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Commentaire littéraire - Torrent et la Rivière

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Par   •  3 Octobre 2021  •  Commentaire de texte  •  3 229 Mots (13 Pages)  •  499 Vues

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Problématique :

Comment l'auteur dans cette fable met-il en garde le lecteur contre la sournoiserie des apparences, à travers des figures personnifiées issues de la Nature ?

 

De quelle manière le fabuliste met-il à profit l'allégorie entre la Nature et le genre humain afin d'énoncer une morale prônant la prudence face aux apparences ?

 

Comment le fabuliste allie-t-il registre pathétique et personnifications de la Nature pour délivrer un message édifiant sur la dangerosité des apparences ?

 

Comment le fabuliste dévoile-il les similitudes entre la Nature et le genre humain de manière pathétique, pour plaire et instruire son lectorat ?

Introduction

La tradition des fables est très ancienne, elle remonte à l’Antiquité. Transmises de manière orale avant l’invention de l’écriture, les fables ont de tout temps été un moyen pour leurs auteurs de transmettre des idées et d’instruire les auditeurs ou les lecteurs. Au XVIIème siècle, Jean de La Fontaine publie ses Fables. Il y remet notamment au goût du jour de nombreux textes anciens en s’inspirant fortement de deux auteurs de l’Antiquité gréco-latine, Esope et Phèdre, dont les récits moralisateurs avaient connu un grand succès. Le « fabuleux fabuliste » renouvelle ainsi un genre littéraire considéré comme trivial depuis la Renaissance. Sa fable « Le Torrent et la Rivière » s’inspire quant à elle d’un texte d’un fabuliste italien du XVème siècle, Laurentius Abstémius. Elle met en scène un cavalier qui tente d’échapper à des voleurs qui le poursuivent. Il traverse tout d’abord, avec succès, un torrent tumultueux dont il se méfie, mais se noie finalement dans le lit d’une rivière paisible qu’il pensait pouvoir franchir avec aisance.  

Comment le fabuliste dévoile-t-il les similitudes entre la Nature et le genre humain de manière plaisante, afin d’énoncer une morale prônant la prudence face aux apparences ?

Tant le fond que la forme de ce récit répondent aux caractéristiques traditionnelles d’une fable, ils visent à plaire au lecteur et à le toucher. Cependant la fonction de cette fable ne se limite pas à ce seul objectif, l’analogie qu’établit le fabuliste entre les cours d’eau et la nature humaine lui permet de délivrer une morale, afin d’instruire le lecteur.

 

Développement

I) L'anecdote pathétique contée par le fabuliste doit plaire au lecteur et le toucher

 

Introduction partielle :

 

La Fontaine souhaite donner une dimension universelle à sa morale. Elle doit donc marquer le lecteur, qui l'appliquera par la suite. Pour parvenir à ses fins, l'auteur met en scène une petite histoire simple qui vise, dans un premier temps, à plaire et à toucher son lectorat.

 

A) Une mise en scène très dépouillée

 

  • Le « décor » de cette histoire est très simple, tout un chacun peut aisément se le représenter. Dans les premiers vers, le champ lexical de la nature (torrent, montagnes, campagnes) révèle le cadre éloigné de toute infrastructure moderne. Aucun signe d'urbanisation n'est visible.
  • L’auteur met en scène 2 cours d’eau très différents : un torrent (texte qui imite le fracas du torrent – allitération en r) et une rivière paisible (champ lexical du calme et de la sérénité ). La représentation visuelle et auditive de cette histoire est extrêmement facile.

Afin de crédibiliser sa fable et de s'y inclure, il sème de petits détails réalistes exprimés par l'enjambement entre le vers 5 et 6  ("Nul voyageur n'osait passer une barrière si puissante " ) qui met en lumière la connaissance de la Nature de La Fontaine qui a exercé le métier de maître des Eaux et des Forêts. L'écrivain connaît donc le caractère impressionnant d'un torrent et n'ose pas non plus s'y aventurer.

