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La Condition Feminine Dans Les Derniers Romans De George Sand

Mémoire : La Condition Feminine Dans Les Derniers Romans De George Sand. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Décembre 2013  •  8 567 Mots (35 Pages)  •  2 763 Vues

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Université des Sciences Humaines de Strasbourg

LA CONDITION FÉMININE

DANS LES DERNIERS ROMANS DE GEORGE SAND

de Monsieur Sylvestre (1865) à Albine (1876)

THÈSE DE DOCTORAT

LITTÉRATURE FRANÇAISE

présentée par Annie CAMENISCH

sous la direction de M. Jean-Pierre LACASSAGNE

1997

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SOMMAIRE DE LA PAGE

INTRODUCTION

SOMMAIRE

PETIT MEMENTO DES DERNIERS ROMANS

CONCLUSION

PUBLICATION

CLIQUEZ SUR LES LIENS

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INTRODUCTION

L’indépendance affichée par George Sand, notamment dans sa vie amoureuse, a contribué à propager le cliché d’une femme émancipée, souvent confondu avec celui d’une militante féministe. Il est vrai que la romancière a conquis sa liberté de haute lutte et s’est affranchie du mariage à la suite d’un procès célèbre contre son mari. Séparée de Casimir Dudevant, elle est rentrée en possession de son bien et a obtenu la garde de ses enfants. Toute sa vie, elle a travaillé énergiquement pour assurer son autonomie et entretenir sa famille. Durant le printemps de 1848, elle s’est engagée avec passion dans l’action politique par des articles de presse, des pièces de théâtres, des romans.

Si sa vie témoigne d’une volonté farouche de quitter la condition réservée à ses paires au XIXe siècle, George Sand a-t-elle pour autant fait œuvre féministe, c’est-à-dire participé à un « mouvement qui préconise l’extension des droits, du rôle de la femme dans la société »[1] ? A travers les portraits multipliés de la mal mariée, ses premiers romans donnent corps à sa révolte contre l’institution du mariage. Certains critiques littéraires, comme M. Nisard[2], y ont décelé une apologie de l’amour libre, idée reprise par René Doumic qui considère Indiana, Valentine et Jacques comme des « romans de vulgarisation de la théorie féministe »[3].

Plus récemment, on a relevé un décalage entre cette opinion communément répandue et le véritable engagement de l’écrivain pour la cause féminine. Des critiques américaines « portées par le mouvement féministe, ainsi que par la théorie féministe renouvelée par le néo-féminisme français »[4], ont sévèrement jugé George Sand. Leslie Rabine, par exemple, qui appuie son étude sur Indiana, « reproche à Sand de fonder son statut exceptionnel de femme écrivain sur l’infériorité des autres femmes »[5]. En France, Michèle Hecquet souligne plutôt la réticence de George Sand « devant le féminisme des saint-simoniennes »[6]. En 1837, la romancière exprime, dans les Lettres à Marcie[7], ses idées sur la place des femmes dans la société. Tout en reconnaissant des capacités indéniables aux femmes, le destinateur refrène les aspirations de sa correspondante à jouer un rôle actif dans la société : « [...] préservez-vous de ces ambitions folles. Les femmes ne sont pas propres aux emplois que jusqu’ici les lois leur ont déniés. Ce qui ne prouve nullement l’infériorité de leur intelligence, mais la différence de leur éducation et de leur caractère : ce premier empêchement pourra cesser avec le temps ; le second sera, je pense, éternel »[8]. Michèle Hecquet interprète ce « refus opposé par Sand aux féministes » comme « l’agressivité de l’individu envers son double, l’image où il ne veut pas se reconnaître »[9].

Mais c’est surtout à partir de 1848 que le soupçon d’antiféminisme[10] pèse de plus en plus sur la romancière. Son absence de solidarité envers les militantes de cette époque témoigne d’une réticence ostensible à leur endroit. Lorsque le 6 avril 1848 La Voix des femmes propose la candidature de George Sand à la députation, celle-ci se démarque publiquement des « principes dont ce journal voudrait se faire l’organe »[11]. Dans une longue lettre inachevée qu’elle comptait adresser aux membres du Comité central[12], elle revient sur la question féminine, commence par s’opposer à toute intervention politique immédiate des femmes mais réclame aussi les droits civils pour son sexe. La lettre restera finalement dans son buvard et aucune publication ne reprendra la même idée.

Dans Histoire de ma vie, écrit entre 1847 et 1855, George Sand déclare ne pas douter « que la femme soit différente de l’homme, que le cœur et l’esprit aient un sexe »[13], quels que soient les progrès de l’éducation. Pour Claudine Chonez qui lui reproche aussi de refuser aux femmes « le droit au plaisir », la romancière toucherait « ici à l’antiféminisme pur et simple »[14]. Elle ajoute : « Quant à son opinion sur l’intelligence des femmes et leur aptitude à l’action, c’est bien plus grave. Sand, qui semble oublier ses propres dons, est ici plutôt réactionnaire »[15]. Même lorsque la romancière déclare, dans une lettre à Flaubert en 1867, qu’il « n’y a qu’un sexe »[16] et observe que, dans son enfance, son fils était « femme bien plus que [sa] fille qui était un homme pas réussi »[17], Naomi Schor y voit l’expression d’un sexisme flagrant. Il s’agirait là d’une réaffirmation de la supériorité de l’homme à la fois masculin et féminin au détriment de la femme privée de tout attribut[18]. En convenant de l’unicité des sexes, elle nierait leur égalité.

Michèle Hecquet corrige « l’image de Sand antiféministe »[19] en montrant que la réticence de la romancière s’adresse davantage à la politique qu’aux femmes qui revendiquent leur participation. Cependant, dès 1848, ses oeuvres afficheraient une sévérité nouvelle à l’égard de l’émancipation féminine « qu’il s’agisse de liberté amoureuse ou de développement des talents »[20]. Michèle Hecquet relève notamment l’évolution de la pensée sandienne de Jacques (1834) au Dernier Amour (1867) : « Là, le héros s’efface pour que sa jeune femme puisse connaître le bonheur ; ici, la jeune femme est jugée responsable de tous les désordres »[21].

Pourtant,

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