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Etude du poème Les Colchiques de Guillaume Apollinaire

Commentaires Composés : Etude du poème Les Colchiques de Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Février 2015  •  1 564 Mots (7 Pages)  •  1 705 Vues

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COMMENTAIRE - Apollinaire, Les Colchiques (Eléments pour un corrigé).

Contexte : En 1902, Apollinaire se trouve en Allemagne où il s’éprend d’une jeune fille, Annie Playden ; il lui déclare ses sentiments auxquels elle répond par l’indifférence. Il cherchera ensuite à la revoir à Londres. Cet épisode sentimental (qu’il jugera) malheureux inscrira dans son œuvre poétique le thème du « mal-aimé » dont on retrouvera des traces dans de nombreux poèmes, y compris dans la Chanson du mal-aimé.

Le poème « Les colchiques », extrait du recueil Alcools, se rattache par le thème et l’atmosphère, mais sans en faire partie, au groupe des « Rhénanes », textes inspirés par son séjour au bord du Rhin.

Commentaire :

Le poème Les colchiques, extrait du recueil Alcools publié en 1913, a été inspiré à Guillaume Apollinaire par son séjour en Allemagne, même s’il ne fait pas partie du groupe des « Rhénanes » ; il est fondé sur un rapprochement a priori assez classique entre une fleur et une jeune fille, mais cette comparaison prend ici un tour assez original puisqu’elle y inscrit le thème du poison. Répondant respectivement aux registres descriptif et lyrique, deux plans orienteront le commentaire : d’une part l’évocation d’un paysage champêtre automnal centré sur l’image un peu obsessionnelle des colchiques; d’autre part, et parallèlement, l’état d’âme du poète, puisque ces fleurs vénéneuses assimilées aux yeux de la jeune fille aimée lui rappellent l’attraction morbide de son attachement.

[ Un spectacle champêtre, un paysage d’automne]

« Je suis soumis au chef du signe de l’automne » nous confie Apollinaire dans « Signe», un autre poème d’Alcools. Cette prédilection est bien marquée dans Colchiques puisque cette saison est nommée au premier et au dernier vers ; cette sorte d’encadrement contribue à créer l’atmosphère qui se dégage du poème.

Le début de la 1ère strophe (v.1-5) nous présente l’esquisse d’un tableau bucolique assez réaliste en même temps qu’indifférencié; dans ce pré au premier abord très commun où paissent des vaches on ne trouve en effet aucun indice, aucune particularité propre à l’Allemagne. Le colchique n’est pas décrit, mais sa couleur « violâtre » est seulement suggérée par des comparaisons avec des yeux fardés.

On peut noter que l’expression « vénéneux mais joli » du 1er vers résonne, comme en écho, avec le groupe nominal à double sens du dernier vers « mal fleuri ».

Avec la 2e strophe, on passe sans transition d’un pré assez statique à un spectacle où l’emportent, avec l’intrusion fracassante des enfants, l’animation, le bruit, mais aussi la musique; les fleurs elles-mêmes, maintenant chahutées par le vent et s’offrant au regard dans la plus grande confusion des générations (« mères filles de leurs filles ») jettent dans un trouble profond (« dément ») le poète-spectateur. L’allitération des sonorités en k (gutturale), b, t et d (dentales) contribuent d’ailleurs d’autant plus à renforcer cette impression de martèlement que la strophe suivante va suggérer, là encore sans transition, une atmosphère bien différente.

La 3e strophe nous ramène en effet à une scène bucolique marquée par une sorte de lenteur, voire de langueur, accentuée encore par le rejet de l’expression assez énigmatique « pour toujours » ; cette atmosphère si particulière tient évidemment au rythme de cette longue phrase sans aucune coupure ; le vocabulaire ajoute à la sensation d’étirement du temps : « tout doucement / lentes et meuglant / pour toujours » ; enfin, l’assonance de la (sonorité) nasale [ɑ̃], déjà présente dans les v. 1 et 2 contribue à accentuer le sentiment dominant de la strophe : les vaches semblent s’arracher au pré à regret, à moins d’imaginer une suite plus funeste à laquelle un second niveau de lecture du poème ne manque pas de nous conduire.

[ Un paysage transfiguré : du tableau à l’état d’âme du poète]

En effet, au-delà du tableau réaliste et comme en surimpression à celui-ci s’inscrit dans le poème un paysage intérieur, et Apollinaire use à cet effet d’une comparaison nettement marquée par le mot « comme » repris d’abord 3 fois dans la première strophe, puis 2 fois dans la suivante. L’élément qui relie les deux termes de la comparaison -la fleur et la femme- est bien le cerne, appliqué à la fois à la couleur des colchiques et au regard séducteur ; le cerne renvoie à la fois à la maladie et à l’amour, on dit « battre des paupières » mais aussi qu’on a les « yeux battus ». Mais surtout, déjà suggérés par les adjectifs possessifs « tes » et « leur », le second plan de lecture du poème et l’implication personnelle de l’auteur nous sont cette fois donnés sans ambiguïté au v.7; notons d’ailleurs que c’est le seul vers où nous trouvons l’emploi de la 1e personne ; essentiel au sens du texte, le v.7 l’est aussi du point de vue expressif et rythmique : c’est un alexandrin tétramètre (construit sur 4 mesures de 3 syllabes) et cette régularité nous laisse une impression de lenteur et d’étirement du temps ; lenteur qui va d’ailleurs introduire un effet de contraste et de rupture brutale, comme nous l’avions déjà indiqué, avec le premier vers et l’atmosphère de la 2e strophe, mais surtout nous laisser l’impression que le poète reste passif, voire complaisant

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