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Dissertation entre L'iles des esclaves de Marivaux et Dom Juan de Molière

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Par   •  3 Novembre 2022  •  Dissertation  •  5 243 Mots (21 Pages)  •  729 Vues

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L’art entoure notre monde sous différentes formes. Il peut être classique, moderne, pictural ou encore littéraire. Dans tous les cas, son but est de nous faire ressentir des émotions et sentiments. Apparue en Grèce à la fin du VIe siècle avant J.-C., en hommage à Dionysos est né de l’art théâtral : la comédie. Fonctionnant sur le registre de l'humour, la comédie devenue un genre littéraire, s’épanouit de manière diversifiée en fonction des époques. Telle que Dom Juan de Molière. Cette comédie baroque en cinq actes en prose, écrite dans une période classique, présentée pour la première fois sur scène le 15 février 1665 à Paris, retrace l’histoire d’un libertin châtié pour ses actes immoraux. Analoguement, L’ile des esclaves de Marivaux est une comédie en un acte de 11 scènes, en prose, représentée pour la première fois le lundi 5 mars 1725, à l'Hôtel de Bourgogne par les comédiens Italiens. Elle raconte l’inversion des rôles entre les valets et les maitres de deux binômes qui se sont retrouvés sur une île dirigée par d’anciens esclaves. 

C’est pourquoi, on peut se demander si « Le rôle de la comédie au théâtre, en particulier dans Dom Juan et L’ile des esclaves, est-il uniquement de faire rire ? » A travers cette interrogation se pose évidemment la question sur la possibilité que la comédie présente une réflexion sur la société : soit politiquement, religieusement, soit sur le comportement humain ainsi que sur les inégalités. Autrement dit, les différents comiques présents dans Dom Juan et L’ile des esclaves peuvent-ils avoir une visée morale en plus de provoquer le rire ? Nous verrons dans un premier temps que la comédie a pour but de faire rire. Puis nous montrerons, dans un deuxième temps, qu’elle a d’autres buts que le rire ; comme démasquer les imperfections des hommes et les inciter à se corriger. Enfin, nous nous interrogerons en quoi le comique joue un rôle plus important que la critique de la société ou l’incitation au rire.

        D’une part, le but le plus direct pour faire rire, c’est la farce. En effet, les comiques utilisés sont à la fois d’une simplicité mais également d’une certitude de parvenir à leur but : le rire. Un rictus ou un rire aux éclats : les spectateurs sont conquis par les comiques de mots, de gestes et de répétitions que présentes les comédiens.  Ainsi, dans l’acte II, scène 3 de Dom Juan, Molière nous divertit sous différentes formes. Après nous avoir emmenés dans divers lieux de Sicile, nous nous retrouvons à la campagne. Dom Juan se retrouve, comme à son habitude, en train de courtiser une femme prénommée Charlotte. L’arrivée inattendue de Pierrot, paysan, voulant la marier, met en place, sur scène, un combat de coqs entre Dom Juan et lui-même. Autrement dit : un ballet de menaces et d’esquives. L’accent patois de Pierrot et la scène de ménage entre les deux hommes est composée de gags. Entre les insultes, les coups que donne Dom Juan et le soufflet que Sganarelle reçoit alors que celui-ci  était destiné à Pierrot, tout cela forme un parfait mélange pour susciter le rire chez le spectateur et le lecteur. Par ailleurs, dans la première scène de L’ile des esclaves, Marivaux nous présente un duo maître et valet, Iphicrate et Arlequin. Nous sommes en leur compagnie. Tous deux seuls survivants du naufrage de leur bateau, se retrouvent sur l’île, qui s’avéra être l’île des esclaves. Suivant la situation dans laquelle nous nous trouvons, embarrassante ou profitable, nous avons un certain nombre de gestes expliquant notre état d’esprit. Dans cette scène, Arlequin rehausse son titre en faisant le « pitre » depuis qu’il sait qu’il est sur l’île des anciens esclaves. Donc, il profite de la situation. C’est-à-dire, savoir que son maître, en ce lieu, n’a plus aucune autorité sur lui et libre à lui de faire ce qu’il n’a pas pu faire, autrefois, quand ils étaient à Athènes. Il «boit», «siffle», «danse» ou encore «chante». Marivaux nous apprend que le maître Iphicrate et le valet Arlequin se trouvent sur l’île réputée pour la vengeance des esclaves de Grèce, révoltés contre leurs maîtres. Ils les tuent ou les jettent dans l’esclavage. Dans la scène, Arlequin n’est pas le seul à utiliser le comique de mot. Son maitre l’utilise également, lui rappelant qu’il l’aime. C’est parce qu’il se sait en danger, et de par son langage affectueux, il essaye d’attendrir son valet avant que celui-ci ne se révolte et s’allie aux autres esclaves de l’île. Mais Arlequin n’est pas crédule. C’est ironiquement, qu’il dit à son maître «mon cher patron », lui rappelant ainsi sa méchanceté gratuite qu’il lui faisait subir, contrairement à la situation présente. Ces scènes ont donc, grâce à la farce, réussi à susciter chez les lecteurs et spectateurs le rire, le plus direct. Sans nul doute, c’est également le plus drôle mais le plus simple de réalisation. Le comique de mots et de gestes est sans égal le plus satisfaisant.

Cependant, le plus nécessaire des différents types de comiques pouvant provoquer le rire est le comique de situation. Il est également le plus présent dans les comédies du XVIIIe siècle.  Il désigne des jeux de scène, tels que des lazzis dans la commedia del l'arte, la présence de personnages cachés ou les quiproquos. Effectivement, c’est le cas dans Dom Juan, lorsque le libertin ment aux deux femmes (Mathurine et Charlotte).  Elles se disputent alors qu’il est le responsable de la mascarade. Chacune assure être la préférée de Dom Juan, lequel donne discrètement raison aux deux femmes. Une mascarade dont il a l’habitude : il sait y faire. Car en plus d’être à l’origine de la dispute, il l’orchestre d’une main de maître. Il apparaît tel un metteur en scène qui dirige le jeu de Mathurine et Charlotte, lesquelles deviennent ses marionnettes. Les didascalies : «bas à Charlotte / bas à Mathurine», lui permettent de rester le maître de la scène, et de manipuler Mathurine et Charlotte sans qu’elles s’en rendent compte. Elles rendent, en outre, le spectateur complice de ce stratagème, ce qui nourrit l’humour de la scène. Idem, Marivaux utilise également le comique de situation dans L’île des esclaves. La scène 5 en est un bon exemple. En effet, l’échange des rôles entre Arlequin, qui devient le maître, et Iphicrate, l’esclave, ne peut que provoquer le rire de l’auditoire. Marivaux accentue la situation. Arlequin esquisse le portrait satirique de son ancien maître, dont celui-ci n’a pas d’autre choix que d’acquiescer. Unique espoir pour lui de retrouver son ancien statut. Ainsi, le comique de situation est plus nécessaire que la farce pour provoquer le rire. Une des sources de ce comique tient en un renversement de l’ordre du monde quand, le valet se fait passer pour son maître. Cela repose souvent sur des déséquilibres dans la distribution de l’information. Le public ou le lecteur sait quelque chose qu’un ou plusieurs personnages ignorent. Mais le comique de situation est également conceptuel et imaginaire. La situation que voit le spectateur n’a rien de spécial, alors que la situation imaginée, elle, touche au délire. On y joue sur la surprise et le quiproquo concernant l’identité réelle des personnages, ou sur leurs motivations provoquant le rire du surprenant, de l’ironique, de l’inhabituel d’une situation.

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