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La Place Du Peuple Dans Lorenzaccio

Étude de cas : La Place Du Peuple Dans Lorenzaccio. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2014  •  Étude de cas  •  1 768 Mots (8 Pages)  •  643 Vues

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Lorenzaccio

Introduction: Lorsque, quelques années après la bataille d’Hernani, Musset publie Lorenzaccio en 1834, dans le recueil Un spectacle dans un fauteuil, les dramaturges romantiques s’efforcent d’imposer un théâtre nouveau, conçu comme une chaire, une tribune. Ce drame s’offre ainsi au peuple, jusque là écarté de la scène ou relégué à la simple comédie, comme un espace de parole inédit. Si l’on en croit la distribution de la pièce, Musset ne déroge pas à cette tendance et il semble légitime de s’interroger sur la place qu’il accorde au peuple dans cette intrigue florentine. Il s’agira initialement de s’intéresser aux figures de ce peuple, puis au traitement dramaturgique d’en propose Musset avant d’analyser ses fonctions et ses motivations.

I – Les figures du peuple :

La notion de peuple peut revêtir des réalités diverses. Au sens large le terme s’applique à l’ensemble des citoyens d’une nation, indépendamment de la classe sociale de chacun. Ceci justifie qu’on y intègre les bannis de l’acte I sc 6 par exemple.

Dans sa signification plus restreinte, le terme désigne les plus basses couches de la société, excluant notamment toute l’aristocratie.

La distribution les distingue puisqu’elle mentionne d’abord tous les grands, dotés d’un prénom et d’un nom à particule et d’un titre. Viennent ensuite les autres personnages masculins, cantonnés à leur prénom comme Tebaldeo, Giomo, à leur fonction (page, écuyer, écolier, marchand, soldat), puis les femmes. Ces individus sont pour certains également caractérisés par leurs liens de parenté, si bien qu’on peut noter des regroupements par famille, des clans (les Médicis, les Strozzi et les Cibo) représentatifs de la noblesse. Cette liste des personnages suggère d’emblée le conflit politique mais aussi les conflits familiaux, les rivalités ainsi qu’une « lutte des classes » (perspective sociologique).

Soucieux de préserver une certaine « couleur locale » et de restituer une vision globalisante de Florence, Musset fait donc intervenir à plusieurs reprises des représentants de toutes les couches sociales. Il s’agit d’assurer une certaine illusion historique. On note ainsi la présence de marchands et d’écoliers acte I, d’un peintre et de tailleurs de pierres acte II, de soldats et de pages acte III, de moines acte IV et des précepteurs et des étudiants acte V. A cela s’ajoutent des personnages muets qui complètent cette toile de fond comme « les vieilles hideuses qui grelottent sur le Marché Neuf » que la marquise de Cibo aperçoit depuis ses fenêtres à l’acte IV.

Il s’agit de souligner que le peuple est une victime. Maffio est emblématique de cet état de fait. Ainsi que le déplore l’orfèvre, acte I sc 2 « La cour ! le peuple la porte sur le dos. ». Musset renouvelle le motif de la dévoration si cher aux romantiques dans l’évocation du peuple ainsi exploité. Acte I sc 2 « Ils nous dévorent comme une excroissance vénéneuse dévore un estomac malade. »

Le peuple est également objet de mépris. Il est ainsi question acte I sc 1 de la « médiocrité bourgeoise ». Il peut aussi être la victime de répression comme à la scène 6 de l’acte V lorsque les étudiants se trouvent confrontés aux forces de l’ordre.

Mais Musset ne sombre pas dans une représentation manichéenne opposant peuple et grands de Florence. Le personnage de Giomo par exemple, issu du peuple, s’avère entièrement dévoué à la cause du duc, qu’il protège notamment contre Maffio à la sc 1 de l’acte I. Il opère comme un adjuvant du vice, accélérant le rapt de Gabrielle. Il incarne plus l’impiété que la vertu dans la chansonnette qu’il pousse à acte II sc 6. Il participe également à l’intrigue politique, à l’acte V, en rappelant les instructions du cardinal.

Il convient alors de s’intéresser au traitement dramaturgique qu’en propose Musset

II – Le traitement dramaturgique :

Le peuple se voit souvent associé à des lieux précis et il est symptomatique qu’on le rencontre généralement dans des scènes extérieures, des scènes de rue. Le dramaturge oscille alors entre des effets de foule, notamment à l’acte V, et des scènes de rue au cours desquelles il offre plus longuement et plus distinctement la parole à certains individus emblématiques de ce peuple. Il propose ici un traitement dramaturgique particulièrement original de ce personnage collectif que constitue le peuple.

Ex de la sc 2 de l’acte I caractérisée par un personnel dramatique très varié. La ville est montrée dans ses activités quotidiennes. Musset cherche à rendre compte de la vie et de l’animation qui règne dans la cité si bien qu’il multiplie les personnages et cherche à rendre compte de l’ensemble de leurs conversations. Pour signifier que ces discussions se croisent, il conduit ses personnages à commenter ce qu’ils entendent. Ex « Entendez-vous les badauds ? ». Il recourt aux mêmes procédés à la sc 5 de l’acte I, courant le risque de la cacophonie ou encore à la sc 5 de l’acte V.

Il convient de noter par ailleurs que la discussion menée par l’orfèvre et le marchand de soieries opère comme un dialogue argumenté. Musset confronte deux attitudes. L’orfèvre est un homme intègre, vertueux et républicain, préoccupé par les bonnes mœurs et la question de la gouvernance tandis que son collègue est uniquement motivé

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