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L'apprentissage Dans Le Rouge Et Le Noir De Stendhal

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Par   •  18 Février 2014  •  3 331 Mots (14 Pages)  •  4 464 Vues

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I.2 Premières rencontres, premières impressions, Mme de Rênal, Mathilde

On emploie généralement cette rencontre pour introduire la naissance des sentiments entre les héros des romans, cette rencontre nous introduit vers une relation future qui pourrait être admise par les protagonistes ou rejetée par les vertus.

Dès la première rencontre de Julien et de Mme de Rênal, Stendhal nous raconte l’effet du coup de foudre qu’ils ont eu tous les deux :

«Mme de Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint aussi éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes qui s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là ce précepteur qu’elle s’était figurée comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !».1

I-2-1 Analyse sémantique et lexicale de la scène

Dans son essai à la scène de première vue, Jean Rousset définit la première rencontre comme :

« Un instant qui pose un commencement et détermine des choix qui retentiront sur l’avenir du récit et sur celui des personnages ».2

La première rencontre est une scène de base qui constitue souvent l’introduction aux tournants du roman.

Alors que Julien arrive à la résidence des De Rênal, avec des yeux remplis de larmes, après une scène brutale avec son père, il arrive et le cœur du lecteur est déjà de ses côtés. Pour Mme de Rênal la scène est inattendue, et cela va jusqu’à la confusion, elle le prend pour une jeune fille déguisée alors qu’elle s’attendait à un être brutal et sévère. Un jeu de regard est établi entre les deux personnages. Nous tenterons d’analyser le choc affectif issu de cette rencontre et étudier le jeu d’échange des regards à travers les verbes que Stendhal utilise ainsi que leurs effets émotionnels sur les deux héros.

Tout d’abord c’est Mme de Rênal qui a l’occasion d’observer le nouvel arrivé, sans être vue, « elle aperçut près de la porte d’entrée la figure d’un jeune paysan presque encore enfant », elle observe son teint, ses yeux et Mme de Rênal avec son esprit romanesque le confond avec une fille déguisée, elle eut pitié de cette pauvre créature qui « n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette », Mme de Rênal ainsi que le lecteur sont touchés par son état, alors qu’il n’est encore au courant de rien. « Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s’avancer » et quand il se retourne l’ironie de Stendhal attendri encore plus la position du lecteur « Il oublia tout, même ce qu’il venait faire ».

Sans se poser de questions, Mme de Rênal et après l’avoir vu et jugé de loin, vient s’approcher tout près de lui et même souffler à son oreille une phrase si tendre « Que voulez-vous ici mon enfant ».

Tout est là pour faire de cette première rencontre un moment si exceptionnel : Après avoir été grondé par son père, Julien voit le visage angélique de Mme de Rênal tout près de lui ; cette dernière qui s'attendait avec tristesse à un vieux précepteur qui allait gronder ses enfants montrerait une joie énorme quand elle saurait que ce jeune enfant est le précepteur attendu.

Une série de verbes qui marquent l’étonnement et la surprise découlent du passage. Les mots dérivés du verbe ‘étonner’ sont nombreux dans cette rencontre et marquent la particularité de cette scène, alors que les verbes appartenant au champ lexical du verbe ‘voir’ se trouvent à 5 fois avec une différence de temps et de mode : le passé simple « elle aperçut » qui marque la surprise, l’imparfait « il ne la voyait pas » qui marque la continuité, le mode pronominal « se regarder » qui marque la réciprocité, « n’avait jamais vu » qui utilise la négation avec « jamais » pour marquer l’importance et la singularité de l’instant, et l’imparfait « regardait » qui marque la durée et la continuité.

A la page 34, Mme de Rênal regardait les grosses larmes et les joues pâles qui deviennent roses, l’émotion est réciproque, Mme de Rênal est étonnée un peu plus loin de se trouver à la porte de sa maison avec le jeune homme (ce n’est plus un enfant ?) presque en chemise et si près de lui.

A la page 36, Mme de Rênal saisissait les moindres nuances de ce qui se passait dans l’âme du précepteur. A la ligne 16, Julien demande protection et pardon et ira jusqu’à lui raconter que ses frères le frappaient et l’affection est encore produite même sur le lecteur.

A la ligne 29, Julien eut sur-le-champ l’idée de lui baiser la main et il accomplit l’acte à la page 37. Une hardiesse qui choque le lecteur mais qui produira une confusion déjà incompréhensible chez Mme de Rênal. C’est elle-même qui à la page suivante le contemplait avec des yeux étonnés, et par un mouvement presque instinctif déguisa la vérité de son jugement à son mari mais peut-être à elle même en disant :

« Je ne suis point aussi enchantée que vous de ce petit paysan, vos prévenances en feront un impertinent que vous serez obligé de renvoyer avant un mois ». 3

La première rencontre a donc fait son effet, et les deux personnages commencent déjà à se poser des questions sur cette rencontre qui continuera à avoir ses influences tout au long du roman.

Observons ensuite la rencontre entre Mathilde et Julien :

« Il aperçut une jeune personne, extrêmement blonde et fort bien faite, qui vint s’asseoir vis-à-vis de lui. Elle ne lui plut point, cependant en la regardant attentivement, il pensa qu’il n’avait jamais vu des yeux aussi beaux ; mais ils annonçaient une grande froideur d’âme. Par la suite, Julien trouva qu’ils avaient l’expression de l’ennui qui examine, mais qui se souvient de l’obligation d’être imposant. Madame de Rênal avait cependant de bien beaux yeux, se disait-il, le monde lui en faisait compliment ; mais ils n’avaient rien de commun avec ceux-ci. Julien n’avait pas assez d’usage pour distinguer que c’était du feu de la saillie, que brillaient de temps en temps les yeux de mademoiselle Mathilde, c’est ainsi qu’il l’entendit nommer.

Quand les yeux de madame de Rênal

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