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François le Champi, George Sand

Commentaire de texte : François le Champi, George Sand. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Décembre 2020  •  Commentaire de texte  •  3 143 Mots (13 Pages)  •  782 Vues

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Commentaire sur François le Champi, écrit par George Sand.

          Ce texte est un extrait du roman François le Champi écrit par George Sand en 1848. Conte philosophique, ce roman d’apprentissage raconte la vie de François, un enfant champi qui après avoir connu la misère, a été éduqué et aimé comme un fils par Madeleine, une femme à la morale et bonté remarquable. Cet extrait se situe au dernier chapitre du livre, alors que François souhaite officialiser son amour envers Madeleine avec le soutien de Jeannette. Nous approchons peu à peu des dernières lignes, ainsi nous pouvons nous demander dans quelle mesure ce texte constitue un enjeu décisif pour l’évolution de l’intrigue et son dénouement ?

Tout d’abord, nous verrons que l’agencement du texte donne à ce dernier une importance essentielle, destinée à l’issue du récit mais aussi à l’ensemble du roman. Puis, nous observerons de quelle manière la conclusion du roman est amenée par la psychologie des personnages,  tout en laissant au lecteur le loisir de douter.

          Dans ce texte, les premières lignes exposent le retour de François chez Madeleine, en compagnie de Jeannette. Le contexte de ce retour est particulier : François était parti consulter l’évèque afin de lui demander conseil au sujet de son amour pour Madeleine, car avant son départ les deux protagonistes demeuraient dans la confusion, François souffrant par amour et la meunière étonnée de ce changement de la part du champi. Mais c’est finalement Jean Vertaud et Jeannette que François a rencontré en chemin, et c’est avec ses deux amis qu’il retourne à son foyer d’adoption. Au sein du conte, on assiste alors au retour du héros, qui à la suite des épreuves traversées revient là où il souhaite s’établir. Ce tournant radical dans l’intrigue est accentué par la surprise de Madeleine à la vue du champi : «  Madeleine ne l’attendait pas si tôt à revenir. Elle avait même eu crainte qu’il ne revînt plus du tout » lignes 22-23. Ses inquiétudes, relatées au plus que parfait dans le texte, rappellent la tension dramatique accumulée au cours des chapitres précédents. Cependant les incertitudes de François semblent s’éloigner, comme en atteste la métonymie « son coeur était plus aise qu’au départ » ligne 3. Le narrateur décrit les impressions de François par le biais du coeur, le lieu des sentiments et des décisions, ainsi l’on devine que François a franchi une étape supplémentaire dans son apprentissage et qu’il est d’autant plus fort pour surmonter les obstacles. On remarque que la temporalité du texte « Ce fut à soleil couchant » ligne 1 renforce cette idée, car c’est une précision temporelle symbolique dans le cadre du conte. C’est le crépuscule d’une existence tourmentée et jalonnées de dangers pour le héros, mais surtout l’annonce d’un renouveau prochain et définitif dans sa vie future.

          Par ailleurs, on peut remarquer que ce retour du champi adulte s’oppose par la suite à une réminiscence de François concernant son enfance. En effet, nous pouvons lire un récit analeptique à partir du complément circonstanciel de temps «  où il était tout petit enfant » ligne 8. La conjugaison est à l’imparfait, valeur de description propre à l’analepse, au cours de laquelle François se remémore avec affection ses habitudes d’enfant. Le souvenir est rythmé par le champ lexical de l’insouciance enfantine « se cacher » ligne 5, « rêvant et baguenaudant » ligne 8, ainsi que par un vocabulaire paysan présent tout au long du texte et qui met en valeur le réalisme social : « à soleil couchant »,« grand’bandes »,  «piaulis « à l’entour de sa tête » « ressouvenir », « le parlage » et « s’en reconsoler ». Le lexique rustique est d’autant plus marqué dans la berceuse dont se souvient le champi, avec des homéotéleutes en « iots » lignes 16 à 18 et en « iant » lignes 19 à 21, dénotant un lexique local très prononcé. La chanson, citée dans le langage rural, a une valeur affective très importante pour François. C’est une pause analeptique qui retarde l’action, la berceuse permet de rappeler les racines paysannes et émotionnelles du personnage. Il repense à sa mère adoptive « Zabelle » ligne 12, sans jugement ni rancune malgré le comportement ambigu de cette dernière à son égard. François ne renie pas son enfance difficile, il revient vers ses racines de façon nostalgique avec la berceuse qui évoque un oiseau, cet animal donnant une tonalité légère et onirique au passé. De plus, le narrateur commente ce souvenir en évoquant un certain attachement pour la région qui a vu grandir le champi. «  Et là-dessus il vit une belle pive, que dans d’autres endroits on appelle bouvreuil » ligne 9 à 10, « notre pays » ligne 13. Le déterminant « notre », de part sa valeur possessive, insiste sur l’idée que François a grandi et vécu pendant tout ce temps au même endroit, et qu’il ne souhaite en aucun cas partir de cette région qui a construit son histoire sociale, qui a fait de lui l’homme qu’il est devenu. Aussi, on peut relever que l’abondance particulière de termes ruraux dans cet extrait ne rappelle pas seulement l’enfance du champi, mais la volonté de George Sand vis-à-vis du langage, rendu accessible à tous les lecteurs dans la mixité sociale.

           Enfin, si le texte est structuré par le retour de François et un récit analeptique, il repose également sur une motivation portée par François et Jeannette, qui est déterminante pour la suite du roman. Jeannette s’est engagée à aider François pour persuader Madeleine de son amour. Bien que la conclusion de cette entreprise n’est pas visible dans cet extrait, plusieurs phrases désignent par prolepses les événements à venir. «  il avait bon espoir dans l’amitié de Jeannette » lignes 2 et 3, «  elle voulait s’en reconsoler par la bonne action qu’elle faisait » lignes 39 et 40. Ces phrases suggèrent l’optimisme de François et Jeannette pour l’avenir, l’intervention de Jeannette sera en faveur de l’amour de François et sera concluante, à l’image de la « poignée de mains » ligne 33, échangée par les deux femmes qui symbolise un accord tacite avant même que leur conversation soit engagée. De même, la pive qui « frétillait à l’entour de sa tête comme pour lui annoncer bonne chance et bonne nouvelle » lignes 10 et 11, fait ici office d’intuition pour François. Il rencontre l’oiseau au moment même où il espère une fin heureuse pour lui et Madeleine,  tel un signe du destin qui élève le champi au rang de héros mythologique dont l’oracle s’accomplit enfin. D’autre part, les émotions de François sont aussi observées à travers le paysage qui l’entoure, ce qui est révélateur du romantisme également présent dans cet extrait. On peut parler de paysage état d’âme, étant donné que la nature environnante traduit la joie de François, avec notamment le champ lexical du mouvement « chantaient », « se cacher », « voletaient » et « frétillait » lignes 5 à 10. Par hypotypose le paysage est particulièrement vivant, et à lui seul il exprime la détermination retrouvée de François et le bonheur à venir, à l’image de l’atmosphère qui règne chez Madeleine à son retour. Elle pense « fêter » ligne 29 les amis de François, ce qui signifie qu’un événement festif et joyeux, quel qu’il soit, est sur le point d’arriver.

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