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Explication linéaire Mai Apollinaire

Dissertation : Explication linéaire Mai Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Décembre 2022  •  Dissertation  •  2 159 Mots (9 Pages)  •  164 Vues

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Apollinaire, Alcools, « Mai »

Explication linéaire

          Introduction :

               En 1913 la France est dans une effervescence culturelle importante : dans le domaine pictural nous assistons à de véritables révolutions esthétiques grâce au fauvisme et au cubisme. Au niveau technique les premiers vols motorisés lancent l’histoire de l’aviation. Toutes ces nouveautés influencent Apollinaire, un écrivain du XXème siècle. Dans son recueil Alcools il va bouleverser les codes poétiques traditionnels et devenir le poète de la modernité. Alcools réunit des poèmes très hétéroclites qui permettent de connaitre seize ans d’écriture poétique d’Apollinaire. Le poème « Mai » que nous allons étudier  fait partie du cycle des « Rhénanes » et est situé après « Nuit rhénane ». Dans ce poème le Rhin et les « Dames » ont une place importante. Il est composé de trois quatrains et d’un quintile, il est entièrement en alexandrins et en rimes embrassées. Nous pouvons nous demander en quoi ce poème appartient à la poésie traditionnelle. Nous étudierons dans un premier mouvement (vers 1 à 8) le thème de l’amour perdu puis nous analyserons dans le deuxième mouvement (vers 9 à 13) la description qui fait surgir le pathétique et enfin dans le troisième mouvement (vers 14 à 17) la mélancolie provoquée par la fuite du temps.

Mouvement 1 : vers 1 à 8

La première strophe s’ouvre sur une répétition, « Le mai le joli mai » v.1, cela donne un rythme alerte sur un seul hémistiche, le rythme 2 (le mai) + 4 (le joli mai) crée un élan et ressemble au rythme d’une ritournelle ou d’une comptine.

Le rythme est accentué par l’hémistiche suivant, en 6 syllabes « en barque sur le Rhin » v.1. Cette gradation du rythme s’ajoute au  thème du voyage : « en barque sur le Rhin » (à l’oreille, on entend« embarque »).

Les thématiques annoncées semblent tout à fait légères : une promenade en bateau au printemps, le mois de mai est qualifié de « joli » v.1, terme léger et positif.

Dès le deuxième vers les « Dames » v.2 apparaissent. Ce terme évoque des femmes d’une catégorie sociale aisée, et ancre (fixer) le poème dans une réminiscence (souvenir, rappel) des dames du Moyen Âge.

Et pourtant, dès le troisième vers, cette tonalité heureuse se fane. Alors que le poète, développant le thème de l’amour et de la séduction, s’adresse aux dames en question en disant « Vous êtes si jolies » v.3,  la conjonction de coordination « mais » v.3 accentuée par sa position juste après la césure rompt l’illusion que tout est beau, que tout va bien

 Le lexique se fait alors plus sombre : « s’éloigne » v.3, « pleurer »v.4, « se figeaient en arrière » v.5, jusqu’aux « pétales flétris » v.  8    tout à fait antinomiques avec la saison des floraisons.

Le cadre de la reverdie (genre poétique du Moyen-Age ) est bien présent dans le titre : le mois de mai appartient aux éléments de décor traditionnels du genre poétique de la reverdie.

A   t r a v e r s l e l e x i q u e  ce décor naturel est particulièrement mis en valeur dans les deux strophes d e  c e  m o u-  v-e m e n t   : « Rhin » v.1, «  montagne» v.2, « saules » v.4, « vergers » v. 5, « pétales »v. 6, « cerisiers de mai » v.7. Le terme de « verger » v. 5  s’ancre lui aussi    dans la poésie médiévale, en rappelant les « vergers courtois », lieux idylliques propices aux amours   naissantes.

Enfin, comme dans la reverdie traditionnelle, le thème de l’amour est présent à travers l e c o m p l i m e n t  et la séduction  « Vous êtes si jolies » v.3, la promenade en barque, et la mention de « celle que j’ai tant aimée » v.7.

Ce sont cependant les mots « celle que j’ai tant aimé »  v.7 qui montrent comment Apollinaire renouvelle le motif, en l’inversant : le mois de mai  n’est plus celui de l’amour trouvé, mais celui de l’amour perdu. Le passé composé renvoie en effet cette femme dans un temps passé, et, par l’adverbe intensif « tant » v.7, on comprend que les regrets du poète se trouve dans ce poème car son amour est perdu.

Dans le deuxième quatrain, la description des vergers se mêle à celle de la femme aimée. Elle est assez sombre : les vergers « se figeaient en arrière » v.5. L’immobilité et le renvoi à ce qui est passé annoncent tous deux la mort.

De la même manière, les pétales sont « tombés » v.6 et « flétris » v. 8, comme si ce printemps (mois de mai) était déjà arrivé en automne, saison de la mélancolie et du deuil dans Alcools.

La femme est décrite par la métaphore des pétales de cerisiers qui, par leur forme oblongue (forme plus longue que large) et leur couleur blanche, rappellent au poète les « ongles » v.7 de la femme aimée, avant que les pétales ne soient associés, par leur caractère « flétris » v.8 cette fois, à ses « paupières » v.8.

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