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Quelle Est La Place Du Peuple Dans Lorenzaccio De Musset ?

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Par   •  21 Septembre 2013  •  1 094 Mots (5 Pages)  •  1 034 Vues

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Au XIXe siècle, se développe un genre théâtral nouveau, inspiré par Shakespeare : le drame historique ; ce dernier fait une place inédite au peuple, qui reste néanmoins le plus souvent frappé d’anonymat et renvoyé au bas d’une liste de personnages encore marquée par la hiérarchie sociale. Nous verrons dès lors comment Musset, dans Lorenzaccio, traite ce personnage collectif.

Il faut d’abord observer que cette volonté d’imposer le peuple sur scène s’accorde mal avec les exigences de la scène. Les plus simples, pour commencer : comment en effet faire tenir sur scène tant d’acteurs, et donner authentiquement l’impression d’une foule, comme dans la scène 5 de l’acte I qui se passe devant l’église de Montolivet et où se pressent bourgeois et marchands, ou bien même le repas des Strozzi où quarante membres de la famille se retrouvent pour parler de la situation. Le drame romantique touche ici ses limites et Musset a trouvé une solution : le « théâtre dans un fauteuil », puisque Lorenzaccio n’est pas destiné à la scène.

Cette décision ne le met pas à l’abri, cependant, de la censure. Les scènes de foule incluent souvent l’idée d’indiscipline, de rébellion, de guerre, en particulier bien sûr dans le contexte d’une pièce historique, et encore davantage lorsque l’on sait que ce qui se passe à Florence entre en écho avec ce qui se joue à Paris depuis les Trois Glorieuses et la manifestation de la vindicte populaire qui tenta de s’y faire entendre. A deux reprises dans la pièce, il est question de jeunes gens tués par les soldats pendant une manifestation. La première fois, ce sont les marchands qui y font allusion, mais la seconde, la scène se passe en direct. On sait que, publiant son œuvre en 1835, sous un régime pratiquant la censure, Musset de lui-même retira cette scène des premières éditions.

On a donc bien avec la foule un motif difficile à représenter, qui a dû peser dans la décision de Musset de ne pas mettre en scène Lorenzaccio. Reste que la vision qu’il donne du peuple, de sa situation comme de son attitude politique, s’avère pessimiste. Son évacuation de la scène est finalement une conséquence de son inexistence au plan politique, de son absence de représentation. Comme le dit l’orfèvre à voix basse, « la Cour, le peuple la porte sur le dos ». Les Grands s’amusent tandis que le peuple travaille, et de surcroît, il ne peut se plaindre ni de cette inégalité ni de ce qui la soutient : les troupes allemandes de Charles-Quint, qui imposent et garantissent le régime dictatorial. D’où ces étudiants tués, d’où ces bannis dont la sortie de la ville ponctue le texte comme à la fin de l’acte I, Pour Musset, observant ces mêmes abus dans la France de la Restauration puis de la Monarchie de Juillet, il n’y a pas d’issue, le peuple sera toujours le perdant.

Mais en fait, Musset prête à Lorenzaccio ses doutes sur la possibilité même d’un changement, son jugement cynique du peuple : car pour lui, si rien ne change, c’est que le peuple se laisse museler trop aisément, par manque de courage, intérêts partisans, et volonté de préserver un équilibre social garantissant des ressources. Le marchand, dialoguant avec l’orfèvre, ne s’exclame-t-il pas « que Dieu conserve Son Altesse ! La Cour est une belle chose »

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