Analyse du poème Morale de Charles Cros

Le poème « Morale » de Charles Cros est extrait de « Vingt sonnets », la quatrième partie du recueil « Le coffret de santal » paru en 1873.

De manière formelle, il est assez classique puisqu’il s’agit d’un sonnet en alexandrins. Dans les deux premiers quatrains, les rimes sont embrassées alors que les tercets comportent d’abord deux rimes suivies et puis des rimes embrassées. Celles-ci sont majoritairement suffisantes (yeux-insoucieux, lu-voulu). Pour chaque quatrain, les rimes extérieures sont féminines et, dans les tercets, c’est chaque fois le dernier vers qui l’est.

Suite à la première lecture, on peut déduire que Charles Cros a rédigé ce sonnet pour la tombe de Théophile Gautier, un poète et romancier parisien, comme l’indique la dédicace. Il s’adresse donc probablement à ce dernier, mais aussi à son épouse, comme l’attestent les mots « ta Moribonde » et « elle et toi ». On remarque aussi que le premier et le dernier vers du sonnet sont semblables, ce qui montre sa continuité, comme si le dernier vers prouvait ce que l’auteur affirmait au début.

Le champ lexical le plus présent est celui de la (non-)reconnaissance. En effet, Charles Cros emploie les mots « déshérités », « t’en voulaient », « moqueur », « blâme » mais aussi « splendeur », « scintillants », « attirants », « te défendent », etc. Cela peut se traduire par l’envie de l’auteur de prouver que, malgré les critiques auxquelles Théophile Gautier était sujet, son talent était bel et bien existant aux yeux des gens qui le lisaient et l’appréciaient. Le deuxième vers en est un bon exemple : « Être aussi beau qu’on peut dans nos sombres milieux ».

Ainsi, dans les deux quatrains, l’auteur parle du devoir qu’a un écrivain d’écrire au sujet de la beauté, de ses rêves, le devoir d’être beau à travers ses textes. Il dit aussi que les critiques ne sont pas importantes.

Ensuite, dans les deux tercets, Charles Cros évoque que la beauté des écrits de Théophile Gautier, ainsi que son épouse mourante (« tes vers étincelants », « ta Moribonde ») le défendent face aux critiques. Il conclut dans le dernier tercet en affirmant que lui et son épouse continueront de vivre à travers les œuvres du défunt.

Pour conclure, on peut dire que, à travers ce sonnet, Charles Cros rend un dernier hommage à son ami disparu et lui affirme que les moqueries qu’il a subies ne terniront jamais son talent.

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