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L'estude De Gargantua Selon La Discipline De Ses Précepteurs Sophistes

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Par   •  14 Septembre 2014  •  586 Mots (3 Pages)  •  1 108 Vues

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Il dispensoit doncques son temps en telle façon que ordinairement il s’esveilloit entre huit et neuf heures, feust jour ou non ; ainsi l’avoient ordonné ses régens antiques, alléguans ce que dict David : Vanum est vobis ante lucem surgere.

Puis se guambayoit, penadoit et paillardoit parmy le lict quelque temps pour mieulx esbaudir ses esperitz animaulx ; et se habiloit selon la saison, mais voluntiers portoit-il une grande et longue robbe de grosse frize fourrée de renards ; après se peignoit du peigne de Almain, c’estoit des quatre doigtz et le poulce, car ses précepteurs disoient que soy aultrement pigner, laver et nettoyer estoit perdre temps en ce monde.

Puis fiantoit, pissoyt, rendoyt sa gorge, rottoit, pettoyt, baisloyt, crachoyt, toussoyt, sangloutoyt, esternuoit et se morvoyt en archidiacre, et desjeunoyt pour abattre la rouzée et maulvais aer : belles tripes frites, belles charbonnades, beaulx jambons, belles cabirotades et forces souppes de prime.

Ponocrates luy remonstroit que tant soubdain ne debvoit repaistre au partir du lict sans avoir premièrement faict quelque exercice. Gargantua respondit :

« Quoy ! n’ay-je faict suffisant exercice ? Je me suis vaultré six ou sept tours parmi le lict davant que me lever. Ne est-ce assez ? Le pape Alexandre ainsi faisoit, par le conseil de son médicin juif, et vesquit jusques à la mort en despit des envieux. Mes premiers maistres me y ont accoustumé, disans que le desjeuner faisoit bonne mémoire : pour tant y beuvoient les premiers. Je m’en trouve fort bien et n’en disne que mieulx. Et me disoit Maistre Tubal (qui feut premier de sa licence à Paris) que ce n’est tout l’advantaige de courir bien toust, mais bien de partir de bonne heure ; aussi n’est-ce la santé totale de nostre humanité boyre à tas, à tas, à tas, comme canes, mais ouy bien de boyre matin ; unde versus :

Lever matin n’est poinct bon heur ;

Boire matin est le meilleur. »

Après avoir bien à poinct desjeuné, alloit à l’église, et luy pourtoit-on dedans un grand penier un gros bréviaire empantophlé, pesant, tant en gresse que en fremoirs et parchemin, poy plus poy moins, unze quintaulx six livres. Là oyoit vingt et six ou trente messes. Ce pendent venoit son diseur d’heures en place, ampaletocqué comme une duppe, et très bien antidoté son alaine à force syrop vignolat ; avecques icelluy marmonnoit toutes ces kyrielles, et tant curieusement les espluchoit qu’il n’en tomboit un seul grain en terre.

Au partir de l’église, on luy amenoit sur une traîne à beufz un faratz de patenostres de Sainct Claude, aussi grosses chascune qu’est le moulle d’un bonnet ; et, se pourmenant par les cloistres, galeries ou jardin, en disoit plus que seze hermites.

Puis estudioit quelque meschante demye heure, les yeulx assis dessus son livre ; mais (comme dict le comicque) son âme estoit en la cuysine.

Pissant doncq plein urinal, se asseoyt à table, et, parce qu’il estoit naturellement phlegmaticque, commençoit son repas par quelques douzeines de jambons, de langues de beuf fumées, de boutargues, d’andouilles, et telz aultres avant-coureurs de vin.

Ce pendent quatre de ses gens luy gettoient en la bouche, l’un après l’aultre, continuement, moustarde à pleines palerées. Puis beuvoit

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