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Commentaire Sur la pièce de théâtre Le Retour Au désert de B.-M. Koltès

Note de Recherches : Commentaire Sur la pièce de théâtre Le Retour Au désert de B.-M. Koltès. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Janvier 2014  •  1 267 Mots (6 Pages)  •  8 104 Vues

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Introduction

Amorce : Le théâtre est un lieu privilégié de l'affrontement et du conflit. Le théâtre moderne, et notamment le théâtre de l'absurde, a progressivement diminué la place du conflit et de l'action. Mais Koltès, lui, écrit un théâtre de la violence, de la cruauté, met en scène des personnages bien identifiés, des situations enracinées dans la réalité contemporaine.

Présentation du texte : Le Retour au désert repose sur un affrontement familial (qui peut faire penser au drame bourgeois de Diderot). Le cadre géographique est la 879, les circonstances historiques l'après-guerre d'Algérie. Les protagonistes sont Adrien, un ancien colon qui dirige une fabrique, et sa sœur Mathilde ; ils ont des préoccupations matérielles (l'héritage de leur père). Dans cette scène, on assiste à un conflit, en présence de domestiques, entre le frère et la sœur.

Annonce des axes : Il s'agit d'une scène dramatique et spectaculaire, mais qui a aussi une portée. Car la pièce est engagée : chacun des protagonistes représente une attitude face à la vie, à la société.

I. Une scène dramatique, mouvementée et spectaculaire

1. Dramatisation et mise en scène de l'affrontement

Le « système » des personnages repose sur un équilibre - un frère, une sœur, a priori sans supériorité dans la hiérarchie familiale - qui permet de prolonger l'affrontement. Autour d'eux, des personnages secondaires servent de témoins, sorte de chœur antique, modérateurs, commentateurs, qui renvoient l'image du conflit et en marquent la violence.

La théâtralité repose sur les jeux de scène signalés par les didascalies : ce sont essentiellement des mouvements (« entre, retient, entraîne, s'échappent, reviennent » : verbes de mouvement), qui témoignent de la violence de l'affrontement verbal. Les didascalies soulignent l'effet de symétrie entre adjuvants et opposants.

La violence des attitudes des deux protagonistes et du conflit est rendue indirectement par les répliques et les commentaires des comparses (« qu'ils se tapent / ramassera les morceaux »), par le ton et l'attitude mélodramatiques de supplication de la mère (« je t'en supplie »).

2. Une distribution de la parole qui rythme la scène

La distribution de la parole est très étudiée : Koltès travaille la variation dans le rythme pour tenir le spectateur en haleine.

La scène repose sur deux tirades symétriques.

La longue tirade de Mathilde est interrompue par la fausse sortie des protagonistes à mi-scène : cela crée une sorte de rebondissement dans l'action et le mouvement.

Puis le rythme s'accélère avec la stichomythie.

La cohésion de l'ensemble est assurée par le mouvement d'amplification autour du mot défier.

Transition : Cependant la pièce n'est pas uniquement action et mouvement. Il s'agit d'un théâtre engagé, social : les deux protagonistes, bien individualisés, incarnent deux visions du monde, deux façons de le percevoir.

II. Adrien : un homme de la tradition

1. Un homme tourné vers le passé

Adrien emploie des mots (l. 10 : « il y a peu de temps encore... ») et des temps verbaux qui renvoient au passé (l. 13, 44).

On perçoit à travers ses répliques l'importance qu'a pour lui la « mémoire » (l. 45 : « en mémoire de lui ») ;

Il a le culte des ancêtres, notamment du père.

2. Un homme plein de préjugés, une pensée unique

Il a une vision sectaire des rapports hommes-femmes : « Tu n'es qu'une femme » marque son mépris ou du moins son sentiment de supériorité.

Ses préjugés se marquent dans ses valeurs : la famille (champ lexical très présent) ; le statut social et économique (son « chiffre d'affaires »).

Il donne la primauté au groupe, dont il prend la défense : il n'utilise pas le je mais le nous, ou le pluriel (« les gens honorables »). Il semble ne pas avoir de pensée autonome ; la scène souligne son conformisme moral et social.

3. La morale de la punition

Son vocabulaire, le plus souvent à teneur morale et négatif, est significatif de son

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