LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Enfermement créativité

Dissertation : Enfermement créativité. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Avril 2022  •  Dissertation  •  2 474 Mots (10 Pages)  •  207 Vues

Page 1 sur 10

BASTENAIRE                 21224947

Maud

Le 16 mars 2020, le président de la République française Emmanuel Macron, prend la parole pour annoncer le confinement obligatoire de toute la France afin de lutter contre la propagation du COVID-19. Suite à cette annonce les Français ont été enfermés chez eux pendant pratiquement deux mois. Pendant cette période d’inaction totale, on voit fleurir sur les réseaux sociaux des centaines d’images de personnes renouant avec leur créativité. En France, mais aussi dans le monde entier, les êtres humains confinés dansent, chantent, peignent, écrivent, cuisinent, dessinent, jouent d’instruments… Certains vont jusqu’à inventer des jeux, des stratagèmes pour s’amuser avec leur voisinage. Ce foisonnement d’activité humaine apparaît simultanément avec l’isolement involontaire de l’ensemble des individus.

Dès lors que l’on constate cette prodigalité artistique, il est intéressant de se demander si ces phénomènes sont interdépendants, si l’isolement facilite l’inventivité, l’inspiration. C’est-à-dire, est-ce-que l’imagination s’enrichit de l’enfermement ?

        Nous raisonnerons sur cette interrogation en nous penchant plus particulièrement sur les cinq œuvres de théâtre que sont : l’École des femmes et Dom juan de Molière ainsi que Les Folies Amoureuses de Regnard, On ne badine pas avec l’amour de Musset et enfin La Cantatrice chauve de Ionesco. A travers les œuvres de notre corpus nous dégagerons trois axes principaux d’analyse, d’abord la captivité comme vecteur de créativité, puis l’enfermement moral facteur d’appauvrissement intellectuel et enfin l’imagination comme libération complète.

Dans l’histoire littéraire, la figure de l’auteur isolé, cloîtré, est omniprésente. Ainsi le marquis de Sade, qui restera vingt-sept ans enfermé, en prison ou en asile d’aliéné, cherche dans son imaginaire des distractions à son interminable captivité. Il écrit énormément, surtout à la Bastille, où il rédige en particulier le manuscrit des Cent Vingt journées de Sodome. Simone de Beauvoir déclarera même à son propos : « En prison entre un homme, il en sort un écrivain. ». Pour certains critiques sadien l’isolement, la solitude et la frustration que Sade vit en prison sont même les conditions de son écriture.

        De même Victor Hugo, immense auteur français, qui tente de résister à la prise de pouvoir de Napoléon III en 1851, vivra un exil de presque dix-neuf ans. C’est dans cet « âpre exil », que le proscrit passera majoritairement à Guernesey, qu’il rédigera parmi ses plus belles œuvres comme Les Contemplations, Les Misérables, La Légende des siècles, L’Homme qui rit. Cette multitude d’œuvres majeures est aussi accompagnée par de très nombreux dessins, comme si sa force créatrice, qui s’était endormie après la perte brutale de sa fille Léopoldine en 1843, réapparaissait plus forte que jamais. Comme si la douleur supplémentaire de n’être plus libre de retourner en France multipliait son inventivité.

        A l’opposé de ces enfermements subits, on peut aussi citer Proust ou Flaubert qui s’enfermaient volontairement durant des mois entiers pour se consacrer à l’écriture. L’isolement leur permettait d’oublier les divertissements de la vie en société pour ne se concentrer que sur leurs travaux respectifs.

Mais outre l’enfermement de l’auteur, qui, comme nous l’avons vu peut l’aider à créer, il y a aussi l’enfermement comme sujet d’écriture. Nombreux sont les auteurs qui ont choisi ce sujet, Alexandre Dumas dans Le comte de Monte-Cristo ou Stendhal dans La Chartreuse de Parme et enfin les auteurs de notre corpus, qui traitent plus précisément l’enfermement des femmes.

Nous verrons ici comment dans nos œuvres l’enfermement permet aux personnages de développer leur imagination. Les personnages qui subissent une claustration dans nos œuvres sont Agathe dans Les Folies Amoureuses et Agnès dans L’École des femmes.

Dans Les Folies Amoureuses, Agathe est enfermée par son tuteur Albert qui souhaite l’épouser. L’horrible homme jaloux pousse le vice jusqu’à vouloir : « du haut en bas, faire attacher des grilles, et que de bons barreaux, larges comme la main, puissent servir d’obstacle à tout effort humain. ». Afin de contrôler du mieux possible l’objet des désirs il la surveille constamment. Or la jeune Agathe, loin d’être naïve, imagine un stratagème pour se sauver de ce mariage indésirable dans le but d’épouser son amour d’enfance Éraste. Cette ingénieuse jeune femme prétend être atteinte de démence pour tromper la garde de son geôlier. Elle cherche à se libérer et malgré les conventions de son temps, elle décide de devenir actrice de sa délivrance. Son amant constate lui-même l’habileté de son subterfuge : « qu’une fille a d’esprit, de raison, de bon sens ». 

Agnès, dans l’École des femmes, vit une situation similaire mais contrairement à Agathe elle a été élevée par son tuteur, Arnolphe, pour être la plus idiote possible. Il explique dès le début de la pièce qu’il l’a adoptée dès ses quatre ans pour la « faire élever selon ma politique ; C’est- à dire, ordonnant quels soins on emploierait pour la rendre idiote autant qu’il se pourrait. ». Malgré cette éducation qui laisse son esprit en jachère elle est assez inspirée pour envoyer en même temps qu’une pierre un billet doux à l’homme qu’elle aime. Cette ruse lui permet de faire savoir à Horace la véritable nature de ses sentiments. Elle n’a pourtant jamais lu sur les intrigues amoureuses mais reproduit ici un tour qui demande de l’esprit.

Nous constatons ici que pour les créateurs comme pour leurs personnages, la cage provoque leur imagination et fait naître pour eux des mondes et des combines. Mais si l’enfermement physique provoque la réflexion, l’enfermement moral semble provoquer son contraire.

En effet, on s’aperçoit que l’enfermement moral ou mental des personnages de nos pièces, les empêchent parfois de dépasser les frontières de leur réalité. C’est-à-dire que nos protagonistes sont endoctrinés, formatés pour tenir un rôle précis dans la société. On constate notamment deux formatages en particulier que nous appellerons conditionnement de classe et de genre.

...

Télécharger au format  txt (15.8 Kb)   pdf (84.4 Kb)   docx (458.7 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com