Décrire, Figurer, Imaginer Photo de Vincent Munier, Extraite du livre Arctique, 2015

Décrire, Figurer, Imaginer

Photo de Vincent Munier, Extraite du livre Arctique, 2015

Décrire, c'est présenter objectivement l'image qu'on a devant nous. On ne se livre à aucune interprétation et l'on reste dans la vision commune, terre-à-terre, de l’œuvre. On ne cherche ni à imaginer ce que l'artiste a pu vouloir faire, ni à ce qui est caché au sein de l’œuvre. On s'en tient à ce que l'on voit et on reste dans un domaine qui relève presque de l'observation scientifique.

Ici, on a au premier plan un appareil photo noir contrastant avec la blancheur du cadre. Le sol, bien que quelques herbes dépassent, est recouvert de neige. Juste derrière l'appareil photo, un loup au pelage blanc parsemé de gris marche et observe l'appareil. En arrière plan, on ne voit pas de ciel, mais la pente le remplace, elle aussi recouverte de neige en laissant en évidence des rochers et quelques herbes. L'arrière plan est flou tandis que le loup et l'appareil photo, disposés au centre de la photo, sont très nets.

Figurer ramène au mot figure, ou visage, montre que l'on cherche à donner une attitude, une émotion, un volume ou un mouvement à cette œuvre. On est dans la première étape de l'interprétation, en effet, on peut se figurer différemment une œuvre : la dévisager, l'envisager, la défigurer... La figuration est personnelle et est déjà une interprétation, bien qu'on ne se soit encore rien imaginé, notre vision diffère selon notre vécu et on en viendra à remarquer et à « classer » les choses différemment.

Sur la photo, l'appareil, bien qu'un objet, à l'air de se sentir abandonné : sa lanière tombant dans le vide et semblant chercher à se déplacer. Le loup quand à lui, marche d'un pas qui semble à la fois assuré de sa puissance et méfiant de cet objet étrange qui se tient devant lui. Son regard, fixé sur l'appareil, n'a même pas l'air d'avoir repéré le photographe, il est rivé sur l'appareil et semble attiré par celui-ci, aussi curieux que méfiant. Son pas ne s'éloigne point, mais ne se rapproche pas non-plus. On dirait presque que cette photo montre une rencontre : deux être, puisque l'appareil photo semble vivant, que se regardent et ont l'air de se découvrir.

Imaginer, c'est dépasser l'image, sortir de son cadre. On se représente le «hors-champ » si essentiel à l’œuvre et on l'interprète. Ainsi, on est capable de s'imaginer l'intention de l'artiste, de découvrir son « secret » et d'arriver à trouver sa propre vision, sa propre interprétation. Chacun, en a une et chaque peinture ou photo en cache une, car, selon Léonard de Vinci « la peinture est une chose mentale. »

Dans cette photographie, Vincent Munier présente une rencontre entre la modernité artificielle de l'homme et un des symboles de la Nature sauvage, le loup. On pourrait croire que ces deux éléments dialoguent, se méfiant l'un l'autre, mais étant aussi curieux. Et on peut se représenter le sourire en coin du photographe, spectateur de cette scène insolite : il allie dans cette photo les

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