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Commentaire d'un poème de Charle Cros

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Par   •  1 Avril 2013  •  2 213 Mots (9 Pages)  •  4 298 Vues

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Introduction

Le poète, et plus encore le poète amoureux, trouve sa consolation dans

l’écriture : il peut y exhaler ses désillusions. Ainsi, Ch. Cros, dont la vie fut une suite de malchances, fait de ses poèmes les confidents de ses

amertumes et de ses déceptions, notamment dans Le Coffret de santal,

recueil qui frappe par la diversité de ses formes et de ses tons. Parmi les

sonnets, des « fantaisies en prose », le poème régulier « Plainte »,

adressé à une citadine « fière », est une invitation vaine à abandonner le

tumulte de la ville et à céder à un amour plus naturel.

Pour mieux convaincre son interlocutrice, Ch. Cros dresse deux tableaux

en opposition – celui de la ville et celui d’un cadre naturel solitaire –,

malheureusement incompatibles, mais il rend aussi compte, dans son

poème, de sa solitude et de son amertume, sans céder pour autant au

pathétique, en gardant un certain sourire au coin des vers.

I. Un monde impitoyable : la ville et la civilisation

Entremêlés au fil des alexandrins, se dégagent de « Plainte » deux tableaux

en contraste de deux mondes opposés irréconciliables : la ville, que le

poète veut fuir mais où « se plaît » la « parisienne » à laquelle il s’adresse, et

les « bois verts » dont le calme l’attire. De la première, le poème donne une

image négative, peu engageante.

1. Un tableau désordonné et violent

La « ville » est présentée comme un univers statique. Les articles définis qui

la déterminent, elle et ses éléments – « la ville », « du gaz », « la réclame » –

lui confèrent une présence imposante, immuable dans son identité. Le raccourci

« ville de pierre » en fait un monde minéral que le temps ne saurait

entamer, mais il suggère aussi l’absence de vie affective, profonde.

C’est le monde de la modernité qui porte la trace de l’invention humaine, avec

la nouveauté du « gaz », mentionné deux fois (vers 2 et 10 ; cette métonymie

désigne l’éclairage aux becs de gaz, tout nouveau à cette époque).

Le tableau urbain qui se dégage du poème n’obéit à aucune composition

ordonnée, à aucune hiérarchie : tout y semble jeté sur la toile du poète de

façon brouillonne, au gré d’une juxtaposition d’éléments hétéroclites (« journaux,

boutiques, Opéra, réclame… »).

À cet univers où tout s’entrechoque correspondent des sensations fortes,

violentes, auditives d’abord, avec « les éclats de voix », puis tactiles, suggérées

par « brûlé ».

2. Un mode de vie artificiel et frénétique

La vie que mènent les citadins est essentiellement sociale, occupée de loisirs

futiles et artificiels avec le « bal de l’Opéra » ou de jeux de séduction aux

« regards charmeurs ». Dans ce tourbillon, les êtres humains perdent leur

identité, noyés qu’ils sont dans la « cohue » et « la foule ». Ce foisonnement

qui anéantit l’individu est rendu par les pluriels – « journaux, boutiques… ».Le commerce est omniprésent dans la ville ; Charles Cros mentionne ses

produits (« ce sont les journaux »), ses lieux (« les boutiques »), ses publicités

(« la réclame »). Ce champ lexical du commerce donne l’impression

que, dans la ville, tout est question d’argent et d’activités sans « âme ».

La vie frénétique et l’absence de repères – le poète s’y sent « égaré » – sont

rendus par le rythme heurté des vers : l’alexandrin est malmené et déséquilibré

par des groupes ternaires, signe de trouble, aux vers 8 et 10, par des

accumulations qui se doublent d’enjambements aux vers 9 et 10.

Mais dans toute cette agitation, paradoxalement, on perd sa vie, comme en

témoigne le champ lexical abondant de la mort qui rythme le poème.

II. La douceur de la solitude « sauvage » « loin » de la ville

À ce tableau négatif qui sert de repoussoir, le poète oppose, en contrepoint,

la description de son paradis rêvé où tout n’est que « calme et volupté » : la

solitude « sauvage », « loin » de la ville.

1. Le tableau : calme et volupté

Sans localisation géographique précise – à l’inverse de la ville que les mots

« parisienne » et « Opéra » désignent implicitement, mais clairement, comme

Paris –, ce monde est indéfini et multiple : il est désigné par des pluriels

(« les rochers et les bois » s’opposent à la « pierre » de la ville) ou des adjectifs

indéfinis (il se situe dans « quelque coin »). Ses contours ont le flou d’un

tableau impressionniste et ses paysages sont variés dans leur aspect et leur

forme.

Ce sont des lieux éloignés – Charles Cros emploie deux fois le mot « loin » et

renvoie le lecteur

...

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