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DURAS, Ecrire

Dissertation : DURAS, Ecrire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Février 2020  •  Dissertation  •  3 269 Mots (14 Pages)  •  399 Vues

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SUJET : DISSERTATION

« L'écriture de la littérature, c'est celle qui pose un problème à chaque livre, à chaque écrivain, à chacun des livres de chaque écrivain. Et sans laquelle il n'y a pas d'écrivain, pas de livre, rien. Et de là, il semble qu'on puisse se dire aussi, que de ce fait-là, il n'y a pas peut-être plus rien. »

Enrique Vila-Malas, dans un article du Magazine Littéraire (n°452 / avril 2006) dresse en ces termes le portrait de Marguerite Duras : « Les grands écrivains, ceux qui innovent ou prennent des risques, ne plaisent pas à tout le monde ». Ainsi, dix-sept ans après sa dernière œuvre (l'ultime opus C'est tout publié de son vivant en 1995) la bibliothèque de La Pléiade va publier les deux premiers tomes de ses œuvres complètes et en annonce deux autres.

En 1993, Marguerite Duras énonce dans l’extrait de son essai Écrire :

 « L'écriture de la littérature, c'est celle qui pose un problème à chaque livre, à chaque écrivain, à chacun des livres de chaque écrivain. Et sans laquelle il n'y a pas d'écrivain, pas de livre, rien. Et de là, il semble qu'on puisse se dire aussi, que de ce fait-là, il n'y a pas peut-être plus rien »

Autour de ces trois phrases apparaît une forte tension créée par le choix des mots mais aussi par leur mode présentation, leur assemblage. Au regard de cet extrait, on peut être amené à penser que l'aspect emphatique appuyé par les répétitions tels que : « rien » ou bien « là » accentue ce qui semble être une pauvreté des contenus, ce qui a pour effet d'asseoir l'autorité du sujet : « l'écriture de la littérature ».

C'est pourquoi nous essayerons à travers l'articulation de ces trois phrases de découvrir ce qu'est l'écriture de la littérature, selon Duras.

C'est dans cet esprit, que nous tenterons de définir le travail de Duras - en jouant sur une dichotomie des phrases - pour démontrer les rouages de l'écriture de la littérature chez Marguerite Duras, car les informations données par la phrase sont des modalités d'organisation informative qui nous permettrons de définir le cheminement littéraire de l’auteur.

        Nous allons essayer dans un premier temps, d'éclaircir le thème : « l'écriture de la littérature » dont la disposition syntaxique est honorifique. Pour comprendre « cette écriture » on peut procéder à des comparaisons afin de définir ce que  Duras n'écrit pas.

Depuis le XIXème siècle, le roman est le genre triomphant, il englobe tout dans sa matière protéiforme. Pour beaucoup d'auteurs, il s'agit à ce moment-là de s'extraire de cette forme pour en réinventer une autre. Duras, dira de Sartre, dans l'émission Apostrophes qui lui a été consacrée en septembre 1984: « Des gens très célèbres, pour moi, n’ont pas écrit. Sartre, il n’a pas écrit. Pour moi il n’a pas su ce que c’était, écrire. Il a toujours eu des soucis indexes, des soucis en second, de secondes mains. Il n’a jamais affronté l’écriture pure. C’est un moraliste, Sartre. Il a toujours puisé dans la société, dans une espèce d’environnement de lui. Un environnement politique, littéraire ». Ce que Duras met en relief ici, c'est que son écriture à elle, ne reflète pas un environnement politique par exemple, mais plutôt un « laboratoire » mettant sa recherche au profit d'une écriture encore inexpérimentée. Il s'agit d'une création qu'elle affirme peu à peu tout en échappant à l'influence du roman américain. Ce n'est donc plus la suprématie du genre roman. D'ailleurs Duras l'occulte de sa couverture de L'Amant ; elle se veut différente.

        Le film L’Amant, réalisé par C. Berry, a bien souvent mis un doute sur le genre du roman de Duras. Ainsi, la plupart des spectateurs considéraient comme autobiographique ce qu’ils avaient vu de « la petite ». Or, si l’on tient compte des données que transmet P. Lejeune sur ce genre l’on s’aperçoit que cette œuvre n’en fait partie d’aucune façon. Parce que d'une part, on doit retrouver une rétrospection alors que dans notre cas, le roman n'est pas une description logique mais plutôt selon sa conscience comme dans Le Ravissement de Lol V. Stein avec un avant « bal » lumineux et un après catastrophique qui remplace la chronologie romanesque. D’autre part, le « je » de l'auteur dans cette œuvre n'est que pure représentation de la « petite ». Contrairement, par exemple, à Annie Ernaux qui revendique le genre autobiographique où elle précise dans l'introduction d'Écrire la vie : « je n'ai pas cherché à écrire ma vie mais à me servir d'elle », car Annie Ernaux  a choisi de faire de l'autobiographie le mode le plus affûté de la connaissance du monde et de soi.

        Cependant la caractérisation du style d'un auteur est souvent liée au type de syntaxe qu'il privilégie et à une organisation de la phrase qui lui est propre. Des phrases qui semblent dépouillées, fondées sur des procédés de juxtaposition transmettent un effet de linéarité. De même que l'utilisation d'une syntaxe très segmentée tente de reproduire les caractéristiques du discours oral (on peut se rapporter notamment au style de Louis-Ferdinand Céline). Au-delà de la phrase, on pourrait encore citer d'autres tentatives de certains auteurs pour affranchir la syntaxe de toute contrainte comme celle de Claude Simon, dont l’œuvre Histoire a été écrite en une longue et unique phrase. On voit se développer ainsi, un mouvement dans la littérature moderne avec laquelle l'écriture se pose toujours la question de ce qu'elle est. Chez Marguerite Duras, on peut sentir cette foi en la littérature qui lui permettait d'avouer dans Écrire « la solitude, ça veut dire aussi : ou la mort, ou le livre ». Sans-doute tenait-elle cette exigence de Queneau, qui avait lu son premier livre, qui l'avait encouragée, lui donnant cette injonction aussi simple qu'impossible : « écris et ne fait rien d'autre ».

        Chez notre auteur on peut sentir ce que certains nommeraient la « fureur poétique » en laquelle Duras use de scènes usuelles de sa vie qu'elle transforme en micro-fictions comme la scène dans laquelle sa mère et la famille, font le grand nettoyage de la maison à grande eaux. Peut-être que cela ne s'est pas passé ainsi. Des scènes ont pu être modifiées, des éléments ajoutés ou au contraire placés dans l'oubli. Duras est davantage motivée par le montage qui est lié à l'imaginaire afin d'explorer une partie de soi ; l'on pourrait donc parler davantage d'autofiction. De plus, Duras en pleine exploration, se nourrissait davantage de transversalité afin de découvrir de nouvelles connaissances qui ne faisaient alors qu'émerger telle que la psychanalyse avec Lacan, et qui lui permis d'exploiter des thèmes nouveaux à travers et pour l'écriture.

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