Commentaire de texte, La courbe de tes yeux, Paul Eluard

La courbe de tes yeux

Vous étudierez les images utilisées par le poète pour rendre hommage à la femme aimée. Pour cela, vous relèverez et classerez les métaphores des yeux dans le poème, et vous vous demanderez pour chacune d’elle : quelle est sa signification ? que symbolise-t-elle ? Quelle image donne-t-elle de la femme aimée ?  Votre réponse prendra la forme d’un paragraphe organisé et structuré d’une quinzaine de lignes que vous rédigerez ci-après.

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu

C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l'innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Paul Eluard, Capitale de le douleur, 1926

        Le poème intitulé «La courbe de tes yeux» de Paul Eluard est un blason tiré du recueil Capitale de la douleur. Il a été publié en 1926 et est dédié en grande partie à Gala, son épouse avec laquelle il vit une passion fusionnelle bien que parfois orageuse. Dans ce poème lyrique et surréaliste, Paul Eluard compose un hymne à l’amour, celui de sa femme, dont il fait une description passionnée mais aussi, celui de LA femme en général, dont il propose une image idéalisée et multiple. Nous pourrons nous interroger sur les techniques utilisées afin de décrire l'amour et la passion du poète envers sa muse et comment les interpréter ? Premièrement, nous décrirons la  manière dont l'auteur rend hommage à Gala dans ce blason, puis, nous étudierons la signification précise de toutes les métaphores utilisées.

        Tout d'abord, Paul Eluard dresse le portrait physique de sa femme en décrivant son visage et en particulier ses yeux. Le regard est mis en relief dès les premiers mots : «La courbe de tes yeux» (v.1). Ces yeux se distinguent en outre par de nombreuses qualités : L'image de douceur leur est attribuée : «douceur» (v.2), «aile couvrant le monde» (v.8)... Le poète met également en valeur leur vivacité et leur dynamisme grâce au champ lexical du cercle : «la courbe» (v.1), «le tour» (v.1), «un rond de danse» (v.2)... C’est aussi le mouvement du regard enveloppant. Nous pouvons en déduire que ces yeux accompagnent au sens propre et au sens figuré le poète dans tous les instants de son existence. De plus, cet enveloppement, est également traduit par la structure même du poème : on relève un chiasme entre le vers 1 et le vers 15 : «La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur [...] Et tout mon sang coule dans leurs regards». Le «sang» fait écho au «cœur», et «leurs regards» reprend «la courbe de tes yeux». Pour décrire Gala, le poète utilise de nombreux termes aux connotations religieuses : Le terme «auréole» (v.3) connote la sainteté, les «astres» (v.12) et les «ailes de lumière» (v.10) sont un rappel des anges. La femme ainsi valorisée par des métaphores flatteuses a l'apparence d'un être céleste, presque divin.

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