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Commentaire composé, Strindberg, Inferno

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Par   •  22 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  3 966 Mots (16 Pages)  •  546 Vues

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Commentaire composé 5 : Guides spirituels

I4 : p. 174-179 du début du chapitre XIII à « … me tombera sous la main ».

Dans son œuvre en partie autobiographique intitulée Inferno, l’auteur qui n’est autre que Strindberg se donne pour mission de vivre et d’écrire l’enfer, retraçant sa crise existentielle qui s’étend des années 1894 à 1897. Notre extrait se situe au chapitre XIII, c’est-à-dire dans la deuxième partie de l’œuvre et s’inscrit donc dans la continuité des chapitres traitant sur les épisodes paranoïaques vécus à Paris. Il a pour titre Swedenborg, nom d’un scientifique théologien et philosophe suédois du XVIIIe siècle et retrace la découverte de ce dernier, connaissance qui provoque un bouleversement dans le récit.

Comment est-ce que Strindberg conduit-t-il son narrateur progressivement jusqu’au port du salut par un retour au religieux, tout en le faisant franchir des échelons comme ceux de l’étude de l’occultisme et de la découverte de Swedenborg ?

Dès le début du chapitre, le plan est donné par l’intermédiaire des deux femmes que sont la « belle-mère » et la « tante », qui elles aussi sont passées par les mêmes épreuves que le narrateur : indifférentes à la religion, elles ont « étudié l’occultisme » et rencontré Swedenborg, étapes qui peu à peu les ont amenés « jusqu’au port du salut : la religion », p.174.

Ainsi, dans un premier temps, il s’agit de se consacrer à l’étude de l’occultisme, pratique qui repose sur la théorie des correspondances et qui établit des rapports nécessaires entre des objets, les faisant appartenir à un ensemble unique, à un grand Tout. Ensuite, dans un deuxième temps, il est important de prendre en compte les différents effets produits par la lecture de Swedenborg, mais surtout et avant tout les sensations éprouvées par sa description de l’enfer, sur le narrateur. Finalement, dans un dernier temps, il est primordial de reprendre les éléments précédemment analysés, afin de comprendre le cheminement progressif du récit, mais aussi l’évolution graduelle du narrateur, dont l’inflexion devient plus morale et religieuse poussée à une extrémité dite salvatrice.

  1. L’occultisme : théorie et pratique fondées sur une théorie de correspondances, établissant des rapports nécessaires entre les éléments et assemblant de sorte à former un tout.

Tout d’abord, le narrateur dans la continuité et sous les conseils avisés des femmes se rapporte à l’étude de l’occultisme, qui n’est pas sans suite dans cet extrait. En effet, l’occultisme donne lieu à des « nuits sans sommeil », des « incidents mystérieux », des « crises nocturnes » et des « accès à la folie » (p.174), autant de conséquences qui troublent, torturent et persécutent le narrateur, mais qui petit à petit vont trouver un sens dans le récit. Ce sens s’inscrit en première ligne dans la « correspondance évidente » (p.176) des éléments entre eux. Une figure de style qui marque la correspondance des éléments est la figure de la répétition et de la reprise : on retrouve plus tôt dans le récit des notions qui reviennent à nouveau dans notre extrait comme celles de « cyclone » (p.171 et 178), « vierge » (p.170 à 178) ou encore « nuits de sommeil tranquille » (p.170) et « huit nuits s’écoulent tranquilles » (p.179). Le narrateur est conscient qu’il inscrit des éléments dans une correspondance au fil du récit, de sorte qu’à la page 178, il affirme que les choses le poursuivent « depuis ses premières inquiétudes à Paris ». Il y a donc de sa part une volonté d’insistance sur le critère de la ressemblance et de l’assimilation. Cette accentuation est marquée également par la répétition de l’adjectif indéfini « même » lors de la caractérisation de la belle-mère et de la tante : « même caractère, même goût et mêmes antipathies » (p.174). De plus, la présence du champ lexical autour de la ressemblance est remarquable : « ressemblance parfaite », « double » (p.174), « ressemblance » incontestable, « semblable » (p.177) et « ressemble » (p.178). La correspondance ou la comparaison se fait toujours parmi deux choses, c’est-à-dire par l’accouplement de deux éléments, et c’est ainsi que tout au long de l’extrait se profile le chiffre deux : cette dominance se retrouve aux pages 174 « deux sœurs », 176 « deux livres » et « deux montagnes », 177 « deux attributs de sorcières » et « deux pas » et 178 « deux rangées de maisons ». Finalement, Strindberg donne un exemple de comparaison, qui forme une « correspondance évidente » (p.176) aux yeux du narrateur : il compare « la description de l’enfer de Swedenborg avec les tourments de la mythologie germanique ». Il y aurait donc des similitudes dans les deux.

Dans la continuité, l’étude de l’occultisme s’occupe aussi de la question de la combinaison des hasards. On peut même parler de hasard, si on part de l’hypothèse que le narrateur, plongé dans la solitude, ne se serait jamais confié à sa famille et n’aurait donc pas trouvé la voie de l’occultisme. L’idée de hasard apparaît textuellement lorsqu’une fois le livre de Swedenborg en main, le narrateur « ouvre le bouquin au hasard » (p.175) pour y lire le contenu. Le hasard veut que le narrateur retrouve exactement les mêmes notions dans le livre que celles qu’il retrouve dans la réalité : les éléments dans le livre correspondent à ceux, dont il fait face lors de sa longue énumération, qui aboutit à dire que « tout est là », ancré dans un réalisme absolu. Strindberg nomme un exemple précis de hasard : lorsqu’il entame une promenade aux environs du village, il tombe sur un meunier, dont il fait une description assez précise. « Quoique tout cela soit naturel et régulier, je me demande quel démon a placé précisément là, et exprès ce matin sur mon chemin, ces deux attributs de sorcières ». Cette réplique indique une sorte de hasard que les attributs apparaissent justement au moment où le narrateur passe, car c’est l’exacte intention, appuyée par l’adverbe « précisément là » et l’adjectif « exprès » p.177, d’une puissance divine, le démon. De même, la combinaison hasardeuse veut que le personnage rencontre lors de son périple des figures mythologiques, tel qu’on les retrouve dans « la mythologie germanique ». Les figures mythologiques sont associées à des éléments du réel et produisent des images visuelles pour le lecteur : l’image de l’enfer de Dante rappelle la descente aux Enfers, l’ « énorme chien danois, avec une robe de loup » (p.177) rappelle le « monstre qui gardait l’atelier de la rue de la Santé, à Paris » et la « femme, belle, de loin, […] ; mais vue de près […] elle est laide » (p.178) rappelle l’apparence d’une sorcière. La combinaison de tous ces hasards qu’il croise lors de sa progression à travers le récit prennent tous un sens dans la réalité de sorte de former un ensemble unique basé sur de rapports nécessaires.

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