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La Cigarette, Une Addiction Ou Une Mode

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Par   •  25 Novembre 2013  •  1 953 Mots (8 Pages)  •  998 Vues

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Fumer, au même titre que d’autres activités (manger des bonbons, jouer aux jeux-vidéos ou collectionner les timbres), semble bien inutile. Pourtant le nombre de fumeurs aujourd’hui dans le monde est estimé à 1,3 milliard de personnes et atteindra 1,7 milliard d’ici 2025 selon l’OMS. On peut se demander quelles sont les raisons d’une telle frénésie pour un petit rouleau de tabac disparaissant en cendre et fumée pour un plaisir fugace. La différence entre la cigarette et les autres activités citées plus haut pourrait résider dans la réaction chimique qui s’opère entre le fumeur et sa lubie. Nous en venons donc à la problématique suivante : la nicotine est-elle la seule raison du succès de la cigarette ?

Pour répondre à cette question nous verrons quels sont les effets du tabac sur l’organisme. Puis nous observerons les conséquences de cette pratique sur les habitudes de vie du fumeur ou sur son statut social. Enfin nous étudierons quelles sont les valeurs véhiculées par la cigarette, l’imaginaire qu’elle évoque et quelle est l’efficacité des substituts envisageables.

La nicotine est une substance chimique présente dans les feuilles de tabac, elle sert initialement à protéger celles-ci des insectes car elle a des propriétés acaricide, insecticide et fongicide. Il s’agit donc d’un pesticide naturel (biocide). Lorsque la fumée de la cigarette est inhalée la nicotine est absorbée par les capillaires sanguins des poumons et parvient en l’espace d’une vingtaine de seconde au cerveau. A faible dose son effet est stimulant : augmentant le rythme cardiaque, la pression artérielle et provoquant une poussée d’adrénaline. La nicotine est une substance dite « psycho active » responsable d’un sentiment de relaxation et d’accoutumance. La dépendance se fait donc tout d’abord ressentir physiquement puis psychologiquement. Fumer une cigarette procure donc en quelques secondes une sensation agréable et addictive. De ce fait, les fumeurs initiés seront tentés de revivre l’expérience jusqu’à l’apparition d’une dépendance. La nicotine est donc bel et bien l’un des éléments responsable du succès de la cigarette. Pourtant elle n’explique pas tout car elle ne justifie pas l’attrait initial qui donnera envie d’ « essayer » la cigarette.

Outre l’addiction à la nicotine le tabac a d’autres atouts dans sa manche pour séduire toujours plus de nouveaux consommateurs. La cigarette va s’insinuer dans les habitudes des gens de manière pernicieuse. En effet fumer implique l’acquisition d’une habitude de vie à part entière comprenant une gestuelle, des rituels, une gamme d’objets connexes et des rapports sociaux bien définis.

Le fumeur s’approprie une gestuelle répétitive : la cigarette va et vient des doigts à la bouche, se consume lentement entre deux bouffées pour finalement s’écraser dans un cendrier (si tant est que le fumeur est consciencieux). Elle danse entre les doigts, dessine de sa fumée des formes et volutes vaporeuses. Plus qu’une habitude simplement gestuelle on parle ici d’une véritable attitude du fumeur. Elle offre une occupation face à l’attente ou une contenance lors des discussions. Le plaisir de la cigarette est à lier au concept d’oralité. Cet objet que l’on porte à ses lèvres est comparé par les psychologues au sein maternel. Jacques Higelin, dans sa chanson « Je suis amoureux d’une cigarette » précise d’ailleurs qu’ « elle a la rondeur d’un sein qu’on mord ou qu’on tête ». La cigarette est toujours disponible procurant un plaisir et une satisfaction qui calme les angoisses à la manière d’une mère pour son bébé. Ce parallèle étonnant à l’enfance tranche avec son aspect transgressif.

En effet la cigarette est avant tout un plaisir « interdit », un acte délibéré en dépit de son caractère nocif. « L’absurdité est un plaisir fugace, comme une cigarette que l’on fume en riant en sachant qu’elle est nocive. » écrit Norman Mailer dans Entretien avec Isabelle Fiemeyer. D’abord une bouffée volée à l’adolescence, puis une pratique régulière et assumée tout aussi absurde. Et pourtant jouissive. C’est lors de cette pratique régulière qu’apparaît la dépendance comportementale. La cigarette devient dès lors un rituel, un passage obligé dans une mécanique quotidienne bien huilée. Après déjeuner, avec un café, en soirée, en attendant le bus, etc. C’est l’acquisition de ce rythme de vie qui est le plus difficile à parer pour les fumeurs qui souhaitent arrêter. Comment perdre des habitudes vieilles de parfois plusieurs années profondément ancrées ? Il y a donc une dimension psychologique et humaine conséquente dans la pratique des fumeurs.

La cigarette comprend toute une panoplie. Du briquet manquant à la cigarette qu’on donne en passant par le paquet qu’on consomme à deux… les occasions de contact sont nombreuses. Il est primordial de saisir l’intérêt social de la cigarette.

La cigarette est définitivement un créateur de tissu social. Elle favorise des moments privilégiés entre les fumeurs (intimité, partage, prétexte à la discussion, etc.). Les fumeurs détiennent un certain mimétisme et il y a donc une reconnaissance entre les fumeurs : premier pas vers l’acceptation dans un groupe, une séduction, etc. L’écrivain irlandais Colum McCann a d’ailleurs dit à ce sujet « Si mauvaises que soient les cigarettes pour la santé, elles offrent une occasion de contact humain sans équivalent ! » lors d’une interview dans le Nouvel Observateur en septembre 2007. Cependant elle peut aussi les exclure des non-fumeurs dérangés par la fumée ou contraints de sortir dans le froid pour accompagner leurs collègues. Par ailleurs les fumeurs se targuent d’une attitude rebelle et frivole qui peut aussi jouer dans leur quête de rapports sociaux.

Nous avons donc vu que la cigarette figurait comme un véritable marqueur social reposant sur le style du fumeur. Cependant on peut s’interroger sur les origines d’un tel mythe, d’où viennent les connotations associées aux fumeurs dans l’imaginaire collectif ?

Historiquement la consommation de tabac se faisait dès -1000 avant J.C par les

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