La cigarette

Le texte que j’ai choisi est extrait d’un recueil de poèmes en prose intitulé « le parti pris des choses ». Il s’agit du poème « la cigarette » dont l’auteur est Francis Ponge.

Dans un premier temps, si une réaction légitime et spontanée emmène la réflexion du lecteur sur des sujets liés à la santé et aux dangers liés à cet objet, il est néanmoins intéressant de se questionner sur les raisons de sa consommation et de la fascination qu’il exerce sur l’auteur.

Il est étonnant de constater que la cigarette est présentée, dans ce poème, comme une sorte de catalyseur d’ambiance, de prisme déformant, qui transforment nos tristes vies en nous transportant dans un paysage brumeux rempli de mystères.

La cigarette apparaît comme une amie, une compagne éprise de liberté avec laquelle on partirait en voyage, sac à l’épaule et appareil photo en bandoulière, chargé de « quelques pellicules argentés ».

Pour continuer de décrire et personnifier cet objet devenu une personne, une amie, l’auteur suggère pratiquement une rencontre avec des mots empruntés au répertoire de la romance comme « parfumée », « choient », « passion », « embrasé ».

Dans un second temps, on observe que le thème de la cigarette est abordé sous la forme d’un poème en prose avec trois strophes qui illustrent symboliquement l’objet, lui-même constitué d’un nombre égal de parties.

Objet anodin du quotidien, on remarque quasi immédiatement que la cigarette n’est pas traitée ou présentée comme tel et que l’auteur nous invite à découvrir cet objet auquel on ne prête, sans doute, pas suffisamment attention.

Dans ce poème, on compare la combustion de la cigarette à celle de la torche. On remarque également, que la cigarette devient un sujet de contemplation et d’inspiration.

Francis Ponge donne le sentiment que cet objet, destiné à remplir le vide de nos vies par une sorte d’épaisseur, de matière mystique, n’est pas seulement qu’un objet de mort même si très vite, le temps qui passe est évoqué par des mots liés au vieillissement comme « desquamant » et « pellicules argentés ».

S’il est vrai qu’en personnifiant la cigarette, l’auteur en fait un être à part entière qui devient une sorte de créateur, ayant pour but de boucher l’horizon de nos vies par des brumes épaisses, c’est sans doute pour masquer l’issue fatale qui s’approche à mesure que l’on fume des cigarettes.

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