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Fiche analytique ; Yasmina Réza, " Art " : comprendre le paroxysme d'une crise

Cours : Fiche analytique ; Yasmina Réza, " Art " : comprendre le paroxysme d'une crise. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mars 2019  •  Cours  •  1 866 Mots (8 Pages)  •  3 222 Vues

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Séance4 Lecture analytique : Yasmina Réza, « Art » : comprendre le paroxysme d'une crise

Intro :

Yasmina Reza est diplômée en études théâtrales à Nanterre. Elle fait ses débuts d'actrice puis se lance dans l'écriture. Son premier succès en 1987 fut la pièce de théâtre Conversations après un enterrement.

En 1994, elle créé la pièce de théâtre Art. Cette pièce la rend célèbre dans le monde entier. Yasmina Reza est un auteur contemporain dont la production est très variée : théâtre, récits et romans.

Cette pièce connut un grand succès car elle a été traduite en 35 langues, elle raconte l’histoire de trois amis d’une quarantaine d’années qui vont se disputer et se déchirer  à cause de l’achat d’un tableau blanc.

Marc et Serge ne sont pas d’accord sur l’achat de ce tableau. Après que chacun en ait parlé à Yvan, leur ami commun, ils se retrouvent tous les trois chez Serge pour passer une soirée.

Cette soirée va tournée au drame et va ainsi mettre en lumière trois visions différentes de l’amitié. Ces dernière vont conduire au terme de leur relation.

Questions :

1) Peut-on parler de tragédie moderne dans cette scène ?

2) Comment cette scène donne-t-elle une vision moderne de la misanthropie ?

3) Quelle vision pessimiste ce trio nous donne-t-il de l'amitié ?

4) Yasmina Réza l'amitié comme une relation de pouvoir et de dépendance ?

5) Comment se joue cet échec amical dans cette scène ?

Plan pour la question 5

  1. Le « terme d'une relation de quinze ans » :

 1) L'enchaînement des répliques conduit à la fin de l'amitié (structure de la scène) :

La scène est composée d’un enchaînement de répliques qui conduisent, d'humiliation en humiliation vers la fin de l'amitié.

Chaque mot prononcé semble y amener les personnages de manière inévitable, si bien que la conclusion prononcée par Serge « nous voici au terme d'une relation de quinze ans » apparaît comme la seule issue possible du dialogue.

Ainsi on peut diviser le texte en trois étapes :

L1 à 11 : une accusation. Marc exprime sa jalousie, non pas provoquée par une femme, mais par un objet, le tableau qui est personnifié et désigné par une métonymie (l'artiste pour la peinture : « l'Antrios »).

L. 12 à 40 : le malentendu : en faisant le rappel du temps idyllique de leur amitié fusionnelle, Marc met au jour le malentendu qui existe entre eux sur leurs différentes conceptions de l'amitié: Marc exprime des regrets au passé en insistant sur son caractère révolu (« de mon temps », « il fut un temps »), tandis que Serge est dans une attitude de réaction éberluée : « qu'est-ce que cela signifie ? »(13), « c'est consternant »(39)

L 41 à la fin : l'échec de l'amitié. Cette révélation conduit au constat : « quel échec I »(40 à 42) répété trois fois. Le reste de la scène donne les causes de cet échec « c'est de ma faute » (58), « on ne devrait jamais laisser ses amis sans surveillance » (69)

2) Les attaques directes

Or si cette scène s'achève sur une rupture, c'est parce que les personnages ont le désir de mener la querelle jusqu'au bout. Ce désir s'exprime chez Marc de manière brutale, directe avec des insultes et des techniques d'humiliation assez grossières :

- Insultes : « être spongieux 19, « ta nature idolâtre »49, « ce malheureux Yvan {...1 qu'on a laissé devenir peureux, papetier », « la créature »8O.

 Les insultes vont plus facilement à Yvan qui est une proie plus facile.

Vocabulaire appréciatif très virulent : « Je hais cette autonomie » 27 « comme c'est cruel. Et petit de ta part »17, « une oeuvre , oeuvre absurde »54 « tu t'es mis à fréquenter le haut de gamme »59, ici employé ironiquement.

3) Les techniques de violence indirecte :

 Ce désir s'exprime ensuite de manière indirecte, surtout chez Yvan et Serge, par une violence non exprimée. Chacun cherche à discréditer les valeurs et le langage de l'autre :

 - Yvan traite par l'indifférence un débat qu'il méprise : « je m'en fous » (11), « continue, continue, je t'ai dit, ça glisse » (20). Cette fuite du débat conduit à la rupture même si le personnage ne le souhaite pas.

- Serge brise la logique du débat d'idées en le réduisant à des problèmes de vocabulaire : « qu'est-ce que cela signifie, de ton temps ?I »13, « J'apprécie le « sur le tard » »26, « qui nous apportait I Est-ce que tu réalises ce que tu dis ? »74.

En s'arrêtant sur un seul mot de la réplique de Marc, il n'y répond pas et réoriente le débat sur un autre problème : les valeurs amicales de Marc.

ll) Qui met en lumière trois postures irréconciliables :

Au cours de cette querelle, au delà de la question du goût artistique (qui est l'origine de la dispute puisque Marc n'aime pas le tableau blanc que Serge a acheté) s'expriment des rancoeurs profondes et des visions de l'amitié opposées.

1) Marc, nostalgique d'une amitié fusionnelle et déséquilibrée :

Le personnage de Marc suscite à la fois la compassion et l'exaspération du spectateur.

Il reproduit l'affirmation d'Alceste dans le misanthrope « Je veux qu'on me distingue », dans l'expression « du temps où tu me distinguais des autres » 14. Mais sa vision idéale de l'amitié montre que c’est un être orgueilleux et narcissique :

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