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Fils de Doubrovsky

Étude de cas : Fils de Doubrovsky. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Mars 2019  •  Étude de cas  •  1 833 Mots (8 Pages)  •  566 Vues

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Fils de Doubrovsky

 Histoire de Fils 

C’est Serge Doubrovsky qui créa ce nouveau genre qui permet la fictionnalisation de soi dans la littérature. Il présenta à Claude Galimard un dossier de 2'599 feuillets, qu’il dû refuser de publier à cause d’incertitudes politiques et économiques, même s’il trouvait le travail remarquable. Doubrovsky était dans l’incapacité de réduire cet ouvrage, il demanda à son ami Jean Paris de le faire à sa place. Une fois Le Monstre dégrossit (plus que 535 feuillets), il coupa les feuillets bons et les colla ensemble pour les renvoyer à Galimard. Cette version fut gardée mais Serge Doubrovsky dû encore changé le titre (Fils).  

A la différence de ses fictions antérieures, Doubrovsky se met lui-même en scène dans ce livre. Avec Fils, il a essayé de mettre par écrit ce qui fut « l’essence ou le vif d’une longue affaire de parole ». Il a pas voulu se tenir à des règles théoriques, car il n’a jamais été un grand adepte des schémas à suivre. Il a préféré suivre ses besoins ou ses envies spontanées d’homme libre.  

Il est donc à la fois le narrateur et le personnage principal de ce récit qui relate la journée d'un professeur de Lettres françaises, appelé SD ou Serge. Son réveil, dans sa maison, dans une université de New-York, sa séance de psychanalyse autour d’un rêve de monstre marin, son cours à l’université sur le récit de Théramène dans Phèdre (de Racine), ses déchirements entre deux langues, deux métiers, deux femmes, entre le passé et le présent. Ce nouveau livre, qui n’est qu’un long monologue intérieur, évoque autant la notion de filiation que le tissage textuel, d’où le titre à double sens : Fils. Mais le titre/ livre va plus loin qu’un double sens et J.-M Maulpoix résume très bien ce livre et ce que Doubrovsky a voulu faire : « Qui est le fils de qui ? de quoi ? Quel fil relie ceci à cela ? De multiples réponses se laissent imaginer. Elles se mélangent, à mesure que les pages défilent, et forment bientôt un écheveau inextricable : l’enfant, fils de Freud, se déroule au fil de l’homme, il remonte en spirale au fil de vivre, au fil de la mémoire, au fil du rêve, tout comme les mots, fils du texte, le roulent et l’enroulent à la file… »  L'ensemble est donc raconté dans un style débridé, avec une ponctuation étrange et lâche, suivi de jeux typographiques incessants mais qui nous plonge rapidement dans sa vraie vie. 

 

Les Différents Chapitres  

Son roman est issu d’une dépression qu’il a fait après la disparition de sa mère, où il essaie de comprendre l’impact du lien maternel sur cette impression qu’il a de vivre une vie de fiction dans sa vie réelle. Il exprime, dans le chapitre Rêve, sa difficulté à trouver une place au sein de sa famille, puisqu’il a été un enfant désiré pour remplacer son cousin mort durant la guerre de 14-18.  

« J’existe au passé [...] Je fonctionne dans l’autre sens. Cousin Julien, aux Dardanelles disparu. Je reparais. À sa place. Je l’aimais comme un frère. Il était attaché à ma Maman comme un fils. Tué à la guerre. Suis là pour le perpétuer. Je suis le cousin de Maman. Son frère. Je nais en famille. Je renais. De ses cendres. » p.296  

Il explique aussi sa recherche d’amour et d’affection constante de la part de sa mère. Son deuxième prénom lui a été donné dans l’espoir qu’il devienne écrivain ou violoniste. 

« On t’a appelé Julien. Pour la famille. […] mais on t’a appelé Serge pour quand tu serais. Papa, violoniste. Maman écrivain. […] Célébrités, ont décidé. Avant ma naissance. Que je serais. Quelqu’un. À leur place. » P.293 

Doubrovsky aborde aussi New-York dans nombreux de ses livres dont Fils, où il aime se promener. Ses balades au cœur de cette ville américaine est une source constante d’inspiration et de recensement d’images qui est en parfaite adéquation avec son écriture qui ressemble à une marche rapide.  

Les chapitres « strates » et « streets » dénote bien cette substitution sémantique entre la marche et la trace écrite inspirées par un mouvement rythmé, haletant et parfois accéléré qui rappelle la vie très active et rapide de la ville de New-York. 

  

De Fils à autofiction 

Serge Doubrowsky cite lors d’un entretien les trois raisons qui l’ont forcé à écrire son autofiction 2. Comme dis précédemment, la première raison est la mort soudaine de sa mère en 1968. La deuxième raison, était son besoin d’entrer en analyse car seul il n’y serait pas arrivé. Son analyse se faisait à New-York et avec la barrière de la langue, Doubrovsky avait la sensation de ne pas réussir à tout exprimer. Son analyste lui conseilla de noter ses rêves dans un cahier et c’est donc au début de son analyse qu’il s’est rendu compte de son besoin d’écrire cette expérience si intime. Et sa troisième raison n’est autre que la découverte de l’écrivain Proust. Il connaissait déjà ses œuvres mais voulu faire un cours sur lui et approfondir en lisant les trois tomes de la Pléiade. Il a été séduit par le fait « d’essayer de faire revivre toute sa vie par la vertu de l’écriture ». Il fut ensuite attiré par la manipulation de la langue de Proust mais il considérait quand même ses romans très traditionnels sur la forme. Pour lui il n’y a pas de début et de fin, son roman devait être comme la vie, désordonnée. C’est comme ça qu’il commença à écrire par fragmentations de souvenirs ou de paroles qui était pour lui capital.  

Mais malgré ses raisons qui l’ont poussé à faire de l’autofiction, il ne s’est rendu compte de ce terme que très tardivement. Il explique dans une interview pour Le Monde en 2013, comment ce terme est apparu :  

« Quand ils m'ont demandé de rédiger la quatrième de couverture, le mot autofiction m'est venu à l'esprit, je ne sais trop comment. Je ne voulais pas créer un nouveau genre littéraire, je tentais juste de définir ce que je venais de faire.»2 

Il exprime bien le terme autofiction avec sa prière d'insérer : 

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