Inventer une architecture exemplaire

Les architectes configuraient traditionnellement les cadres de la vie sociale. Aujourd'hui, la plupart des architectes sont aliénés de cette responsabilité originelle. En conséquence, une dimension sociale articulée fait défaut dans une grande partie du travail contemporain. Pourtant, tous les architectes n'abdiquent pas leur rôle. Ces architectes et leur architecture sont au cœur de cette étude. L'utopie, comme un imaginaire semblable à la projection architecturale, guide cette exploration des architectes qui envisagent une architecture exemplaire comme cadre de vie sociale. Une telle architecture, comme les utopies, envisage des ensembles composés de parties interdépendantes. L'interdépendance d'une partie et d'un ensemble en tant que constitutif du potentiel est un thème persistant de l'imagination sociale et architecturale. L'examen de ce thème comprend des lectures approfondies dans toutes les disciplines, en particulier les textes utopiques, les études utopiques et les théories architecturales. Bien que l'architecture exemplaire partage des caractéristiques dans l'espace et dans le temps, cette étude se concentre sur le thème de la partie ou de l'ensemble du thème pendant les deux décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. C'est au cours de ces années que l'utopisme de l'architecture moderne a commencé à s'estomper à mesure que les idées sur la configuration sociale ont été mises en doute, en partie en réponse aux horreurs potentielles de la modernité révélées par la guerre. Néanmoins, certains architectes ont relevé ces défis en tentant d'enrichir et de réformer l'architecture contemporaine. Parmi ces tentatives, La Tourette de Le Corbusier, le Salk Institute de Louis I. Kahn et l'orphelinat d'Amsterdam d'Aldo van Eyck sont examinés (tous ont été construits entre 1953-1965, chacun ayant une dimension utopique, et les occupants et architectes les reconnaissent comme exemplaires). Comme des utopies, ces bâtiments présentent des idées sur des conditions sociales alternatives. Ces visions ont si souvent leurs racines dans un passé exemplaire que la conviction de ce qui devrait être semble exiger un passé, même mythique, pour en découvrir le potentiel. Bref, il ne peut y avoir d'utopie, ni d'architecture exemplaire, sans un âge d'or sur lequel s'appuyer. En fin de compte, l'utopie offre aux architectes un moyen de recouvrer leur capacité de voir le tout dans la partie et la partie de l'ensemble - un avantage positif pour la théorie et la pratique de l'architecture qui pourrait ramener les architectes à la configuration des contextes sociaux. ^

...