LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

DISSERTATION DE THÉATRE SUR “LES JUIVES” DE ROBERT GARNIER

Dissertation : DISSERTATION DE THÉATRE SUR “LES JUIVES” DE ROBERT GARNIER. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Juillet 2020  •  Dissertation  •  2 546 Mots (11 Pages)  •  1 010 Vues

Page 1 sur 11

Dans l’introduction de son livre intitulé “La Tragédie” Jacques Morel annonce : “ Le conflit tragique est toujours celui de l’humain et du divin”. Dans son livre intitulé Dictionnaire du Théâtre Patrice Pravis écrit : “Le tragique est produit par un conflit inévitable et insoluble, non par une série de catastrophes ou de phénomènes naturels horribles, mais à cause d’une fatalité qui s’acharne sur l’existence humaine.” La relation entre le héros et l’existence de forces supérieurs à lui semblerait faire consensus chez les théoriciens. Mais pour Marcel Hervier, dans Les Juives de Garnier cette relation va plus loin. “Dans les Juives”, écrit-il dans la préface de son édition, “le personnage principal, celui qui mène tout c’est Dieu”. Les Juives de Robert Garnier est une tragédie humaniste mettant en scène une intrigue tragique. Dans cette dernière, le divin (force supérieur à l’homme) serait plus qu’un simple élément de l’intrigue tragique, il serait celui qui mène les personnages secondaires, celui qui fait avancer l’intrigue. En d’autres termes, dans les Juives, Dieu serait le protagoniste de la pièce.On nous demande ici de nuancer les propos d’Hervier. Il ne s’agit pas de réfuter ou d’affirmer l’entièreté de cette thèse mais mesurer sous quelles critères elle est recevable.Pour que Marcel Hervier en viennent à cette conclusion, certaines composantes du texte l’y ont forcément menés. Sur quelles analyses du texte théâtrale Marcel Hervier se base t-il pour affirmer sa thèse ? De plus, même si des citations du texte théâtrale justifiaient l’idée de Marcel Hervier, qu’en serait-il de la notion de “personnage principal” attribué à Dieu. Dans leur sens théâtral, les propos de Marcel Hervier conviennent-ils au Juives de Garnier ? Dans une première partie, dans l’optique de nuancer les propos de Marcel Hervier par un raisonnement progressif, nous n’établirons pas encore d’analyse théorique détaillée sur le théâtre tragique. Pour démontrer si dans Les Juives Dieu est le principal personnage de la pièce, celui qui mène tout, nous nous mettrons dans la peau d’un amateur de tragédie et nous limiterons à une analyse pratique du texte théâtral et à une comparaison avec d’autres tragédies. Notre but sera de relever les éléments permettant d’affirmer la thèse d’Hervier sans tenir compte du sens réel des mots qu’il emploie. Puis, au fil de notre raisonnement nous agrémenterons - au moyen de notre cours scolaire et d’ouvrages - nos connaissances. Nous nous pencherons sur les caractéristiques propres à la tragédie et au théâtre afin de discerner si, sur certains points, les propos de Marcel Hervier font preuve d’un abus de langage.

La problématique de cette première partie porte sur le livre : sur quelles analyses du texte théâtrale Marcel Hervier se base t-il pour affirmer sa thèse : dans les Juives, Dieu est le protagoniste de la pièce ? Notre but est de démontrer d’une part qu’en comparaison d’autres tragédie, Dieu est le personnage principal de la pièce et d’autre part, que ce personnage mène tout. Au sens courant, le protagoniste d’une pièce, est celui qui se trouve au coeur de l’action et des conflits. De ce fait bien que la pièce de Robert Garnier n’ait pas pour but d’être apprécié pour la valeur de son enchaînement d’actions ni pour le suspens qu’elle crée établissons ici un bref récapitulatif de la trame narrative. Sédécie roi de Jérusalem vient d’être défait par son seigneur Nabuchodonosor pour trahison et idolâtrie d’un autre Dieu. Par sa faute, son peuple, principalement des femmes, se retrouvent captif par le camp ennemi. La situation des Juives est déjà critique et leur but est de tenter d’atténuer par les plaintes et les prières, la sanction qui les attend. La pièce de Robert Garnier s’ouvre à ce moment. Au premier abord, il paraît étrange de concevoir que Dieu puisse être un personnage de la pièce de Robert Garnier. En effet, Dieu ne possède aucun dialogue donc aucune apparition. Cependant d’après l’analyse du texte de théâtre de Michel Pruner l’existence virtuelle d’un personnage se déduit certe “de ce qu’il dit de lui-même, mais aussi tout ce que les autres disent à son sujet”. Or, une analyse du texte nous montre que dès la scène d’ouverture, Dieu est annoncé comme étant à l’origine de la situation initiale. En effet, dans sa tirade, le prophète tout en donnant son ton à la pièce, présente très clairement les causes du malheur qui frappe les Juives. “Hélas !” dit-il, voyla que c’est d’offenser l’Eternel / (...) Tu as laissé sa voye, et d’une ame rebelle / Préféré les faux Dieu qu’adorer l’Infidelle. Cette citation nous montre indéniablement que Dieu ou plutôt la vengeance divine est à l’origine du malheurs qui frappe les Juives. Par l’erreur d’un roi tout un peuple se retrouve condamné à une punition divine. Cependant ce concept n’est pas exclusif au Juives de Garnier et ne nous permet pas d’affirmer que Dieu est le protagoniste de la pièce. En effet, le concept de punition divine pour les erreurs d’un roi, se retrouve également dans la tragédie de Sophocle Œdipe Roi qui s'ouvre au moment où Thèbes est frappé par une terrible peste à cause des erreurs d’Œdipe. Toutefois, la pièce de Garnier se démarque sur un second point. Dans les Juives, Dieu n’est pas seulement à l’origine des situations présentes - dans notre cas les Juives captives -, mais il influence également les décisions futures des personnages. En effet, nous savons que le Dieu chrétien est un Dieu vengeur et sévère qui punit sévèrement ceux qui le trahissent ou ne respecte pas les lois de la Bible (péchés). Or le sort vient tout juste de s’abattre sur les Juives. Ainsi, par exemple, les vers 805 de l’acte II nous montre que ce n’est pas un altruisme désintéressé qui pousse la Royne à faire preuve d’empathie envers les Juives, mais la peur d’un retournement de fortune. Alors que sa Gouvernante feint à saisir les motivation qui pousse la Royne à tant de tendresse, la Royne lui répond en ces termes : “Ah pour Dieu, taisez-vous, il nous en prend autant / Le sort n’est pas vers eux plus que vers nous constant”. Cette crainte est exprimée plus clairement lors de l’entretien avec son mari. Vous voyez par ce Roy (...) / Combien les Royautez sont choses passageres / Maintenant nous marchons sur tous Rois trionfans / Mais las ! nous ne sçavons quels seront nos enfans.” A l’inverse nous pouvons prendre en contre exemple la pièce Britannicus de Racine, dans laquelle le libre arbitre des personnages n’est pas influencé par la peur d’un châtiment divin. Lorsque Néron amoureux de Junie et jaloux de Britannicus décide de supprimer ce dernier,

...

Télécharger au format  txt (15.7 Kb)   pdf (50.4 Kb)   docx (12.4 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com