Le Rouge et le Noir - Stendhal - extrait commenté, Chapitre 6 Livre premier

2ème Extrait

Chapitre 6 Livre premier

Julien se rend au domicile de M. et Mme de Rênal après avoir accepté la place de précepteur chez eux. MdR et lui se rencontrent, et cet événement est un choix pour les deux partis puisque Julien n'a encore jamais rencontré de femmes et MdR se faisait un portrait faussé du précepteur de ses enfants.

Comment la variation de points de vue permet-elle d'établir un portrait des deux personnages ?

I) Le jeu des regards

a. La rencontre entre Julien et MdR passe tout d'abord par le regard, cinq occurrences se rapportent à la vue : l.6 "ne la voyant pas s'avancer", l.9 "frappant du regard", l.14 "ils étaient fort prêts l'un de l'autre à se regarder","Julien n'avait jamais vu",l.16 "MdR regardait".

L'imparfait a ici une valeur durative tandis que le plus-que-parfait permet de souligner l'inexpérience de J. En effet MdR est la première femme à qui il parle dans le roman.

Enfin le verbe "se regardaient" sous entend une action réciproque, ils sont tout les 2 actifs dans cet extrait.

b. Cette rencontre est surtout un échange : MdR et J sont tour à tour les sujets de verbes se rapportant à la vue.

MdR semble d'abord être maîtresse du jeu : elle voit J en premier sans qu'il s'en aperçoive, c'est sa parole qui introduit l'échange.

J, lui, est sujet de verbes niés par "ne pas" et "ne jamais".

Alternance entre les points de vues de J et MdR accentue encore cet échange: leurs pensées se confrontent.

Nous avons donc un extrait où les deux personnages s'appréhendent l'un l'autre, le jeu de regards permet ainsi l’émergence de deux portraits.

II) Le double portrait

a. Lorsque MdR voit J pour la 1ere fois, elle est frappée par son aspect fragile et gracile. Par 2 fois elle le prend pour une fille « elle eut d’abord l’idée que […] déguisée » et « elle trouvait l’air […] précepteur ». L’apparition de J semble attendrissante car le jeune homme apparaît comme vulnérable : il est qualifié de « petit paysan », « jeune paysan », « pauvre créature », et MdR va jusqu’ à l’appeler « mon enfant ». Elle est également frappée par sa beauté : « le teint si blanc », « les yeux si doux », « la beauté du teint », « les grands yeux noirs », « ses jolis cheveux ».

b. J de son côté est tout d’abord touché par le regard de MdR « frappé du regard si rempli de grâce », l’intensif « si » accentue l’étonnement de J. Son élégance vestimentaire est ce qui le marque le plus « un être si bien vêtu », « une femme si bien vêtue ». A travers cette élégance ressort la ≠ de classe sociale entre les 2 perso. J y est particulièrement sensible lui qui rêve d’une ascension sociale. « il s’était dit qu’aucune dame […]uniforme ». Il est aussi sensible à la douceur de son apparence

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