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Commentaire: "Quand Vous Serez Bien Vieille" Ronsard.

Dissertation : Commentaire: "Quand Vous Serez Bien Vieille" Ronsard.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Mars 2015  •  1 964 Mots (8 Pages)  •  1 704 Vues

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Sujet 1 : commentaire de texte

Introduction

Tout en apparaissant comme un des fondateurs de la modernité poétique, Apollinaire s'inscrit également dans la tradition de la poésie lyrique. Ainsi, des poèmes comme « La cueillette » ou « Adieux », publiés de façon posthume en 1925 dans le recueil Il y a, s'inspirent du thème du Carpe diem et de la fuite du temps présents déjà chez les poètes latins et repris au xvie siècle par le chef de file de la Pléiade, Ronsard. Le début du poème « Adieux », en particulier, peut apparaître comme une récriture du fameux sonnet de Ronsard « Quand vous serez bien vieille… », extrait des Sonnets pour Hélène. Dans les deux poèmes, les poètes se mettent en scène et s'adressent à la femme aimée en se projetant dans un lointain avenir. Ils imaginent ainsi la vieillesse bien sombre de la femme et le sort qui leur sera à eux-mêmes réservé, en partie pour inciter la femme à céder à leurs avances mais aussi pour suggérer le rapport du poète au temps. Comment ces deux poèmes exploitent-ils le thème de la fuite du temps ? Nous verrons tout d'abord comment ils se projettent dans le futur. Nous étudierons ensuite le rapport de la femme à la fuite du temps. Nous observerons enfin le statut du poète et son devenir.

I. Une projection dans l'avenir

1. La fuite du temps

Apollinaire comme Ronsard se projettent dans un avenir assez éloigné. D'emblée, Apollinaire semble s'inspirer nettement de son prédécesseur car chaque poème s'ouvre par le verbe être au futur, la scène imaginée se situe « quand vous serez bien vieille » ou « lorsque […] vous ne serez plus belle ». De façon générale, les verbes au futur simple sont omniprésents dans les deux poèmes, marquant ainsi une certitude quant à l'avenir évoqué. Ces verbes sont d'ailleurs souvent à des places fortes, en début de vers. « Je serai sous la terre » et « Vous serez au foyer » affirme Ronsard, les deux hémistiches se faisant écho. De même, Apollinaire remarque qu'« il reviendra parfois […] un souvenir ». Le passage du temps apparaît d'autant plus important que dans les deux cas les poèmes semblent structurés par lui, ils débutent chacun par une proposition subordonnée circonstancielle de temps, dépendant d'une proposition introduite par le même adverbe temporel : « lors » chez Ronsard, « alors » chez Apollinaire. Les indices temporels sont en outre présents dans les deux poèmes, avec des termes comme « demain », « aujourd'hui », « soir », « printemps ». Enfin, chez Ronsard, le motif de la fuite du temps apparaît encore indirectement avec la présence de la chandelle, symbole de la fragilité de la vie humaine, alors que chez Apollinaire, plus prosaïquement, une date précise, 1901, est évoquée, ancrant ainsi le poème dans le temps de la création. Dans les deux cas, la fuite du temps débouche sur l'évocation d'une scène saisissante.

2. Une scène saisissante

Les deux poèmes sont adressés à la femme aimée, comme en témoigne l'utilisation du pronom « vous », et imaginent sa vieillesse avec une certaine précision. Ils lui attribuent même des paroles ou des pensées rapportées au discours direct ; la muse de Ronsard dira : « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle », celle d'Apollinaire songera : « C'est en dix neuf cent un qu'un poète m'aima. » Les poètes rendent ainsi avec vivacité cette scène imaginaire. Celle-ci prend chez Ronsard un caractère quasiment pictural. En effet, la posture et les actions de la femme sont évoquées en détail par des participes passés comme « assise », « accroupie » et de nombreux participes présents comme « dévidant et filant », « chantant ». Le cadre spatio-temporel comporte certaines précisions, Hélène est vue le soir, « auprès du feu ». Le contexte de la scène, « au soir, à la chandelle », rappelle en outre la technique picturale du clair-obscur. Dans l'extrait d'« Adieux », la scène présente moins de précision. Cependant, le poète dresse tout de même le portrait de la femme par le biais de groupes nominaux apposés au pronom « vous », elle sera « vieillotte » et « mère gigogne ». Tout en gardant une alternative, la femme pourrait être « grasse ou maigre », il évoque l'expression de ses « yeux méchants ». Ainsi, ces deux poèmes offrent une image très évocatrice de la fuite du temps et des effets néfastes de celui-ci sur la muse du poète.

II. Le devenir de la femme

1. La déchéance de la femme aimée

Les deux femmes des poèmes sont présentées dans une atmosphère calme, Hélène est « assise », accomplissant des actions répétitives, comme le souligne la récurrence des participes présents, alors que la muse d'Apollinaire a l'« âme quiète » et « spécule ». Cependant, leur vieillesse apparaît tout de même comme une déchéance. Leur beauté est définitivement révolue, Hélène parle au passé « du temps qu['elle] était belle » et le premier vers d'« Adieux » s'ouvre sur la négation d'une beauté donnée d'emblée comme éphémère et liée à la jeunesse, puisqu'elle n'est due qu'« au printemps ». Ronsard ne décrit pas la laideur à venir d'Hélène, mais il la réduit à son grand âge. Le terme « vieille » est répété, mais avec une progression significative, puisque dans sa deuxième occurrence il s'agit d'un adjectif substantivé associé au déterminant indéfini « une », Hélène n'est alors plus qu'« une vieille accroupie », représentée dans une attitude de faiblesse. Apollinaire en revanche accentue davantage la laideur de la vieille femme. Il emploie des termes dévalorisants pour l'évoquer, comme « méchants », « grave », comme l'adjectif substantivé « vieillotte », renforcé par un diminutif plutôt péjoratif ou encore les adjectifs « grasse ou maigre » présentés en une alternative peu réjouissante. Enfin, l'expression « mère gigogne », empruntée au théâtre et qui évoque sa nombreuse descendance, apposée elle aussi au pronom « vous » et contrastant fortement avec « infante », renforce encore ce portrait bien sombre. Les deux poètes offrent donc une image assez effrayante du sort qui attend les deux jeunes femmes, et semblent de façon générale donner une sorte de leçon sur la fuite du temps.

2.

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