L'homme truqué : Le « merveilleux scientifique » est un genre littéraire né à la fin du XIXème siècle.

DM de littérature

   Le « merveilleux scientifique » est un genre littéraire né à la fin du XIXème siècle. Les écrivains de ce genre inventent, en s’inspirant des progrès de la science de l’époque, des histoires autour de savants fous, d’inventions extraordinaires ou encore du surnaturel. Un des plus grands auteurs de ce genre est Maurice Renard. Son roman L’Homme truqué traite de ces thèmes. Il s’inspire de son expérience de la Première Guerre Mondiale pour raconter l’histoire du héros Jean Lebris, un soldat mutilé pendant la guerre qui retrouve la vue après une expérience scientifique mystérieuse. Nous verrons dans l’extrait de cet œuvre quelle vision de l’homme augmenté est proposé. Dans un premier temps, l’auteur exprime les sentiments des personnages avant l’opération, puis il nous montre la réalité du résultat de cette intervention.

   Tout d’abord, Maurice Renard met en scène les sentiments du soldat et du docteur Prosope face à cette future opération. On retrouve d’abord de l’excitation chez ses personnages. En effet, Jean Lebris et Prosope utilisent énormément de phrases exclamatives qui appuient cette excitation : « Vous allez être associé à des recherches sensationnelles ! » (l.6), « je me voyais voyant ! » (l.13). Ils emploient également le vocabulaire du merveilleux pour qualifier l’expérience, ce qui montre leur confiance face à celle-ci : « sensationnelles » (l.6), « extraordinaire » (l.17), « magnifiquement prodigieux » (l.17). Prosope paraît encore plus excité que le patient lui-même : « Vous êtes né sous une bonne étoile ! » (l.5-6). On retrouve encore une fois dans cette expression lexicalisée l’excitation du médecin.

   Néanmoins, Jean Lebris semble également stressé et inquiet face à l’opération que le médecin lui réserve. Il exprime ce doute avec une question rhétorique : « Prosope n’avait-il pas tablé sur l’intégrité du nerf optique ? » (l.14). On sent son inquiétude face à ce médecin qui ne lui inspire pas confiance. On retrouve aussi cela avec l’adjectif « enthousiasme étrange » (l. 3). Avec la métaphore « vous pouvez penser combien de conjectures se pressaient sous mon crâne ! », le soldat met en avant le stress qui s’empare de plus en plus de lui. Maurice Renard utilise à plusieurs reprises des points de suspension qui insiste sur l’inquiétude du patient : « mais il fallait m’encourager ! ... » (l.8), « Prosope n’avait-il pas tablé sur l’intégrité du nerf optique ? … » (l.14), « Et pourtant… » (l.31). Cette première partie du texte propose à la fois une vision positive de l’homme augmenté, car le médecin semble impatient et enthousiaste à l’idée de cette opération, mais également une vision pessimiste car Lebris n’est pas serein face à ce qui l’attend.

   Ensuite, l’auteur montre la réalité du résultat de l’opération. Il commence tout d’abord par la décrire. L’auteur utilise l’imparfait descriptif pour expliquer ce que le soldat voit : « étaient » (l.43), « achevait » (l.46), « dessinait » (l.46). Avec la comparaison « comme tracées au phosphore sur un tableau noir » (l.44), Jean Lebris décrit l’être qu’il voit à travers ses paupières. Il le nomme à l’aide d’une périphrase : « le bonhomme de fils » (l.57). On comprend que le héros ne sait pas ce qu’il voit : « Qu’est-ce que je vois ! » (l.47). Cette phrase exclamative appuie cette idée, ainsi que la périphrase « filets phosphorescents » (l.48), qui désigne les veines de l’homme qui se trouve devant lui. Lebris nous décrit donc quelque chose que lui-même ne connaît pas.

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