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Comment Roberto Zucco, le seul personnage de la pièce à avoir un nom, va permettre paradoxalement, par la violence et le meurtre, de libérer chaque personnage du poids, du carcan et de l’enfermement de la société.

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Par   •  27 Février 2019  •  Dissertation  •  1 394 Mots (6 Pages)  •  711 Vues

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Comment Roberto Zucco, le seul personnage de la pièce à avoir un nom, va permettre paradoxalement, par la violence et le meurtre, de libérer chaque personnage du poids, du carcan et de l’enfermement de la société.

« Un monstre de force ». C’est ainsi que le dramaturge BMK présente le personnage éponyme de son œuvre. La force monstrueuse qui agit Zucco le rend unique et lui confère le privilège d’être le seul personnage à recevoir un nom. L’énoncé affirme que Zucco, par la violence meurtrière dont lui seul est capable, va permettre paradoxalement de libérer ses victimes du poids, du carcan et de l’enfermement de la société en même temps qu’il incite à interroger les raisons de cette libération paradoxale.

Ce paradoxe qui fait d’une force de destruction un moyen de délivrance est possible parce que la société, telle qu’elle est représentée dans la pièce, correspond à un espace de violence et de prévarication où la justice ne peut s’exercer. Tous les personnages conduisent des existences frustres, avilissantes, qui ne leur offrent aucune perspective d’amélioration. Ils sont emprisonnés dans un présent abject qui se répète inlassablement égal à lui-même, mais aussi ils sont enfermés en eux-mêmes, ils sont leurs propres geôliers. De plus, dans « Roberto Zucco », Dieu est loin, indifférent au destin des hommes. Le ciel est figé, ce n’est qu’un lieu d’enfermement de plus : « Comment voudrais-tu que quelque chose bouge, là-haut ? Tout y est fixé depuis l’éternité́, et bien cloué, bien boulonné », s’exclame « Une voix » à la fin de la pièce. Dans ces conditions, il est clair qu’aucune échappatoire n’est possible. C’est pour ces raisons que, paradoxalement, dans cette société la libération ne peut résulter que d’une violence extraordinaire, démesurée, incontrôlable, comme celle justement dont Zucco est pourvu. La portée de cette libération paradoxale est toutefois limitée : les personnages « libérés » de leurs chaînes par Zucco n’auront pas accès à une vie meilleure. Dans la plupart des cas, la seule issue au carcan de leur vie est la mort, ou, comme pour la Gamine, une forme de vie dégradée, une mort métaphorique. En analysant, par le biais de trois exemples, le parcours effectué par Zucco, nous illustrerons quelques réalisations de ce paradoxe dans la pièce.

Le meurtre de la mère (scène II) sera notre premier exemple. Zucco, à peine évadé, frappe à la porte de sa mère. Il demande d’entrer et de récupérer son treillis. Mais la mère refuse d’ouvrir et de lui donner « cette saloperie d’habit militaire » avant de l’avoir lavé et repassé. Après un dialogue de sourds empreint de violence et de vulgarité, Zucco finira par défoncer la porte, récupérer sa tenue et partir après avoir étranglé sa mère. Menaçante : « j’appelle la police », la mère apparaît d’emblée une femme bornée et froide qui regrette qu’on n’ait pas « foutu à la poubelle » son enfant lorsqu’il était bébé. Préoccupée par les apparences : les voisins qu’il ne faut pas alerter, le treillis qu’on ne doit pas voir « sale », elle ne se soucie pas des grossièretés de ses sentiments et de ses paroles, souvent ordurières : « Tu ne comptes pas davantage, pour moi, qu’une mouche à merde ». Si Zucco s’est déjà rendu coupable du meurtre du père, la mère ne cesse de blesser son fils par son mépris, elle lui retire tout espoir d’issue en le comparant à une voiture tombée au fond d’un ravin et à un train qui aurait « déraillé », des rebuts promis à la casse. Elle le rejette, elle refuse de le reconnaître comme son enfant, le traite de « fou ». Au pardon, elle préfère la rancœur et la condamnation : « maintenant, tu es gentil avec moi. Je ne veux pas oublier que tu as tué ton père, et ta douceur me ferait tout oublier, Roberto. » Mais elle ne veut pas de la douceur de cet enfant qu’elle rejette et c’est lui qu’elle choisit d’oublier, de tuer symboliquement. Le seul lien qu’elle garde avec son fils c’est la peur que celui-ci lui inspire (« Ne crie pas, Roberto, ne crie pas, tu me fais peur »), un lien qui la paralyse et l’emprisonne dans un rôle de victime et qui en même temps la dégage de toute responsabilité dans la dérive criminelle de Zucco. Alors, en se comportant comme le fou que sa mère voit en lui, Zucco libère sa génitrice de ce dernier lien avec ce fils dont elle ne veut plus, il lui permet d’accomplir le destin de victime qu’elle s’est elle-même fabriqué et la tue.

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