Commentaire composé d'une tirade de Phèdre

Commentaire: Par quels moyens Racine parvient-il à donner à Phèdre, héroïne condamnée et résignée, une entière vraisemblance dans cette tirade ?

        Racine est un auteur emblématique du classicisme par ses nombreuses tragédies qui illustrent les règles du théâtre classique. Ce dramaturge a notamment vécu pendant le règne de Louis XIV, créateur du courant littéraire classique. Cette tirade extraite de Phèdre écrit par Racine a pour propos le désespoir de Phèdre face à ses actes. L’héroïne est face à un dilemme : assumer ses actes ou se cacher. L’héroïne tragique est confrontée à un choix moral impossible. Elle transmet donc son dilemme dans cette tirade comme si parler pouvait conjurer le sort. Nous allons donc nous demander par quels moyens Racine parvient-il à donner à Phèdre, héroïne condamnée et résignée, une entière vraisemblance dans cette tirade ? Dans un premier temps, nous aborderons le conflit de Phèdre entre la passion et la raison. Dans un second temps, nous observerons le jugement porté sur l’héroïne. Pour finir, nous traiterons le destin fatal de l’épouse résignée.

        Tout au long de la tirade, le personnage éponyme fait part d’un conflit entre la passion et la raison. En effet, ce dilemme semble mis en avant par une confusion amoureuse de la part de Phèdre. Ce bouleversement est caractérisé par les termes « amante » v3, « jalouse rage » v9, « peine » v11 et « cœur » v18. Racine marque ce conflit par un univers contrasté dans le but de laisser Phèdre dans l’ombre et de susciter une certaine attente d’éclaircissement chez le spectateur. Cela est mis en avant par des contrastes forts entre deux réseaux sémantiques : lumière et obscurité avec « Soleil » v25, « ciel » v27 et « pâles » v31. Ces termes sont opposés à « nuit » v28, « enfers » v31 et « ombre » v32. Ensuite, la raison s’ajoute à la passion à travers un examen de conscience qui est qualifié avec les substantifs « outrage » v8, « urne » v29 et « forfaits » v34. Il est aussi important de souligner que la conscience de l’héroïne se préoccupe des mêmes idées que la passion avec les redondances et répétitions des termes « jaloux » v14, « cœur » v43 et v18, « brûle » v17 et v23. Nous pouvons aussi observer une certaine circularité de la tirade avec le début marqué par « fruit » v1 et Phèdre conclut par « fruit » v43. Cela souligne l’égarement de la raison de Phèdre. L’héroïne perd la tête car elle ressasse et tourne en rond. Par la suite, le conflit de Phèdre est notamment marqué par une progression chaotique des propos : les faits sont opposés aux questions, la stupeur à la condamnation et les prières aux invocations. Tout cela est expliqué par les termes « Ils s’aimeront toujours » v3, « Il faut perdre Aricie » v10 et « Moi jalouse ! » v16. Par ailleurs, ces propos sont accentués par un certain emportement et une certaine gravité avec les interjections « ah ! » v4 et v32 et « Hélas ! » v42. Une progression chaotique est aussi ajoutée à des défauts dans la bienséance. Il est possible d’observer des vers irréguliers avec des césures qui sont régulièrement à l’hémistiche mais qui ont quelques irrégularités aux v8 ; 9 ; 15 ; 16 ; 18 ; 27 ; 30 ; 40 et 42. La tirade de Phèdre est aussi mise en avant par le biais de la solitude caractérisée avec des questions rhétoriques v15, 17, 26 et 34.

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