L'usage du monde de Nicolas Bouvier

Compte-rendu de lecture

I – BOUVIER, Nicolas, L’usage du monde, Genève, Librairie Droz, 1963. L’usage du monde, dessins de Thierry Vernet, Paris, La Découverte, 1985, 2014.

II - En 1953, Nicolas Bouvier, un jeune écrivain de vingt-quatre ans, quitte Genève pour un long périple vers l’est, un voyage qui durera six mois et qui le mènera jusqu’en Afghanistan. Après avoir rejoint son ami peintre et illustrateur Thierry Vernet à Belgrade, qui illustrera leur voyage par des dessins et des croquis, tous deux partent parcourir la Turquie, l’Iran, le Pakistan puis la frontière avec l’Inde. Ils circulent à bord d’une petite Fiat Topolino et connaîtront au fil du voyage des modes de vie différents de celui de leur culture. Pour gagner le peu d'argent nécessaire tout le long de l’expédition, Thierry Vernet vend des peintures et Nicolas Bouvier écrit des articles pour des journaux suisses ou autres, fait des conférences, donne des cours de français. Dans son récit de voyage, Bouvier cherche à nous donner une évocation complète des villes qu’il traverse. Il s’attarde sur chaque détail jusqu’à nous les faire presque ressentir à travers une écriture poétique et pleine d’inattendus. Ce récit de voyage installe doucement le lecteur dans un champ hors-temps, loin des contingences habituelles, à la rencontre d’êtres uniques qui livrent leur culture avec bienveillance et tendresse. Un très beau récit dans la grande tradition de la découverte et de l’émerveillement, en même temps qu’une réflexion éthique et morale sur une manière d’être au monde parmi ses contemporains, sous toutes ses latitudes.

III – Ce texte est important dans l’Histoire littéraire car l’auteur va relater une expérience de voyage volontaire. Nicolas Bouvier est parti de son plein gré pour découvrir le monde, c’est là son seul objectif. L’auteur ne poursuit aucun intérêt commercial, ni économique. En effet, durant ce voyage Nicolas Bouvier n’a eu de cesse de faire des rencontres, de « sentir » la ville, ses habitants. Il s’est mis en situation dans des univers qui lui étaient inconnus et il a essayé de retranscrire ses émotions avec son propre style littéraire. « La vertu d’un voyage c’est de purger la vie avant de la garnir ». Cette phrase à mon sens est révélatrice de l’expérience vécue de Nicolas Bouvier : plus rien ne lui appartient, il s’est séparé de toute attache matérielle et il avance au gré des rencontres et des situations auxquelles il est confronté. En ce sens, son expérience devient aussi une expérience littéraire, également très introspective, car il est à l’affût de chacune de ses émotions, qu’il exprimera sur le papier ensuite.

Ce livre s’intègre parfaitement dans la séquence étudiée car Nicolas Bouvier vit son expérience de voyage avec un regard neuf et dénué de toute comparaison ou jugement hâtif. Il cherche uniquement à s’intégrer, à se fondre dans le paysage et dans les cultures qui lui sont tout à fait nouvelles. On pourrait comparer cette initiation au voyage à une expérience vécue en laboratoire. Nicolas Bouvier voyage avec un regard neuf, décalé, sans chercher à réagir avec ses habitudes occidentales.

IV - Ce récit de voyage nous emporte à travers l'Europe centrale jusqu'au

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