LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L'assaut de Laurent Gaudé

Commentaire de texte : L'assaut de Laurent Gaudé. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 399 Mots (6 Pages)  •  642 Vues

Page 1 sur 6

        Inspiré par les conditions de vie déplorables des migrants, Laurent Gaudé a écrit Eldorado pour partager les odyssées de ces malheureux. Auteur contemporain du XXIe siècle, il raconte dans son roman l’histoire de Soleiman, mais aussi celle du commandant Piracci qui sont d’abord paradoxales, mais finissent par se rejoindre. L’extrait de ce récit se situe à la fin de l’histoire de Soleiman, lorsqu’il s’apprête à passer en Europe. Ce passage narratif nous transmet le dernier moment critique de l’histoire où le personnage principal atteint enfin son objectif. Ce sont ces instants cruciaux auxquels Soleiman et Boubacar son ami vont vivre pleinement. Nous nous demanderons alors comment Laurent Gaudé parvient à créer une tension dramatique dans cette scène. Pour ce faire, nous étudierons dans un premier temps l’extrait comme une scène d’action. Puis, dans un second temps, nous aborderons le sujet en nous concentrant sur la transfiguration de la scène.

        

        Pareillement à toute scène palpitante d’émotions et de péripéties, nous constatons que l’extrait en question donne à l’action beaucoup d’importance.

Afin de discerner d’avantage cette configuration, nous pouvons nous apercevoir que le mouvement dans la scène est un aspect déclencheur de l’action. En effet, les nombreux verbes de mouvements tels que « montent » à la ligne 16, « descendons » à la ligne 19, ou encore « sauté » à la ligne 28, mettent indubitablement en évidence l’action exprimée dans la scène. De plus, nous remarquons la présence du champ lexical de l’ascension, par exemple avec « tombent » à la ligne 2, et « descends » à la ligne 9, ou « échelle » à la ligne 3 et « ascension » à la ligne 13. Puis, nous décelons quelques verbes antithétiques comme « monter » à la ligne 1 et « descends » à la ligne 9, ce qui nous assure que nous étudions bien un extrait contenant de l’action. Enfin, nous observons des éléments particulièrement réalistes ; cela permet une visualisation de la scène assez précise, notamment grâce à des détails tels que « arrache la manche de son pull » à la ligne 10. Le mouvement caractérise ainsi fondamentalement cette scène.

        En outre, l’importance de l’action est aussi rapportée par la rapidité de la scène. Les phrases courtes associées à l’absence de conjonction de coordination donnent une parataxe asyndétique intéressante. Cela transmet une impression de vivacité puisque les phrases s’enchaînent successivement. De plus, l’auteur a semé des marqueurs temporels en quantité importante tels que « En quelques secondes » à la ligne 9, « maintenant » à la ligne 14, ou bien « A cet instant » de la ligne 32 à la ligne 33, ce qui souligne la vitesse de la scène. Enfin, nous repérons l’utilisation du verbe « falloir » à la ligne 14 : « Il faut faire vite » ; ce verbe impersonnel exprime la nécessité et l’empressement. Ces éléments donnent un rythme qui se traduit par la rapidité dans la scène.

        Enfin, nous percevons aussi l’intérêt de l’action à travers la présence affirmée des sens. D’abord, nous repérons l’ouïe, la vue et le toucher à multiples endroits, notamment au début du texte : « j’entends » à la ligne 1, et « je vois » à la ligne 3, tout comme à la fin : « je sens sous moi cette terre nouvelle » à la ligne 23. L’utilisation des sens permet au lecteur de ressentir réellement l’action qui se déroule. Ensuite, le champ lexical du corps figure clairement par de nombreux groupes nominaux : « jambe morte » à la ligne 18, « les bras » à la ligne 20, ou encore « les genoux […] le ventre » aux lignes 21 et 22. Ce procédé renforce l’identification du lecteur au personnage. L’omniprésence des sens est un moyen de s’immerger dans l’histoire et de vivre la scène à travers le personnage principal.

Par le mouvement, la rapidité, et l’importance des sens présents ici, Laurent Gaudé a rendu cet extrait particulièrement animé. Cependant, au-delà de l’agitation ressentie par le lecteur, l’auteur met en avant la transfiguration de la scène.

        Certes, une grande part du récit est accordée à l’action, mais l’écrivain souligne également le caractère transfiguré du passage.

        Pour mieux comprendre cet attrait, nous remarquons qu’une dimension tragique apparaît. En effet, nous observons de nombreux éléments relevant du registre tragique, par exemple un euphémisme à la ligne 2 « des corps tombent ». Ensuite, la phrase négative « Il n’y a plus d’autre solution » à la ligne 1 témoigne d’une prise de décision difficile. Ce manque de possibilité accentue l’affolement et par conséquent l’aspect terrible. De plus, l’auteur souligne parfaitement l’horreur de la scène en montrant la panique et l’absence d’humanisme en ajoutant « chacun tente de sauver sa vie » à la ligne 17. Ensuite, l’extrait se termine par une proposition qui donne à la scène une fatalité tragique « le pire reste à venir ». Il est évident que cette fin indique une perspective catastrophique. Cette dimension différente transfigure la scène en lui ajoutant une image tragique.

...

Télécharger au format  txt (8.2 Kb)   pdf (58.4 Kb)   docx (10 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com