Fight Club

L’époque postmoderne est une période contemporaine dans laquelle s’effectuent d’importantes transformations culturelles. Elle ne remplace pas le modernisme : elles coexistent entre elles en tant qu’idées concurrentes. Le postmodernisme est né du scepticisme et d’un soupçon de raison des grandes institutions. Il a remis en question l’idée qu’il existe des certitudes ou des vérités universelles. Nous devons plutôt résoudre les problèmes de l’existence humaine sans norme et sans juges extrahumains. Pourquoi dit-on du roman « Fight Club » qu’il représente cette ère, autant dans sa forme que dans son contenu ? Ce roman présente bien les enjeux de l’époque postmoderne. Deux facteurs sont mis de l’avant pour appuyer cette thèse, le capitalisme et l’émasculation de l’homme provoqué par les conditions de vie.

« Fight club » est un exemple de postmodernisme qui brise totalement les conventions et qui remet en question le métarécit dans lequel la société vit quotidiennement. Dans le monde moderne, les gens veulent tous suivre et se conformer avec l’idéologie suivante : obtenir un diplôme universitaire coûteux, un travail qui peut rapporter plus d’argent et de biens matériels indésirables, avoir une belle demeure, se reproduire pour finir par inévitablement disparaître de ce monde. « On se trouve pris au piège de son adorable nid d’amour, et les choses qu’on posséda, ce sont elles qui vous possèdent maintenant » (p.60). À travers le narrateur, ce métarécit est observé. Cette citation est symbolique. Elle nous illustre que le protagoniste commence à former une prison dans laquelle il s’enferme lui-même, à travers le capitalisme. Les objets qu’il achète ne sont guère que des prix de consolation. Ils ne le rendent pas plus heureux et ne lui donnent aucun sentiment d’accomplissement. Il montre simplement son pouvoir d’achat. Afin de maintenir cette illusion de bonheur et d’exhaustivité, le narrateur doit continuer à travailler un emploi qu’il trouve répugnant. C’est grâce à Tyler que le narrateur se rend compte de sa fausse conception du bonheur et la rejette. « Ce n’est qu’après avoir tout perdu, dit Tyler, qu’on est libre de faire ce que l’on veut » (p.99). L’antithèse employée, qui oppose « tout perdu » et « faire ce que l’on veut », figure que ce n’est que lorsque Tyler influence le narrateur à faire sauter son appartement, que ses pensées commencent à changer dramatiquement. Il se sent libre pour la première fois. Il abandonne les propriétés matérialistes desquelles il se contentait antérieurement. Il se rend compte de son état pitoyable et l’existence insignifiante dans lequel il s’est incrusté sans le savoir. Il échoue à trouver un sentiment d’épanouissement dans le matérialisme et il réalise que ses efforts pour gravir les échelons de l’entreprise sont en vain. Il se rend compte que sa vie est métaphoriquement aussi vide que le réfrigérateur qui brûle dans son appartement. Ces successions d’évènements révèlent que l’intégration et le rejet du capitalisme et du consumérisme sont des aspects qui font partie de la vie quotidienne dans l’époque postmoderne de « Fight Club ». Toutefois, ce ne sont pas les seuls aspects aperçus. L’émasculation de l’homme en est une autre.

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