Hugo défend le choix de tout écrivain de mettre la littérature au service de grandes causes

En réponse à des critiques qui lui reprocheraient d’avoir engagé la littérature dans le combat politique, Victor Hugo écrit un article où il défend le choix de tout écrivain de mettre la littérature au service de grandes causes. Vous rédigerez cet article.

PLAIDOYER POUR UNE LITTERATURE AU SERVICE DES GRANDES CAUSES

Certains lecteurs de ce journal ont récemment exprimé leur hostilité au fait que les écrits que j’y publie abordent des sujets politiques et la défense des valeurs auxquelles je crois.

Selon eux, une œuvre littéraire a pour unique fonction de plaire, de donner du plaisir au lecteur ; elle doit se limiter à un rôle esthétique et ludique, lui permettant de se distraire et de s’évader.

En ce qui me concerne, je prétends que cette vision de la littérature est réductrice : une œuvre littéraire en est-elle moins bonne qu’une autre tout simplement parce qu’elle appelle le lecteur à réfléchir, à ouvrir les yeux sur certaines choses importantes ? Une des fonctions de la littérature n’est-elle pas d’amener ce dernier à se poser des questions sur des sujets dont il ne se préoccupait pas, ou peu, avant ?

Même si ce procédé semble en offusquer certains, il a été utilisé dès les premières civilisations jusqu'à nos jours.

Ainsi au 1er siècle avant Jésus-Christ, Cicéron déjoua par la seule force de ses discours, les Catilinaires, à s’indigner de la corruption de son époque et à déjouer une conjuration qui menaçait la république Romaine en crise.

Les esprits querelleurs n’y verront qu’un acte politique mené par un homme doté de qualités d’écriture exceptionnelles ; moi j’y décèle la décision d’un citoyen de jouer un rôle social actif en utilisant une des meilleures armes dont il disposait, à savoir sa plume.

Au siècle dernier, Montesquieu dans ses Lettres Persanes a connu un grand succès en maniant l’exotisme, un ton spirituel et amusé pour décrire de manière distrayante la société française et ses imperfections, ce qui ne l’a pas empêché de s’impliquer en critiquant la monarchie et en défend les droits des esclaves des colonies dans on œuvre De l'esprit des lois.

Quel autre plus bel exemple que celui du grand philosophe Voltaire dont nous connaissons tous le talent littéraire ? A la fois conteur, poète et dramaturge, maniant l’ironie à la perfection, il n’a eu de cesse, parfois au mépris de sa propre sécurité, de combattre pour la liberté, la justice et la tolérance, de s’élever contre l’intransigeance des religions, ou comme dans Mélanges, pamphlets et œuvres polémiques, les inégalités subies par les femmes.

Plus près de nous encore, George Sand dénonce dans son journal La Cause du peuple les conditions de vie des ouvriers et des personnes de classe sociale basse, cause que je soutiens de toutes mes forces.

Pour parvenir à nourrir leurs familles, certains de nos concitoyens se voient contraints de voler, d’agresser, et sont condamnés à de lourdes peines qui les entraînent dans une spirale de délits et de crimes à laquelle ils ne peuvent échapper.

J’ai choisi de ne pas vivre comme un écrivain isolé dans une tour d’ivoire, mais d’être un homme ancré dans mon époque, et c’est la raison pour laquelle je lutterai encore et encore contre

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