Recherche De La Liberté Dans Le Monde De La Poésie révolutionnaire

L’attitude lyrique consiste en l’expérience subjective d’un individu isolé et en son expression par le moyen de l’imagination et de la fiction. Au XIXe siècle, le sujet poétique était encore lié à la société, le poète se faisant le porte-parole de celle-ci et forgeait à travers ses grands poèmes épique la conscience nationale.

Pouchkine , Michiewicz , Petöfi , Heine , Hugo se font les représentants du peuple dans sa lutte pour la liberté. Un demi-siècle plus tard, le poète se sépare de la société bourgeoise ; l’œuvre de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud est nimbée de l’aura du poète maudit.

L’Europe d’après-guerre voit fleurir toute une série de poètes (Brecht , Nezval ) qui trouve dans la perspective révolutionnaire une nouvelle occasion_ vraisemblablement la dernière_ de libérer la poésie de son isolement social et d’en faire le langage des masses.

(«Idée de révolution», plutôt que la révolution elle-même, depuis le coup d'état communiste de la Tchécoslovaquie en 1948 ressemblait plus à un coup d'Etat que d'une révolution, même si ses partisans pensé comme une véritable révolution.) La poésie lyrique, selon la vie est ailleurs, peut avoir une grande valeur esthétique malgré l'absence de vérité et de la perspicacité. Jaromil, le protagoniste de La vie est ailleurs, est un fervent partisan de la révolution communiste de 1948 en Tchécoslovaquie et, n'est pas un hasard, un poète lyrique.

La foi dans l’utopie d’un avenir harmonieux intégrant les rêves du poète et transformant le rêve en réalité associe chez Kundera les thèmes de la poésie, de la révolution et de la jeunesse :« Jamais le rôle de la poésie n’est aussi grand que pendant les périodes révolutionnaires ; la poésie a donné à la révolution sa voix, et en échange la révolution l’a délivré de la solitude ;aujourd’hui le poète sait qu’il est entendu et surtout qu’il est entendu de la jeunesse, car :ʻʻLa jeunesse, la poésie et la révolution sont une seule et même chose.ʼʼ»

L’attitude lyrique est liée en l’occurrence aux mythes de la révolution et de la jeunesse en tant que nouveaux départs radicaux. Le personnage de Jaromil est, lui aussi, possédé du désir de dépasser les barrières du real ; il a envie d’une réalité autre, plus parfaite, qu’il espère créer dans le monde imaginaire de la poésie et qui réaliserait une révolution radicale.

Jaromil commence à vivre l’univers de la poésie, dans l’esclave d’une réalité imaginaire. La poésie est le reflet idéal de l’individu introverti, c’est le royaume de la Narcisse qui se connait dans le miroir des mots. Les belles images demandent à prendre vie, celle de la jeune fille, mais la réalité boite toujours à la traine de l’imagination. Pour la rattraper, le poète change poésie d’avant- garde contre la poésie engagée_ il veut être imprimé, lu, célèbre.

« Ne me dites pas que Jaromil est un mauvais poète !Ce serait une explication trop bon marché de l’histoire de sa vie ! Jaromil est un poète doué de sensibilité et d’une grande imagination. C’est un garçon fin. C’est aussi un monstre. Mais sa monstruosité est virtuellement présente en chacun de nous […] elle est en Shelley, elle est en Hugo. […] Jaromil n’est pas un produit du communisme. Le communisme n’a

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