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La Vision de rome dans porcie de Robert Garnier

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Par   •  3 Mai 2013  •  7 740 Mots (31 Pages)  •  1 370 Vues

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LA VISION DE ROME DANS PORCIE DE ROBERT GARNIER

PLAN

I - La décadence de Rome

Nostalgie de la grandeur de Rome

La chute de Rome

Un empire divisé

II- Une réflexion sur le pouvoir politique

La dénonciation du despotisme

Les bienfaits possibles de la monarchie

Quelle issue pour le peuple ?

III- Une pièce sombre

Un monde en proie à des tourments dignes de l'enfer

Les Romains : punis ou abandonnés par les dieux

Une pièce didactique qui offre une vision de la France

Porcie, première tragédie écrite par Robert Garnier en 1568, prend pour sujet la république romaine finissante et présente les conséquences funestes des guerres civiles. Porcie, l’épouse de Brute, incarne le martyre de la république mourante. L’auteur présente ici une vision de la Rome antique en plein déclin. Dès l’acte I, la furie Mégère vient annoncer que Rome sera punie de son orgueil par le déchaînement des guerres civiles. Brute, l’époux de Porcie, est pourchassé par Octave, Lépide et Antoine, les membres d’un triumvirat véritablement tyrannique, pour avoir assassiné César au nom de la république et de la liberté des citoyens romains. Constatant sa défaite lors de la bataille de Philippes, Brute préfère se suicider plutôt que de tomber entre les mains de ses ennemis. Apprenant cette terrible nouvelle, Porcie, déplorant les caprices de la Fortune et s’en prenant aux dieux, préfère elle aussi la mort à une vie sous le joug de trois tyrans. Elle avala des charbons ardents sous le regard impuissant de sa nourrice qui se suicida à son tour. Dans quelle mesure la pièce de Robert Garnier propose-t-elle, en plus d’être une tragédie sur la destinée malheureuse d’une femme, une réflexion sur le pouvoir politique et sur la chute d’un empire laissant apparaître en filigrane une vision de la France déchirée par les guerres de religion ? Il sera tout d’abord pertinent de présenter les aspects qui illustrent la décadence de la Rome antique. Cela nous permettra ensuite de montrer que le contexte des guerres civiles est propice à une réflexion sur le pouvoir politique. Enfin, on analysera les éléments qui contribuent à faire de Porcie une pièce d’une grande noirceur et on montrera que la pièce s’inscrit dans une perspective didactique.

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I – La décadence de Rome

Nostalgie de la grandeur de Rome

Même s’il est certain que la pièce de Garnier offre une vision de la décadence de la Rome antique sous le triumvirat d’Octave, Antoine et Lépide, on notera qu’il est aussi quelquefois fait allusion à la grandeur passée de Rome de manière nostalgique. À l’acte II, la Nourrice évoque l’ancienne puissance guerrière de Rome et rappelle que la cité a réussi à conquérir le monde. Cette évocation est d’autant plus forte que la ville est personnifiée, apparaissant telle une guerrière à la conquête du monde, et que la Nourrice s’adresse à elle par l’apostrophe, avec l’anaphore « toy » : « Toy qui dessous ton joug a l'Afrique rangee » (v. 420), « Toy qui sous ton Empire as guerriere soumis / Les sauvages deserts des Getes ennemis » (v. 425-426), « Toy, toy, qui vaillamment brandissois ton espee / Par tous les quatre coings de la terre occupee » (v. 431-432). La nostalgie s’exprime également par les répétitions de l’adverbe de temps « jadis », renvoyant à la Rome prospère, notamment aux vers 409-410 (« Rome, te vienne voir : il verra des pasteurs / Avoir été jadis tes premiers fondateurs ») ou aux vers 457-460 (« Hé Dieux! tout est perdu, si les bons citoyens, / Qui nous restent encore aux champs Thessaliens, / N'exercent plus heureux leur salutaire espee, / Qu'ils ne firent jadis sous nostre grand Pompee »), qui contraste avec les nombreuses occurrences de l’adverbe « ore (s) », notamment en anaphore dans la tirade du Chœur à l’acte II (v. 291, 295, 299, 303, 331), qui lui renvoie à la situation présente, à la Rome détruite par les guerres. La nostalgie s’exprime aussi par le recours à la tournure « Heureux qui… », aux vers 283-286, dans la tirade du Chœur (« Heureux qui d'un soc laboureur, / Loin de la civile fureur, / Avec ses boeufs cultive / Sa paternelle rive »). Ce beatus ille, qui vient de la deuxième épode d’Horace et que l’on retrouve chez Du Bellay, exprime le regret collectif des citoyens romains. La nostalgie du Chœur s’accompagne d’un sentiment de mélancolie provoqué par les guerres civiles, état qui se traduit par la tristesse et l’amertume. En effet, la tirade du Chœur, des vers 233 à 402, introduite par « Heureux qui », par la tonalité élégiaque, traduit la plainte douloureuse des citoyens romains. Le propre de la rêverie mélancolique est précisément d’aiguiser la conscience du malheur, en exagérant par contraste le bonheur passé ou celui d’autrui. Il s’agit ici d’opposer le souvenir d’un bonheur primitif à la situation actuelle, c’est-à-dire les massacres des guerres civiles. Ainsi, le Chœur, pour exprimer ce bonheur primitif, fait apparaître sous les yeux du lecteur-spectateur une terre féconde sans la guerre avec l’image de la vigne (« il estend les rameaux / D'un sep vineux sur les Ormeaux », v. 291-292, « Descouvre le raisin pourpré », v. 312), de l'élévage (« il voit paistre en la plaine / Son troupeau porte-laine », v.297-298), de l'apiculture (« Ores pour le miel doucereux / Il emmaisonne desireux / En ruches encirees / Ses avettes dorees », v. 299-302) et de l'agriculture ( avec la référence à Cérès, la déesse des Moissons, aux vers 303-306, et au verger aux vers 308-310,  « cueillant dans un verger fertile / De ses nouvelles antes / Quelques pommes flairantes »). Le chœur procède également à une énumération des animaux avec le chant des oiseaux (v. 319, 336), et avec la référence au cerf (v. 331), au sanglier (v.332), au lièvre (v. 333), aux boeufs (v. 343) ou encore aux brebis (v. 347). Le bonheur primitif transparaît donc ici dans un cadre champêtre, pastoral, où la campagne féconde se déploie sous les yeux du

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