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Jules Laforgue "Apothéose"

Mémoire : Jules Laforgue "Apothéose". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2015  •  3 681 Mots (15 Pages)  •  2 515 Vues

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Lecture analytique : Jules Laforgue, « Apothéose »

Introduction : le poème est extrait d’un recueil de poèmes datant de 1881 (sans doute appartenant au recueil de poèmes jamais paru, Le sanglot de la terre) . Le texte est d’abord dédié à Paul Bourget, poète et romancier grâce auquel Jules Laforgue avait pu obtenir le prestigieux poste de lecteur attitré de Augusta de Prusse.

Le poème est un sonnet qui témoigne de l’influence du symbolisme de Baudelaire : on recherche l’émotion en s’attachant à évoquer des sensations gràce à la musique des mots (ce que l’on nomme les « correspondances » dans la poésie symboliste). Le poème témoigne de la recherche d’images originales, nouvelles pour échapper aux clichés, il essaie de transcrire l’imaginaire.

Ici, cette richesse des images, ces correspondances s’expriment dans une forme fixe : le sonnet, qui impose une progression, une logique, la création de liens entre les quatrains et les tercets. Mais le poème nous parle également du rôle de la poésie et du poète.

Problématique : quelle image de la poésie permet de créer le sonnet ici ?

I) le thème de l’espace

par l’évocation des lieux, le poète suggère l’idée d’un « rétrécissement » qui se construit au fil du sonnet.

1) des lieux multiples

Les mentions des lieux sont nombreuses : on part d’espaces plus larges en allant vers un point précis, comme si l’œil effectuait un « zoom ».

V3 : « des jardins » / V5 : « là-bas »/ V5 : « dans ce coin inconnu » / V10 : « et sur l’un » / « la Terre » / « un point jaune » / « Paris »

Ainsi, le sonnet est structuré autour de cette idée de rétrécissement :

- premier quatrain : espace large et rempli de mouvement

- deuxième quatrain : un coin, espace plus réduit

- premier tercet : un « essaim », un point, Paris, et finalement le poète seul au V11 : « le pauvre fou »

Ce phénomène de rétrécissement est accentué par le rythme de certains vers :

- V2 : allitération en R qui ralentit la diction, donnant la sensation d’un mouvement lent (comme celui des planètes, des astres)

- V10 : l’alexandrin est découpé en groupes de syllabes : 3+ 3 + 3 + 2 . Impression de rythme, de répétition puis effet de chute .

- V11 : allongement progressif des syllabes : 1 + 2 + 3 + 6 crée une sorte de « suspens ».

= donc dans le poème, le lecteur est comme guidé, à travers un voyage où se mèlent les mouvements et les sons, vers le poète lui-même. Mais le thème du rétrécissement n’est pas le seul à mettre en valeur la présence du poète dans son texte.

2) de la multiplicité à l’unicité

En parallèle avec le thème du rétrécissement, le texte évolue de l’idée de la multiplicité vers quelque chose d’unique :

- premier quatrain : on a systématiquement la marque du pluriel et l’évocation d’éléments qui font référence à des quantités multiples : « en tous sens », « fourmille », « grappes d’astres d’or », « des jardins » « sablés »= grains de sable.

Le pluriel semble évoquer ici l’univers dans lequel évolue le poète.

Paradoxalement , cette idée de quantité, de profusion des éléments s’accompagne de l’évocation d’une solitude au vers 4 : « chacun », « morne », « très solitaire ».

A l’inverse, les images suggérant, décrivant le poète sont au singulier, évoquent le caractère de ce qui est unique :

- V 7 : « patriarche » = celui qui est le plus ancien, que l’on respecte, un seul dans une famille

- V 7 et 11 : « une étincelle », « une lampe » : la lumière unique, celle qui guide, qui montre le chemin

- V 11 : « un pauvre fou » : celui qui est seul et différent.

Au bout du poème : le sonnet (V14) qui semble être le résultat de la rencontre entre un univers fantastique et du poète

= donc : la multiplicité représente la richesse de la matière poétique

L’unicité représente la faculté du poète à transformer cette richesse en objet unique, une « merveille ». Le thème évoque également la solitude du poète.

II) les caractéristiques de l’univers évoqué

1) un monde de mouvement et de lumière : la vie sous toutes ses formes

- L’univers du poète est un monde constamment en mouvement :

- évocation d’un monde qui grouille de vie par des métaphores animales : V 1 « fourmille », V9 « essaim »

- évocation de mouvements plus lents, rythme grandiose de l’univers : V2 « tournoiments » des astres

- évocation de mouvements rapides, vifs : « pétille », « tremblote », « clignotement »

- l’univers du poète est un monde lumineux : « astres d’or », « diamants », « scintille », « étincelle », « lampe », « miroir », « jour »

Plusieurs termes appartiennent à la fois au champ lexical de la lumière et à celui du mouvement : « pétille », « tremblote », « clignotement ».

Ces deux idées sont donc mélées pour créer une impression de monde cosmique, la représentation d’un espace dans lequel grouille la vie.

2) un monde de tristesse de solitude :

les termes évoquant la vie se trouvent dans les deux quatrains mais ils sont parfois, dans cette même partie du texte, associés à d’autres termes opposés qui évoquent la tristesse, la solitude :

V1 : c’est le « silence » qui « fourmille »

V4 : c’est « chacun, morne et très solitaire » qui « scintille »

V 5/6 : le verbe « pétille » (= la vie, la joie) est associé à l’adverbe « mélancoliquement

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