instant il fait alors le choix de simuler un état de folie durant les prochaines semaines à venir. La folie est donc déclenchée par un choc, que ce soit l'apparition du spectre pour Hamlet, la mort du père pour Ophélie ou le spectacle de la folie pour Laerte.

        Cependant nous pouvons distinguer plusieurs nuances de folies dans la pièce. La folie furieuse est prépondérante. Pour Laerte, la colère, cette courte folie est d'une rare violence. Dès qu'il apprend la mort de son père, il force les barrages du palais, exige des explications et réparation. Sa rage, comme dit le roi, est difficile à calmer. Il tient également Hamlet responsable pour la folie d'Ophélie en plus d'être un meurtrier. Il mérite d'être châtié et n'hésitera pas à se venger en empoisonnant la lame de son épée pour assassiner Hamlet.

        Hamlet semble également atteint de folie furieuse quand il s'acharne sur Claudius, une première fois en le blessant de la lame empoisonnée et une deuxième fois en le forçant à boire la potion fatale. Son acharnement est aussi celui des mots lorsqu'il torture l'âme de sa mère.

        La folie d'Ophélie naît d'une part, d'une passion désespérée, du bouleversement provoqué par les injures et le comportement d'Hamlet et d'autre part en conséquence du départ de son frère et de la mort de son père. Elle perd en effet ses repères, puisqu'ils ne peuvent plus lui dicter sa conduite comme ils l'on toujours fait. Lorsque Ophélie s'adresse à son père on peut lire « j'obéirai monseigneur ». Elle est donc prisonnière du langage des autres contre lequel elle ne peut rien expliquer par un langage qui lui serait propre, Ophélie se débat vainement sans jamais pouvoir s'échapper. Pour elle aussi le royaume est une prison. Par une sorte de mimétisme, son trajet suit alors celui d'Hamlet, cependant elle ne s'installe pas dans une folie feinte mais bascule dans une folie incontrôlée.

        La folie qu'elle éprouve inspire la pitié, elle parle de son père, des ruses du monde, se frappe la poitrine, déclame des choses étranges et ses discours semblent manquer de cohérence. Mais sa folie est mystérieuse et poétique jusque dans le symbolisme des fleurs qu'elle a cueillies, métamorphose de son malheur. Il y a une esthétique de la douleur et de la folie Laerte dit ''Pensées tristes, chagrin, souffrance, l'enfer même/Elle change tout en grâce et en beauté''. Les chansons, le thème de l'amour perdu, de la mort, montrent que la folie libère et décuple les forces de l'imaginaire et de l'inconscient.

        Pour les personnages, les propos d'Ophélie sont incompréhensibles « sa parole n'est rien » Horatio. Mais pourtant ils comportent une multiplicité de sens puisque chacun peut construire la parole d'Ophélie à partir de ses propres pensées. Chacun, Gertrude et Claudius y compris peuvent interpréter ses paroles, à condition de vouloir les entendre. Les personnages comprennent bien le danger qu'il y aurait à la laisser parler et pour Claudius il importe que les paroles d'Ophélie soient comprises comme dépourvues de sens « la pauvre Ophélie, abstraite d'elle-même, privée de sa claire raison, sans laquelle on n'est plus qu'une image ou qu'une bête ».

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