  • Les personnages sont peu détaillés. Dans son anecdote, La Fontaine ne s'attarde pas sur les caractéristiques de ses protagonistes ; il ne les emploie que pour illustrer de manière imagée son apologue. Le voyageur est anonyme, seules ses pensées sont mises en évidence afin que le lecteur s'identifie à lui et comprenne sa manière d'agir. L'allitération en -s (et se sentant presser) retranscrit explicitement la nécessité de fuir pour ce voyageur, tout comme l'emploi des participes présent "donnant", "poursuivant" qui donnent un caractère réel et actuel à l'action. De par ces procédés, le fabuliste instaure une connivence entre le cavalier et son lecteur, qui, au fil des vers, ressent les émotions de ce dernier. La répétition du nom "voleur" (V7, V12, 19) et l’usage du pluriel ? renforce l'impression menaçante qu'ils dégagent. De plus, le fait qu'ils ne soient désignés par qu'un seul et même terme invite le lecteur à effectuer un travail d'imagination sur ces personnages, afin de connaître leur nombre, leur motif d'attaque… La Fontaine laisse délibérément son lectorat dans l'ignorance de certains détails pour capter son attention afin que chacun puisse aisément s’approprier son texte. Par la suite, le voyageur se transforme en cavalier comme l'indique le groupe nominal "son cheval". Dès son apparition, l'animal protège son maître des voleurs mais ne peut rien faire contre la sournoiserie de la rivière, bien plus mortelle que les brigands. La conjonction de coordination "mais" au vers 19 traduit la révélation du réel danger face au voyageur et son cheval imprudents.
  • La Fontaine crée ainsi une mise en scène au service de son apologue : le cadre et les personnages sont décrits de manière très générale et favorisent l'imagination du lecteur.

 

B) La construction et la forme du texte permettent au lecteur de se plonger entièrement dans l'anecdote du fabuliste/ poète

 

  • Il s’agit d’un récit très court, le lecteur n’a pas le temps de se lasser.
  • La Fontaine, grâce à la qualité de sa rédaction, attire l'attention du lecteur pour lui transmettre par la suite un message. Afin de décupler son impact, l'auteur joue sur le fond, en mettant en scène un récit qui suit un schéma narratif précis dans le but de donner une structure simple au texte. Cette structure suit une sorte de cheminement, à l’instar du cavalier. Le lecteur se repère alors facilement dans l'enchaînement des évènements et prend du plaisir à lire cette fable. Les jeux de temps (imparfait/ fuyait --> situation initiale ; passé simple/vit --> élément perturbateur ; présent de l'indicatif/ entre --> élément de résolution) qu'emploie La Fontaine ont la même fonction.

+ le présent de narration succède au passé simple et nous fait assister à la scène

  • Il joue aussi sur la forme grâce à divers procédés stylistiques qui rythment le récit. Le fabuliste est aussi poète et maîtrise par conséquent l'art de plaire à l'œil / l’oreille ? du lecteur. La longueur des vers rend compte des moments de tension comme les 3 alexandrins aux vers 7,8 et 9, tandis que les octosyllabes illustrent le calme, le répit (notre homme enfin n'eut que la peur). Le lecteur suit l'évolution de la situation du cavalier et vibre au fil des vers grâce à ces procédés. L'écrivain cherche à renforcer chaque émotion ressentie par le lecteur, qu'elle soit positive ou négative. Le parallélisme syntaxique (grand bruit et grand fracas) accentue le caractère effrayant du torrent, et est suivi d'un enjambement (V1-2) qui accélère le récit et empêche le lecteur de reprendre ses esprits, d’assimiler ces descriptions impressionnantes. La modification du schéma de rimes au vers 9 et 10 (profondeur/peur), qui passent de croisées à suivies (plates ?) met en lumière le changement brusque dans la situation du cavalier, surpris par sa réussite. Le transfert d'émotions avec le lecteur est largement facilité par l'écriture riche en procédés du fabuliste et contribue à la dimension édifiante du récit.
  • La symbiose entre la forme du texte qui met en valeur le fond crée un décor modulable au gré de la pensée du lecteur et permet à ce dernier de se mettre à la place du voyageur qui lutte pour sa vie. Le protagoniste et le lecteur se confondent peu à peu, comme l'exprime la variété de ponctuation (citer exemples) à partir du vers 19 (Il entre) jusqu'au vers 23 (les nôtres). Le rythme de lecture est comparable à la respiration du voyageur qui sent la mort l'envahir petit à petit, jusqu'au moment de son dernier souffle, matérialisé par un point final.

 

C) Le dénouement dramatique

L'histoire contée par le fabuliste se révèle rapidement dramatique et s'achève sur la mort du cavalier et de son cheval.

La Fontaine laisse transparaître tout au long du texte des indices annonciateurs de ce dénouement funeste. Par ailleurs, on constate l'emploi d’adjectifs de plus en plus forts (« menaçante » V8 puis « noire » V19 )est un signe avant-coureur de la sournoiserie de la rivière.

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