Commentaire sur la pièce de théâtre Oh Les Beaux Jours de Samuel Beckett
Rapports de Stage : Commentaire sur la pièce de théâtre Oh Les Beaux Jours de Samuel Beckett. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Auroremeghan • 29 Mai 2014 • 1 558 Mots (7 Pages) • 6 282 Vues
Introduction
- Samuel Beckett est un grand auteur de théâtre du 20ème siècle. On parle pour son œuvre d’un « théâtre de
l’absurde » car il explore dans ses pièces le caractère à la fois grotesque et tragique de la condition humaine.
Oh les beaux jours est une de ses grandes pièces. Une femme, Winnie, est à demi enterrée au sommet d’un
mamelon de terre. Son compagnon, Willie, est quasi muet et immobile, à peine visible derrière le mamelon.
- Situation de l’extrait : Le passage que nous allons expliquer est le début de l’acte II. Winnie est maintenant
enterrée jusqu’au cou. Elle ne peut donc plus faire bouger que son regard. Willie, quant à lui, n’est plus visible
et ne se manifeste plus du tout.
- Lecture du texte
- Problématique : Nous nous demanderons comment Beckett nous suggère l’idée qu’il se fait de la condition
humaine.
- Plan : Nous analyserons d’abord ce que la situation et les personnages peuvent avoir de grotesque et de
parfois drolatique, puis nous verrons que tout peut être interprété comme porteur d’une réflexion très
mélancolique sur le tragique de la condition humaine
Développement
I) Une situation et un personnage grotesques
1) Un univers extravagant
- L’univers évoqué par l’espace scénique n’est pas identifiable et n’est pas réaliste : c’est un univers désertique
au centre duquel émerge une éminence de terre stérile. C’est donc un monde étrange. Les objets sont familiers
mais leur association est étrange : un sac, une ombrelle, un pistolet
- Les personnages (Winnie et Willie) ont des noms fantaisistes qui produisent un effet comique par leur
paronymie (ils seraient presque interchangeables) et par la signification qu’on peut leur attribuer : Winnie fait
penser au verbe anglais win et Willie au verbe anglais will. Ils ont la valeur d’antiphrases ironiques : Winnie n’a
rien d’une « winneuse » et Willie n’est manifestement plus en état de vouloir grand-chose. Leurs noms mêmes
constituent donc une forme d’ironie dramatique.
- Dans cet univers, le temps semble être ponctué par une « sonnerie perçante » (l.9). Le temps n’apporte rien
(« Scène comme au premier acte » l.1) si ce n’est une dégradation de la condition des personnages (« La tête
qu’elle ne peut plus tourner ni lever, ni baisser, reste rigoureusement immobile » (l.4)
2) Un personnage clownesque
- La gestuelle du personnage est clownesque : Winnie ne peut plus bouger que le visage et le regard. A
intervalle régulier, elle affiche un sourire, qui parfois se transforme en « large sourire » avant de s’effacer
complètement. « Je veux dire à moi-même le désert (sourire), Mais non (sourire plus large), Non non (fin du
sourire) ». Son regard, quant à lui se porte tantôt à droite tantôt en face (« yeux à droite » / « yeux de face »
l.15). Ces mouvements mécaniques et répétitifs ont un effet comique.
- Le personnage se livre à un soliloque qui prend une dimension ridicule car il est adressé à un tiers qui ne se
manifeste plus. Ce que croit le personnage est donc démenti par ce que voit le spectateur. Il y a là une forme
d’ironie dramatique : « Willie (un temps, plus fort) Willie. (Un temps, yeux de face) Peut-on encore parler de
temps ? (l.15)
3) Un personnage inconséquent
- Ce personnage clownesque est inconséquent dans ses propos. On observe bien sûr un contraste entre la
gaieté qu’elle affiche parfois et la situation dans laquelle elle se trouve : « Salut sainte lumière » (l.11) ou « Ca
que je trouve si merveilleux » (l.13)
- On observe de contradictions : « Donc tu es là. (Un temps) Oh tu dois être mort, oui sans doute, comme les
autres, tu as dû mourir, ou partir, en m’abandonnant, comme les autres, ça ne fait rien, tu es là »
- Le personnage énonce des paradoxes mis en valeur par des phénomènes de chiasmes ou de jeux de mots :
« il y a si peu dont on puisse parler (un temps). On parle de tout (un temps) de tout ce qu’on peut » (l.
18) :(jeu de mot sur peu/peut) et chiasme (si peu dont on puisse parler /on parle de tout ce qu’on peut). Ce
paradoxe est repris avec une légère variation à la ligne 30. Cela donne l’impression que le personnage ressasse
ou radote.
Ph. Campet / Lycée Victor Hugo / Marseille /
Transition : le personnage et la situation dans laquelle il se trouve ont donc une dimension extravagante et
drolatique. Mais le lecteur sent bien que tout peut-être
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