Dissertation sur Dom Juan de Molière

Dissertation :

SUJET.

« Loin d’être un comble, les satisfactions n’entraînent qu’une irritation de la force désirante, dont l’objet est dans un au-delà de chaque objet de satisfaction, et la seule réactivation du désir vers un nouvel objet en tous points semblable au précédent, ne saurait combler. La récolte cyclique des satisfactions charnelles ne constitue pas une progression, mais une répétition qui, à la rigueur, par le passage de la jouissance d’objet à celle de la collection d’objets, ne conduit qu’à un toujours-plus, qui n’est en fait qu’un toujours-pareil. Don Juan fait lui-même voler en éclats ses prétentions totalitaires en introduisant l’infini dans l’étendue du désir. L’homme du toujours-plus, l’homme de consommation, pris de fièvre consommatrice, finit par consumer son énergie dans un travail de Sisyphe. Peut-on imaginer Sisyphe heureux ? L’énergie vitale du désir se perd dans une mécanisation de la force désirante : la machine célibataire n’a d’autre fin que l’entretien de son mouvement rotatif. Le mouvement qui l’anime est celui de la pierre qui roule, et n’amasse, en guise de mousse, que l’écume d’aventures passagères ».

Cette citation de Claude-Gilbert Dubois, tiré d’un article consacré au Dom Juan de Molière, vous paraît-elle éclairer les œuvres du programme ?

-Wilde : « Il n’y a que deux tragédies dans la vie : l’une est de ne pas avoir ce que l’on désire ; l’autre est de l’obtenir »

-Sisyphe : condamné à rouler son rocher au sommet d’une montagne, le voir retomber et recommencer

Satisfaction : action de satisfaire / agir de façon à combler le désir, le besoin

Progression : action de progresser dans l’espace, dans le temps / action de faire des progrès, d’évoluer dans le sens d’un mieux

Répétition : action de refaire une ou plusieurs fois

Totalitaire : qui rend ou tente de rendre compte de la globalité d’un phénomène

Mécanisation : transformation de comportements naturels en réactions déclenchées automatiquement échappant à la volonté

-Parti pris de la citation : ce que l’on croit désirer n’est pas le véritable objet de notre désir ; ce qui veut dire que satisfaire le désir apparent et même en répéter la satisfaction ne peut pas vraiment satisfaire puisque l’objet du désir est fictif, une illusion qui cache un autre objet de désir. Illustration du manque à être de Platon et Socrate ? Humain de par son statut de mortel à un manque à être.

-Distinction entre satisfactions charnelles et satisfactions de l’esprit : passer son temps à satisfaire les désirs de son corps n’est qu’une répétition. Progression sous-entend évoluer dans le sens d’un mieux or : refaire toujours la même chose ne fait pas évoluer mais fait stagner (on avance pas quand on fait encore et encore le même chemin – on a l’illusion d’avancer jusqu’à ce que l’on revienne au point de départ)

-Don Juan ne peut pas rendre compte de la globalité du désir puisqu’il introduit l’infini dans son désir et que l’infini est par définition sans bornes et illimité. Il n’a pas de globalité en soi. Infinité du désir de Don Juan : dans son étendue c’est-à-dire dans le nbr de femmes, dans l’étendue de son désir qui n’a pas de limites, il désire toutes les femmes => c’est en cela qu’il est l’homme du toujours plus.

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