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Commentaire extrait Jean Giono Le Chant du monde

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Par   •  18 Décembre 2018  •  Commentaire de texte  •  3 388 Mots (14 Pages)  •  3 465 Vues

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        Le Chant du Monde, écrit en 1933, par l'auteur français, d'origine italienne Jean Giono est un roman poétique présentant l'épopée d'Antonio, homme du fleuve et de Matelot, homme de la foret, dans le Pays Rebeillard afin de retrouver le « cheveu rouge », besson de Matelot. Il est important de rappeler que cet extrait, débutant page 259 avec « C'était le grand désordre » et se terminant avec « arcs-en-ciel » à la page 260, suit la deuxième partie du roman, se déroulant dans le haut pays, au cours de l'Hiver. Cette saison représente une période charnière, où les personnages sont immobilisés contre leur gré dans ce pays qui n'est pas le leur, le temps semblant alors suspendu. La fuite des personnages du besson, de « Bouche d'or » et de leurs bien aimées vers le pays du bas représente pour ces derniers un retour vers le bonheur. Ce n'est pas un hasard si cette fuite s'accompagne d'un autre retour : celui du printemps.

De quelle manière l'auteur met en place dans cet extrait un hymne au printemps qui renaît, tout en définissant très clairement les enjeux de son ouvrage ?

 Il sera dans un premier temps question de cet extrait comme une ode au printemps. Nous étudierons par la suite cet extrait en tant qu'expérience sensorielle. Dans une dernière partie, nous en viendrons à voir cet extrait comme manifeste des enjeux de l'oeuvre.

        Dans le début de la troisième partie de son ouvrage, l'auteur dresse avec habileté le changement de saison. En effet, nous pouvons découvrir un hymne au printemps et de manière plus générale une ode à la nature. L'extrait s'ouvre avec la phrase suivante : « C'était le grand désordre du printemps. ». Cette manière de débuter la troisième partie est loin d'être dénuée de sens. On y retrouve l'adjectif « grand », impliquant la notion de grandeur, donnant à cette saison une importance certaine. De plus, dès cette première phrase, l'arrivée du printemps est annoncée sans équivoque, de manière explicite. L'auteur semble si heureux de cette nouvelle qu'il informe le lecteur comme un crieur de place public, l'interpellant à travers une phrase courte et ainsi, très orale. Lorsque l'on sait que le printemps est lié de manière directe et métaphorique à l'idée de renaissance, cette exclamation semble justifiée. La nature se met à revivre à travers ces mots. Cette notion est un élément primordial de ce texte, par l'utilisation du champs lexical de la nouveauté : « herbes neuves », « sources nouvelles », « bourgeons neufs », « pluie nouvelle ». Par le biais du naturel, tout se recréait, jusque dans les plus infimes et subtiles détails comme il est possible de le voir à l'indication « herbes » ou encore « bourgeons ». Le nom « bourgeons », jeunes pousses des fleurs, est en lien avec le début d'une vie, bien que végétale. Il s'agit d'une naissance, à une échelle très réduite. Ce lien à la naissance est extrêmement présent. On peut évoquer la métonymie « C'était seulement le printemps qui sortait de la terre », prenant « printemps » comme un tout pour englober tous ces détails, que nous avons pu entrevoir auparavant. En effet, le printemps naît en sortant de ce nous appelons dans le langage courant ''la terre mère''. C'est ainsi une nature fécondée, un printemps comme expulsé du sol dans une violence salvatrice : le verbes d'action « s'arrachaient » semble y faire référence. En effet, les nuages printaniers s'arrachent « de leur lit » comme un enfant est arraché du nid douillet que représente le ventre de sa mère. S'en suit l'idée qu'ils « bondissaient dans le vent », représentant l'arrivée au monde, avec comme première action, respirer par eux même, ce que l'on retrouve avec la mention de l'élément qu'est l'air, à travers l'usage du « vent ». On peut aussi y voir une renaissance suite à la violence de l'hiver (avec notamment la mort de Matelot, assassiné). « Les clairières fumaient comme des tas de cendres. » semble justifier cette idée car cela peut faire référence aux incendies provoqués par le Besson contre Maudru à la fin de l'hiver. Cette action est encore proche et vive, encore « fumante ». On peut également l'entrevoir comme étant le monde qui renaît après cette violence, monde représentant d'une certaine manière les personnages : le tas de cendre peut ainsi être le symbole de la dualité mort/renaissance que rencontre le monde, tel un phœnix. Le monde redevient jeune à travers « les bourgeons », presque joueur « bondissaient ».         

        

De ce fait, c'est une nature changeante, une renaissance progressive et contrastée, que l'auteur se plaît à contempler. L'utilisation de la comparaison « nomade » pour évoquer cette renaissance évoque l'aspect mouvant mais perpétuel des saisons. Cette transformation est néanmoins progressive : l'expression « peu à peu » reflète une lenteur dans le changement. En effet, on a l'évocation de deux passages distincts au printemps. Tout d'abord, l'auteur décrit un paysage froid de par ses couleurs « sombre » et « noire », donnant un monde monocorde qui pourrait laisser croire que l'on est encore dans l'hiver si l'on ne prêtait pas attention aux détails.  Ainsi, on a une représentation du début du printemps, avec sa grisaille et sa « pluie » caractéristique. Bien que ce ciel nous semble peu clément, on remarque la renaissance discrète avec le « liseré d'herbes neuves sous lui ».  Giono utilise une description très picturale pour nous guider à travers ce paysage changeant peu à peu. On peut notamment observer une remontée progressive vers le haut : on aperçoit les « clairières » fumantes puis on évolue le long des « arbres hauts » jusqu'à à atteindre le « nuage » gris sur les « vallons » et cette progression continue encore pour que le lecteur puisse entrevoir la « bise noire ». Le lecteur est ainsi spectateur, ce qui n'est pas étonnant lorsque l'on sait que bon nombre des ouvrages de l'auteur furent adaptés à l'écran. Cette progression picturale nous permet de saisir toute la complexité de cette renaissance. Cette composition visuelle des plus maîtrisée atteint son paroxysme avec l'évocation du « soleil épais ». S'en suit une explosion soudaine de couleur et de sensations. Ce changement, jusqu'à lors progressif devient presque brutal, comme euphorique : ce soleil coloré est si intense et si symbolique d'un bonheur retrouvé et du retour au monde vivant qu'il « éteignait tout ». Le soleil était déjà évoqué plus tôt dans le texte comme étant « extraordinaire » : il sert ainsi d'astre à connotation presque divine, dont la présence est rassurante. Ce retour du printemps, d'un monde fertile et jeune fait oublier toutes les douleurs passées. Puis, on observe une descente vers le sol et l'infiniment petit, allant même vers le non-visuel et plus précisément l'olfactif : « une épaisse odeur de sève et d'écorce ». Cette nature a beau être changeante, elle est néanmoins cyclique : on peut percevoir cette notion à travers de nombreuses répétitions. Il y a l’occurrence d'un rapport au « feu » (« flammes », « fumée »), de la « bise », de la « pluie ». En effet, on retrouve ces notions au début mais également à la toute fin de l'extrait, provoquant un effet de boucle.

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