L'écrivain en situation dans son époque.

Dissertation

        « L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements, chaque silence aussi. » Jean-Paul Sartre, «Présentation des temps modernes », In Situations, II. Expliquez puis discutez ce point de vue.

        Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Jean-Paul Sartre, soulignant l’intérêt d'un écrivain à s'engager, affirme dans son livre In Situations II, publié en 1948 que : « L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements, chaque silence aussi ». Pour lui, un auteur qui ne s'engage pas dans ses œuvres, est un auteur qui collabore par son silence aux crimes et aux injustices commis. Celui qui s'engage, au contraire, fait parti de son monde, de sa société, et y participe en exprimant ses pensées. Ainsi, la littérature est-elle vraiment une arme pour dénoncer les injustices et défendre la condition de l'homme, comment l'homme peut-il au travers de ses œuvres s'exprimer librement  ? Le point de vue de Sartre sur l'engagement, les échos des paroles et ceux des silences demande à être expliqué dans une première partie, la deuxième sera consacrée aux auteurs qui, même engagés, ne peuvent pas partager leurs idéologies.

        Les auteurs engagés et ceux qui au contraire, se taisent, ont tous deux une importance dans la société puisque leurs paroles ou leurs silences laissent des traces dans les esprits.

        Jean-Paul Sartre, suite aux horreurs commises durant la seconde guerre mondiale, insiste particulièrement sur l'importance de l'engagement et le refus du silence complice. Il écrit dans In Situations II (1948) : « Serions-nous muets et cois comme des cailloux, notre passivité même serait une action. » Il tente de nous montrer la valeur de nos actions, qu'elles soient actives ou passives. Bien que l'auteur ne prenne aucun parti, Sartre considère que celui qui ne dit rien consent.

        Mais, il ne faut pas oublier que chaque parole laisse derrière elle un écho qui peut prendre de l’importance et influencer la société. Au XVIII, Voltaire, prenant part aux Procès de Calas, change la donne. Il publie notamment en 1763 le Traité sur la tolérance. De façon similaire, au XIX, Zola avec J'accuse prend le parti de Dreyfus au cours de son procès et réussit à le faire acquitter. Gide, au XX, avec Voyage au Congo et Retour du Tchad dénonce les intérêts uniquement financiers des européens pour les pays africains, notamment le Congo. Et ils ne sont pas les seuls, une partie considérable des auteurs ont écrit pour dénoncer ou pour prendre parti.

        Toutefois, certains auteurs qui auraient du s'engager, ne se sont pas exprimés. Comme Flaubert, qui ignore les horreurs de la Commune et les répressions qu'il y eut après, de même que Goncourt. Balzac, quand à lui, n’écrivit pas une ligne sur les révoltes de 1848, ce qui pourtant aurait sûrement eu un certain impact, puisque nous sommes influencés par notre entourage et par nos lectures.

        En bref, même si un homme se tait, ceci sera considéré comme une action. D’où l'importance de s'engager, et d'ainsi assumer ses positions plutôt que de se cacher derrière des récits futiles. Mais, si les auteurs s'engagent, est-ce pour autant que les lecteurs comprennent ce qu’ils tentent de faire passer ?

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